Demain Le Grand Soir
NI DIEU, NI MAITRE, NI CHARLIE !

Le Site de Demain le Grand Soir est issu de l’émission hebdomadaire sur "Radio Béton", qui fut par le passé d’informations et de débats libertaires. L’émission s’étant désormais autonomisée (inféodé à un attelage populiste UCL37 (tendance beaufs-misogynes-virilistes-alcooliques)/gilets jaunes/sociaux-démocrates ) et, malgré la demande des anciens adhérent-es de l’association, a conservé et usurpé le nom DLGS. Heureusement, le site continue son chemin libertaire...

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Il renaît ce mardi 27 octobre 2014 de ses cendres.

" En devenant anarchistes, nous déclarons la guerre à tout ce flot de tromperie, de ruse, d’exploitation, de dépravation, de vice, d’inégalité en un mot - qu’elles ont déversé dans les coeurs de nous tous. Nous déclarons la guerre à leur manière d’agir, à leur manière de penser. Le gouverné, le trompé, l’exploité, et ainsi de suite, blessent avant tout nos sentiments d’égalité.
(....)Une fois que tu auras vu une iniquité et que tu l’auras comprise - une iniquité dans la vie, un mensonge dans la science, ou une souffrance imposée par un autre -, révolte-toi contre l’iniquité, contre le mensonge et l’injustice. Lutte ! La lutte c’est la vie d’autant plus intense que la lutte sera plus vive. Et alors tu auras vécu, et pour quelques heures de cette vie tu ne donneras pas des années de végétation dans la pourriture du marais. "

Piotr Kropotkine -

Congrès de la Confédération Européenne des Syndicats (C.E.S) à Séville
A la lutte de classe, les bureaucrates préfèrent le flamenco
Article mis en ligne le 24 mai 2007

par siksatnam

Une méga-bureaucratie au service du capitalisme où siège, pour la France, CGT, FO, CFDT, CFTC, CGC et UNSA... Que du beau monde...

Comme tout le monde le sait dans la CGT, le congrès de la CES va se dérouler du 21 au 24 mai à Séville. Avertis par un article du « Peuple » du 25 avril, nous avons pu avoir accès aux documents préparatoires dès le 16 mai, ce qui était largement suffisant pour étudier les 108 pages de rapport d’activité et 225 pages de document d’orientation, puis faire remonter nos observations et amendements auprès de la direction confédérale. Tout va bien, le congrès peut donc s’ouvrir.

Il n’est pas question ici de faire une étude détaillée des documents proposés par la CES. Nous verrait-on nous lancer dans une étude critique du programme de la CFDT ? D’autant, soyons honnêtes, qu’on a lu les documents un peu en diagonale - c’est vrai quoi, c’est un peu fatigant à la fin le discours sur la gestion sociale du capitalisme… Bon, s’il y a quelques masochistes que cela amuse, ils peuvent toujours aller sur les liens donnés ci-dessus pour se faire un avis plus complet.

Mais la lecture, même rapide, des divers documents révèle quelques surprises. D’abord, on s’aperçoit que l’article publié dans « Le Peuple » est strictement un résumé du document d’orientation proposé, sans aucun point de vue critique, aucune observation ou interrogation. L’article paraît ainsi complètement à la remorque des positions de la CES. Impression confortée par le survol des centaines d’amendements proposés au document d’orientation, par les diverses centrales syndicales européennes. Alors que certaines ont pris la tâche à cœur (par exemple la CGTP du Portugal, ou même FO en France), la CGT n’a proposé absolument aucun amendement en son nom propre. Aucun, zéro, rien, nada. Uniquement des amendements communs avec la CFDT, l’UNSA, la CFTC et parfois FO. Nous, on se souvient bien comment l’adhésion à la CES nous a été vendue dans la CGT : il vaut mieux être dedans que dehors pour pouvoir peser de l’intérieur sur les orientations, être efficace etc. Ca ne vous rappelle rien ? Bon, on aurait donc pu s’attendre à une intervention un peu musclée, des amendements consistants sur les restructurations, sur la flexisécurité, sur la constitution européenne. On le répète, rien du tout. Le point de vue de la CGT est absent. Voilà qui remet les pendules à l’heure pour les naïfs. La vérité vraie, c’est que la direction confédérale de la CGT a forcé l’adhésion à la CES parce que sur le fond elle en partage l’orientation, qui est celle de l’adaptation de l’action syndicale aux exigences modernes de la guerre économique et de la compétitivité du marché capitaliste. C’est d’ailleurs ce qu’on a vu lors du 48ème Congrès confédéral. [MàJ 18h00] Découverte du communiqué sur le site de la CGT : " La délégation Cgt conduite par Bernard THIBAULT, Secrétaire Général et composée de 9 camarades de la Commission Exécutive et de l’espace Europe/International agira pour promouvoir cette orientation." Il faut rire ou pas ? Quelle orientation ?

La flexisécurité

Revenons sur les amendements communs proposés avec les autres syndicats français. Ils portent essentiellement sur la flexisécurité. Là encore, on se dit (on a beau faire, on est toujours naïfs…) que la CGT a des positions nettes contre ce concept capitaliste, qu’elle y oppose la sécurité sociale professionnelle, que cela n’a rien à voir avec les positions de la CFDT ou autres discours politiques, que c’est bien plus radical et bla, et bla et bla. Bon, enfin, là je vous vends la salade interne, parce que franchement la Sécurité Sociale Professionnelle ce n’est pas notre tasse de thé, voir le lien ci-dessus. Or la dizaine d’amendements rédigés en commun entérinent la flexisécurité, en précisant un peu l’idée. FO propose la suppression du terme, pas la CGT… On peut ainsi lire un certain nombre d’horreurs :

* Amendement B 106 : « La première des priorités de la CES est de définir des objectifs syndicaux à mettre en avant dans les discussions et les négociations. Ces objectifs visent à améliorer les garanties individuelles et collectives des salariés, à améliorer le marché de l’emploi, à maîtriser les besoins de souplesse et de réactivité. Ces objectifs s’inscrivent dans une dynamique des systèmes productifs et de la société toute entière » Et vive la dynamique de l’exploitation capitaliste… * Amendement B 119 sur la flexibilité qui commence par regretter qu’elle soit trop faible : «  De promouvoir une meilleure organisation du travail permettant d’établir un équilibre entre vie professionnelle, vie sociale et vie personnelle et offrant des possibilités de formation tout au long de la vie, destinées à stimuler les compétences des travailleur/euses et à favoriser leur développement personnel et professionnel, leur implication en l’améliorant. » Le merveilleux équilibre du capitalisme… * Paragraphe 2-62 alinea 4, il est écrit : « Maintenir une approche élargie pour équilibrer la flexibilité et la sécurité : il n’y a pas un modèle unique de flexibilité en Europe. Différentes approches basées sur les pratiques nationales doivent être respectées et prises en considération » Trash. Amendements de la CGTP, de FO, de la FGTB et de la CSC, tous rejetés. Silence radio de la CGT…

La CGT entérine donc de fait la flexisécurité et se déculotte véritablement, même pas capable de défendre ses propres positions, pourtant critiquables par ailleurs…

Les silences accablants…

Continuons. Désolé pour cette liste évidemment incomplète du fait d’une lecture trop rapide, mais déjà trop pénible…

* § 3-31 : « L’Europe sociale a besoin d’entreprises européennes bien gouvernées servant non seulement les actionnaires et les marchés mais aussi les communautés, la société en général et les parties intéressées. Elles doivent être structurées d’une marnière qui équilibre la compétitivité économique avec les intérêts sociaux et les exigences écologiques ». Trop fort. Pas d’amendements. * § 4-1 et paragraphes suivants : défense inconditionnelle de la stratégie de Lisbonne. Tiens, au fait, qui sait ce qu’est la stratégie de Lisbonne dans la CGT ? Heureusement, la CES nous le rappelle dans son introduction au rapport d’activité : «  Nous avons prôné la mise en œuvre de la stratégie de Lisbonne destinée à faire de l’économie européenne l’économie la plus compétitive dans le monde d’ici 2010. Il est très décevant que les États membres n’aient pas appliqué cette stratégie avec plus d’énergie ». Autrement dit, non seulement on rentre dans le jeu de la concurrence, de la guerre économique, mais à ce jeu, il faut être les meilleurs, et on n’est pas encore assez bons ! Et tant pis pour nos petits copains nord ou sud américains, africains ou asiatiques, ils peuvent crever la bouche ouverte. Pour notre syndicat (la CGT) qui affirme s’opposer à la concurrence entre travailleurs, il y a là quelque part un problème… Pourtant, pas un mot, pas un amendement, même pas une sorte de nuance. Rien. * § 4-5 : « L’Europe a besoin de baser sa stratégie de compétitivité sur une forte productivité, un haut niveau de qualification, la participation des travailleur/euses, l’investissement dans les nouvelles technologies, la recherche et le développement, et dans l’utilisation rationnelle des ressources. » Que voilà de bons conseils pour nos patrons, qui sont évidemment bien trop cons pour ne pas s’en être rendu compte plus tôt… Non pas qu’il faille défendre nos patrons ! Mais il faut arrêter de les prendre pour des gogols ou des incapables, ce sont les serviteurs des entreprises capitalistes et dans leur job, ils doivent être les meilleurs, ce qu’ils sont en général (les "meilleurs" exploiteurs, donc !) avec les exceptions d’usage. * Et enfin toute la partie §5 qui traite de la Constitution Européenne. Là, la CES ne fait pas dans la dentelle, rappelle qu’elle était à fond pour, « le Traité le plus social et le plus progressiste que l’Union ait connu », qu’elle a soutenu fermement sa ratification, qu’elle a fait campagne pour, qu’il faut regretter le non français et néerlandais etc. La totale. Nombreux amendements de FO, tous rejetés. Ah, oui, la CGT ? Non, non, rien, ça baigne, aucun souci…

On arrête là. Le problème n’est pas ce qu’est la CES, on le sait bien. Le problème, c’est ce qu’y fait la CGT. Au lieu de multiplier les contacts internationaux avec les secteurs en lutte, avec les syndicats combatifs (et il y en a), la CGT se perd dans le syndicalisme d’experts au niveau européen. Ce n’est en tous les cas pas dans ce sens qu’il faut aller !

Les seuls mots d’ordre pour les syndicalistes de classe : Les prolétaires n’ont pas de patrie, la classe ouvrière est internationale ! Solidarité avec les travailleurs en lutte ! Retrait de la CGT de la CES et de la CSI !

[Mise à jour Samedi 19 Mai] Nous avons trouvé sur le forum des cheminots de Paris Saint-Lazare, un complément d’analyse que nous reproduisons ci-dessous, dans la mesure où il va exactement dans le même sens, tout en donnant un certain nombre d’éléments supplémentaires intéressants

A SEVILLE ... POUR REFORMER !

Voici les documents de travail de la CES paru à 5 jours du congrès et sans surprise, le réformisme et l’acceptation du capitalisme de l’appareil de la confédération passe un cap supplémentaire à chaque échéance.

Les recettes utilisées pour l’adhésion à la Confédération Syndicale Internationale (CSI) en novembre dernier sont les mêmes. Peut-on vraiment s’en étonner ? Faut-il faire les candides alors que nous avons conscience du dessin néfaste vers lesquel veut nous emmener cette direction ? Absolument pas. On connaît depuis des lustres le refrain du syndiqué "acteur-décideur" et de la démocratie syndicale qui trônent à chaque paragraphes des écrits confédéraux et fédéraux réformistes.

A la lecture du document "Stratégie et plan d’action" version provisoire (mais sûrement presque définitive), on constate, comme l’on fait les camarades du blog Où va la CGT ? dans leur article du 18 mai, la totale absence d’amendement à titre individuelle de la CGT. Le bureau confédéral n’aurait-il pas obtenu le temps nécessaire pour pouvoir travailler individuellement ses amendements ? La CGT n’aurait-elle rien à dire sur les PPP (Partenariats Publics/Privés) qui détruisent les entreprises publiques ? La CGT n’aurait-elle rien à dire sur la position de la CES qui déclare soutenir le traité constitutionnel et se voir accepter l’idée d’un mini-traité comme le préconise le nouveau Président de la République, Nicolas Sarkozy ? Ne serait-ce pas une violation de la décision démocratique et majoritaire prise par les syndiqués de la CGT en 2005 ? La CGT n’aurait-elle rien à dire sur l’article 1.17 qui propose des syndicats proactifs afin de gérer les conséquences sociales des restructurations avec le patronat ? Apparemment, non.

Par contre, on voit certains amendements rédigés "à la collégiale" avec les autres confédérations françaises présentent à la CES. Serait-ce le syndrome du syndicalisme rassemblé ?

A titre d’exemple, les amendements B.97 et B.143 réalisés en commun par la CGT, CFDT, CFTC, et l’UNSA : "Un meilleur droit européen du travail pour le marché européen du travail. Pour une sécurisation des mobilités et des parcours professionnels des salariés en Europe" "De renforcer le dialogue social et les négociations collectives afin de donner aux travailleur/euses une place prépondérante dans le processus de réforme du marché de l’emploi. Pour bien négocier, il est essentiel de pouvoir compter sur la pleine participation des salariés dans tous les pays."

Et revoilà la SSP (Sécurité Sociale Professionnelle) et le STS (Statut du Travail Salarié). Et revoilà le dialogue social et le constat partagé. Et revoilà encore la cogestion du capital et l’association capital-travail ! Bref de l’anti lutte de classes, de l’acceptation du capitalisme à l’état brut.

Nous allons éviter de prolonger le calvaire. Le contenu des documents ne fait que confirmer les choses suivantes :

* Que la CES n’est pas un organisation syndicale, mais un relai des instances capitalistes et libérales de l’Union Européenne. Preuve en est la présence des orateurs Barroso, Zapatero, Seillère, Trichet, etc.. * L’appareil confédéral aujourd’hui va très très loin dans l’acceptation du capitalisme et qu’il est prêt à aller encore plus loin dans les prochaines années. Qu’il utilise des méthodes anti-démocratiques en excluant de toute discussion plus de 99% des syndiqués de la CGT, afin d’éviter toute déconvenue du type 2005 sur le référendum européen. * Qu’il faille sortir la CGT de la CES (et également de la CSI).

Collectif Où va la CGT ?