Demain Le Grand Soir
NI DIEU, NI MAITRE, NI CHARLIE !

Le Site de Demain le Grand Soir est issu de l’émission hebdomadaire sur "Radio Béton", qui fut par le passé d’informations et de débats libertaires. L’émission s’étant désormais autonomisée (inféodé à un attelage populiste UCL37 (tendance beaufs-misogynes-virilistes-alcooliques)/gilets jaunes/sociaux-démocrates ) et, malgré la demande des anciens adhérent-es de l’association, a conservé et usurpé le nom DLGS. Heureusement, le site continue son chemin libertaire...

Le site a été attaqué et détruit par des pirates les 29 et 30 septembre 2014 au lendemain de la publication de l’avis de dissolution du groupe fasciste "Vox Populi".

Il renaît ce mardi 27 octobre 2014 de ses cendres.

" En devenant anarchistes, nous déclarons la guerre à tout ce flot de tromperie, de ruse, d’exploitation, de dépravation, de vice, d’inégalité en un mot - qu’elles ont déversé dans les coeurs de nous tous. Nous déclarons la guerre à leur manière d’agir, à leur manière de penser. Le gouverné, le trompé, l’exploité, et ainsi de suite, blessent avant tout nos sentiments d’égalité.
(....)Une fois que tu auras vu une iniquité et que tu l’auras comprise - une iniquité dans la vie, un mensonge dans la science, ou une souffrance imposée par un autre -, révolte-toi contre l’iniquité, contre le mensonge et l’injustice. Lutte ! La lutte c’est la vie d’autant plus intense que la lutte sera plus vive. Et alors tu auras vécu, et pour quelques heures de cette vie tu ne donneras pas des années de végétation dans la pourriture du marais. "

Piotr Kropotkine -

Pourquoi Force ouvrière est le syndicat préféré du Front national
Article mis en ligne le 5 mai 2015

par siksatnam

Lundi 27 avril, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a accusé, sur France Inter, son homologue de Force ouvrière d’être “complice” du Front national. Traditionnellement éclectique et indépendant face aux partis politiques, FO séduit électeurs et cadres du FN.

“Contrairement aux autres syndicats, chez Force ouvrière, ils sont ouverts et respectueux“, lâche Florian Philippot. Le numéro 2 du Front national l’assure : la troisième organisation syndicale française serait “moins sectaire” que ses homologues vis-à-vis de son parti.

“Depuis 2012, il s’est passé quelque chose”

Selon un sondage Ipsos publié après les élections européennes de 2014, un tiers des sympathisants de FO ont voté Front national lors de ce scrutin. Soit presque 10 points de plus que pour les autres centrales syndicales. L’enquête, critiquée pour l’imprécision du terme “sympathisant syndical”, dresse pourtant un constat clair : le parti de Marine Le Pen a la cote chez les membres de FO. “Parmi mes collègues syndiqués, un tiers d’entre eux votent FN. Depuis 2012, il s’est passé quelque chose”, note Walter Broccoli, ancien responsable FO d’Arcelor-Mittal à Florange.

Après avoir résisté un temps, les syndicats ne sont plus épargnés par le vote frontiste. Pour cause, Marine Le Pen enregistre ses meilleurs scores auprès des ouvriers et des salariés, ceux-là même que les syndicats fédèrent. “Les directions parisiennes des syndicats sont un peu paumées”, assure le politologue Pascal Perrineau. “Elles ont cherché à se boucher le nez pendant des années, à se convaincre que la montée de l’extrême droite n’était qu’une poussée de fièvre passagère…” Aujourd’hui, les centrales syndicales cherchent la réponse adaptée.


“La préférence nationale n’est pas compatible avec le syndicalisme”

A la CGT et à la CFDT, la ligne est ouvertement anti-FN. En mars 2011, les deux centrales, ainsi que la FSU, SOLIDAIRES et l’Unsa, ont publié une déclaration solennelle dans laquelle elles assurent que “la préférence nationale n’est pas compatible avec le syndicalisme”. Une clarification rendue nécessaire par l’affaire Fabien Engelmann, l’actuel maire d’Hayange (Moselle). L’ancien responsable cégétiste s’était porté candidat FN aux élections cantonales en 2011. Un coming-out frontiste qui n’est pas passé : il a été suspendu au bout de quelques jours. Depuis, tout syndiqué qui se déclare officiellement pour le FN est automatiquement mis à la porte.

A Force ouvrière, en revanche, pas question de se positionner clairement contre le Front national. Si l’appartenance au parti d’extrême droite n’est pas stricto sensu un motif d’exclusion, il est hors de question qu’un adhérent utilise son étiquette syndicale à des fins politiques, qu’il soit candidat ou simple militant. “Nos statuts sont clairs : on ne doit pas mélanger politique et syndicalisme, quel que soit le parti”, rappelle Michelle Biaggi, secrétaire confédérale FO, qui se réfère aux principes de la Charte d’Amiens. Mais contrairement à la CGT, elle refuse de parler de sanctions.

Des militants FN pas toujours faciles à gérer pour la hiérarchie syndicale

Face à l’essor du vote frontiste, deux difficultés perturbent la centrale parisienne. D’un côté, la structure est extrêmement décentralisée, laissant une marge de manœuvre importante aux sections locales. De l’autre, “les directions syndicales sont complètement coupées de la base” explique Pascal Perrineau. Dans le grand bâtiment de l’avenue du Maine, à Paris, les couloirs sont froids. Les salariés présents ressemblent davantage à de jeunes CSP+ qu’à des syndicalistes en prise avec le terrain.

En 2014, la presse révèle que Marie Da Silva, numéro 2 de la liste FN pour la mairie d’Hayange, est aussi militante FO. Malaise à la centrale. La fédération nationale n’était pas au courant et pour cause. “Je ne me suis jamais servie de mon syndicat pour défendre mes opinions politiques”, explique Marie Da Silva, qui avait créé une section FO au journal Le Républicain Lorrain où elle est assistante de rédaction . La nouvelle élue a pu garder son mandat de déléguée syndicale mais a perdu son statut de secrétaire de section. “Impossible de lui retirer son mandat, elle a respecté les termes des statuts. Elle ne s’est jamais prévalue de son appartenance syndicale durant la campagne”, explique le responsable FO de Moselle, Alexandre Tott.

Annie Lemahieu, trente ans de FO derrière elle, évoque l’hypocrisie de la direction : “Ils se disent indépendants, mais appliquent les statuts dès lors que c’est politiquement correct. Si vous êtes le FN, c’est le diable.” L’ancienne syndicaliste a été remerciée par sa hiérarchie après sa candidature aux cantonales de 2011 sous les couleurs du FN. Et pourtant, Annie Lemahieu n’avait jamais été inquiétée lorsque son nom figurait sur une liste PS aux municipales de 2008.

Force ouvrière, un syndicat “arc-en-ciel”

Le positionnement du premier syndicat de la fonction publique résulte de son histoire. “La plus grande différence entre la CGT et FO, c’est que dans le second il y a toujours eu des militants d’extrême droite qui influençaient la ligne du syndicat”, explique le spécialiste du FN Joël Gombin.

Car Force ouvrière, c’est avant tout un “syndicat arc-en-ciel” comme aime le rappeler le chercheur et spécialiste du syndicalisme Dominique Andolfatto. Issu d’une scission avec la CGT en 1947, il rassemble vite tout ceux qui s’opposent aux communistes : des militants d’extrême droite, des socialistes, des trotskistes mais aussi des anarcho-syndicalistes. C’est grâce à ces derniers que naît la volonté farouche de cultiver l’indépendance face aux partis. “Le message fondateur de FO, c’est ‘nous faisons du syndicalisme, pas de la politique’. Du syndicalisme point à la ligne”, décrypte Pascal Perrineau. Ce positionnement fait grincer les dents de René Monzati, membre du syndicat anti-FN Visa (Vigilances initiatives syndicat antifascistes) : “C’est une réponse insuffisante face au FN. Ils n’inculquent aucune éducation politique pour immuniser leurs syndiqués contre le péril d’extrême droite”.

Du syndicat made in FN à la séduction secteur par secteur

Une posture qui séduit le Front national, d’habitude très prompt à critiquer des syndicats qu’il juge trop politisés. Lors des élections professionnelles dans l’Education nationale en décembre 2014, le collectif Racine – satellite du Rassemblement Bleu Marine en matière d’éducation – a officiellement soutenu Force ouvrière. Et qu’importe qu’ils soient “embarrassés par notre soutien”, comme le concède Alain Avello, porte-parole de Racine.

En matière de syndicalisme, la stratégie du parti d’extrême droite n’a pas toujours été uniforme. Sous l’impulsion de Bruno Mégret, dans les années 90, la tentative de création de syndicats made in FN a été invalidée par la justice. Quant au projet de Cercle national des travailleurs syndiqués (CNTS), annoncé en 2011 et censé fédérer les membres du FN engagés dans la lutte syndicale, c’est une coquille vide. Deux échecs qui font dire à Florian Philippot : “Nous ne sommes plus du tout sur cette logique. A présent, nous voulons regrouper des cadres du parti sur un thème précis, par secteur”. Une nouvelle stratégie qui répond à une double influence, analyse Joël Gombin : “La volonté d’imiter le parti communiste à travers sa pénétration dans la société, et l’héritage corporatiste de Vichy”.

Ce positionnement n’empêche pas les cadres du parti de se réjouir à chaque fois qu’un syndiqué rejoint leur camp. “N’oubliez pas leur première règle : tout ce qui fait parler d’eux est bon pour le parti”, rappelle Joël Gombin. La veille du 1er mai, le trésorier du FN Wallerand de Saint-Just a annoncé la création du “cercle Front Syndical” afin notamment “d’assurer la défense des militants et candidats par ailleurs membres d’un syndicat“. Pour Joël Gombin, cette médiatisation des “transfuges” passés du mandat syndical au mandat bleu marine ferait le jeu de la communication frontiste. “Le FN ne cherche qu’une chose, c’est à brouiller son identité politique. Recruter des syndicalistes, c’est ancrer l’idée qu’ils dépassent les clivages et sont autant à gauche qu’à droite”.