Demain Le Grand Soir
NI DIEU, NI MAITRE, NI CHARLIE !

Le Site de Demain le Grand Soir est issu de l’émission hebdomadaire sur "Radio Béton", qui fut par le passé d’informations et de débats libertaires. L’émission s’étant désormais autonomisée (inféodé à un attelage populiste UCL37 (tendance beaufs-misogynes-virilistes-alcooliques)/gilets jaunes/sociaux-démocrates ) et, malgré la demande des anciens adhérent-es de l’association, a conservé et usurpé le nom DLGS. Heureusement, le site continue son chemin libertaire...

Le site a été attaqué et détruit par des pirates les 29 et 30 septembre 2014 au lendemain de la publication de l’avis de dissolution du groupe fasciste "Vox Populi".

Il renaît ce mardi 27 octobre 2014 de ses cendres.

" En devenant anarchistes, nous déclarons la guerre à tout ce flot de tromperie, de ruse, d’exploitation, de dépravation, de vice, d’inégalité en un mot - qu’elles ont déversé dans les coeurs de nous tous. Nous déclarons la guerre à leur manière d’agir, à leur manière de penser. Le gouverné, le trompé, l’exploité, et ainsi de suite, blessent avant tout nos sentiments d’égalité.
(....)Une fois que tu auras vu une iniquité et que tu l’auras comprise - une iniquité dans la vie, un mensonge dans la science, ou une souffrance imposée par un autre -, révolte-toi contre l’iniquité, contre le mensonge et l’injustice. Lutte ! La lutte c’est la vie d’autant plus intense que la lutte sera plus vive. Et alors tu auras vécu, et pour quelques heures de cette vie tu ne donneras pas des années de végétation dans la pourriture du marais. "

Piotr Kropotkine -

Que nous restera-t-il de Barre ?
Article mis en ligne le 28 août 2007
dernière modification le 29 août 2007

par siksatnam

Barre se barre à 83 ans, ce 25 août 2007.
Il fut maire éphémère de Lyon.
Témoignage de Lyonnais ci dessous.

Pour ma part, j’ai, malheureusement, commencé à bosser dans les années 80, par l’intermédiaire d’un stage.. Barre... Une arnaque qui allait être suivie de bien d’autres encore imposées par les différents gouvernements qui allaient suivre. Barre n’a toujours été qu’un gros bourgeois repu sûr d’un savoir très relatif. Une caricature en sorte... Telles que les encense le système...

Comment peut-on honorer quelqu’un qui trouvait que le repris de justice Bruno Gollnisch « est un homme bien » et que le collabo Papon « était un grand commis de l’État » ? Barre avait d’ailleurs appelé Maurice Papon comme ministre dans son gouvernement de 1978 à 1981, le même Papon qui n’avait pas hésité, pendant la guerre, à envoyer des centaines de personnes, y compris des enfants, à la mort et dans les camps de concentration et à faire tuer à Paris, en 1961, comme préfet de police, des centaines d’Algériens... Mais est-ce si étonnant pour un homme décidément raciste puisqu’il avait aussi osé définir l’attentat en 1980 contre la synagogue de la rue Copernic comme « un attentat odieux qui voulait frapper les juifs […] et qui a frappé des Français innocents », et qui s’était élevé contre « la campagne faite (alors) par le lobby juif le plus lié à la gauche » ?

Autrement, en tant que premier ministre de Giscard, Barre c’est l’économiste qui préconise un volant important de chômeurs pour permettre l’enrichissement des patrons. Dès 1978, c’est le premier qui ne se gêne pas pour lancer des salaires précaires, avec les stages Barre, chose que l’on n’avait pas vue officiellement depuis la libération. C’est tout le contraire, déjà, du programme de la Résistance. Ce coup de barre, on voit où ça nous a mené...

Barre nous méprisait profondément
C’est le seul maire de Lyon qu’il était impossible de rencontrer personnellement dans son bureau, il mettait toujours une barre entre lui et nous, et nous faisait recevoir par un sous-fifre. Député des Brotteaux, le 6ème arrondissement de Lyon, il habitait Paris.

À Lyon, c’est Barre qui a fait couper des arbres multi-centenaires du Parc de la Tête d’Or rien que pour un soi-disant jogging de Clinton lors du G7 de juin 1996. C’est lui qui, à l’occasion de cette réunion du G7, a fait détruire en urgence l’ancien palais des congrès, qui gênait la vue d’Interpol, alors qu’il avait bien meilleure allure que ce qui a été construit sur les anciens bâtiments de la foire, ce qu’on appelle depuis le quai des enfoirés. [1] Le seul intérêt de ce G7, cette réunion honteuse d’arrangements des gouvernements les plus riches, est d’avoir permis à Lyon d’inaugurer la première médiatisation des contre-sommets pour faire connaître les autres voix de la planète et prendre des initiatives de résistance, avant que naissent par exemple des forums sociaux mondiaux, ou l’Action Mondiale des Peuples... Evidemment ça, on ne le doit pas vraiment à Raymond Barre.

À part ça, le transfert à Lyon de Normale Sup et du Conservatoire, mais la décision a été prise quand Barre était premier ministre de Giscard, avant mai 1981. Pour le reste, tout ce qu’il a impulsé a foiré comme le projet de banque européenne sur le bord de la Saône, l’implantation de la délégation à la condition féminine avec Nicole Pasquier qui a fait flop très vite, tout comme la fondation de la photographie. Pour ce qui est de la remise en circulation du tram à Lyon (parce qu’avant la guerre il y avait 42 lignes de tram en service sur l’agglomération) on le doit beaucoup plus à la ténacité de Lucien Durand qu’à Raymond Barre qui n’en a fait que l’inauguration. C’est Lucien Durand, conseiller général et adjoint du 9ème arrondissement qui a réussi à imposer à Lyon l’idée du tram, beaucoup moins cher que des prolongations du métro, ainsi que des couloirs propres pour les bus. Et la nomination par l’UNESCO en 1998 d’une grande partie de Lyon au patrimoine mondial de l’humanité, on le doit énormément à Régis Neyret, le fondateur de la Renaissance du Vieux-Lyon et non à Raymond Barre.

D’ailleurs, ce poste de maire de lyon ne le passionnait pas vraiment : n’a-t-il pas dit que cela ne l’intéressait pas de s’occuper de « grèves d’égoutiers » ? Chirac l’a envoyé se parachuter comme maire de Lyon, car il ne voulait pas que Barre se représente en 1995 contre lui aux présidentielles. C’était à prendre ou à laisser, un des arrangements à la bonne franquette entre nos gouvernants. Et Barre a été élu parce que Noir était très mal en point. Noir et Carignon ont été lâchés par le RPR qui les a enfoncés : ils avaient les dents longues et convoitaient la présidence ; ils avaient parlé de moraliser la vie politique, tout en magouillant, mais ils se sont trouvés devant des requins qui avaient les dents encore plus longues et qui avaient pris les devants comme Chirac, puis Sarkozy. Barre en a profité, mais lui aussi en a toujours voulu à Chirac. D’ailleurs, pour faire la nique à Chirac, il ne s’est pas représenté en 2001 et il a laissé son fauteuil de maire de Lyon au PS, à son chouchou Gérard Collomb, qui lui voue une gratitude filiale incommensurable.

Nous sommes bien mal barrés...

[1] Et oui, aussi en souvenir de Coluche, mort en juin 1986, c’est-à-dire juste dix ans avant ce sommet ignoble des 7 gouvernements les plus riches. Le nom officiel c’est "Cité internationale".