Demain Le Grand Soir
NI DIEU, NI MAITRE, NI CHARLIE !

Le Site de Demain le Grand Soir est issu de l’émission hebdomadaire sur "Radio Béton", qui fut par le passé d’informations et de débats libertaires. L’émission s’étant désormais autonomisée (inféodé à un attelage populiste UCL37 (tendance beaufs-misogynes-virilistes-alcooliques)/gilets jaunes/sociaux-démocrates ) et, malgré la demande des anciens adhérent-es de l’association, a conservé et usurpé le nom DLGS. Heureusement, le site continue son chemin libertaire...

Le site a été attaqué et détruit par des pirates les 29 et 30 septembre 2014 au lendemain de la publication de l’avis de dissolution du groupe fasciste "Vox Populi".

Il renaît ce mardi 27 octobre 2014 de ses cendres.

" En devenant anarchistes, nous déclarons la guerre à tout ce flot de tromperie, de ruse, d’exploitation, de dépravation, de vice, d’inégalité en un mot - qu’elles ont déversé dans les coeurs de nous tous. Nous déclarons la guerre à leur manière d’agir, à leur manière de penser. Le gouverné, le trompé, l’exploité, et ainsi de suite, blessent avant tout nos sentiments d’égalité.
(....)Une fois que tu auras vu une iniquité et que tu l’auras comprise - une iniquité dans la vie, un mensonge dans la science, ou une souffrance imposée par un autre -, révolte-toi contre l’iniquité, contre le mensonge et l’injustice. Lutte ! La lutte c’est la vie d’autant plus intense que la lutte sera plus vive. Et alors tu auras vécu, et pour quelques heures de cette vie tu ne donneras pas des années de végétation dans la pourriture du marais. "

Piotr Kropotkine -

Lexique pour temps de grèves et de manifestations
Yves Rebours et Henri Maler
Article mis en ligne le 11 novembre 2007

par siksatnam

La langue automatique du journalisme officiel est une langue de bois officielle.

- « Réforme » : Quand une réforme proposée est imposée, cela s’appelle
« LA réforme ». Et s’opposer à cette réforme devient : le « refus de
la réforme ».

- « Réformistes » : Désigne ou qualifie les personnes ou les syndicats
qui soutiennent ouvertement les réformes gouvernementales ou se
bornent à proposer de les aménager. Les partisans d’autres réformes
constituent un « front du refus ».

- Modernisation : synonyme de "réforme" ou de l’effet attendu de "LA
réforme". "LA Modernisation" est, par principe, aussi excellente que
"LA réforme"...puisque, comme l’avait fort bien compris, M. de La
Palisse, fondateur du journalisme moderne, la modernisation permet
d’être moderne. Et pour être moderne, il sufit de moderniser. Le
modernisme s’oppose à l’archaïsme. Seuls des esprits archaïques
peuvent s’opposer à la modernisation. Et seuls des esprits tout à la
fois archaïques, réactionnaires et séditieux peuvent avoir l’audace et
le mauvais goût de proposer de subordonner "LA modernisation" au
progrès social. D’ailleurs, "LA modernisation" est indifférente à la
justice sociale, que la modernité a remplacée par l’« équité ». Voir
ce mot. (avec Nadine Le Duff)

 « Equité » : Désigne le souci (on parle de « souci d’équité »... qui
permet de réduire des avantages (relatifs) de certains salariés au
lieu de les faire partager à tous. Ce terme est sans emploi s’agissant
des prétendues « élites », exemptées de quelque concession par leur
naturel « souci d’équité ».

- « Privilèges » : Désigne les avantages (relatifs) dont disposent
certains salariés par comparaison à d’autres, mais non les avantages
exorbitants dont disposent les tenanciers de tous les pouvoirs au
détriment de ceux sur lesquels ces pouvoirs s’exercent. Les tenanciers
des médias, par exemple, disposent de quelques avantages qu’ils
doivent à leur seul mérite, tandis que les infirmières, les cheminots
ou les enseignants, sont des privilégiés.

- « Inégalités » : Ne désigne que les rapports entre les salariés du
public et les salariés du privé. Tous les autres rapports sont « 
conformes à l’équité ».

- « Concernés » : Se dit des secteurs ou des personnes qui sont
immédiatement visés par « LA réforme ». Sinon, dire : « les cheminots
ne sont pas concernés par la réforme des retraites » ou « les
enseignants ne sont pas concernés par la décentralisation ». Vous
pouvez pousser le souci de la rigueur jusqu’à affirmer que « les
cheminots ne sont pas directement concernés ». Dans les deux cas, vous
pouvez même ajouter qu’ils « se sentent menacés ». D’où l’on peut
déduire ceci : se sentir menacé, ce n’est pas être menacé, et en tout
cas être ou se sentir menacé, ce n’est pas être concerné.

- « Malaise » : Se dit du « trouble », plus ou moins profond, qui peut
aller jusqu’au « mal-être », vécu ou ressenti par une profession. Au
printemps 2003, le « malaise » affecte particulièrement les
enseignants. Le « malaise » peut se traduire par des « revendications
 » qui sont alors que des « symptômes ». Le « malaise » et ses « 
symptômes », diagnostiqués par les éditorialistes et les experts,
réclament un « traitement » approprié.

- « Grogne » : Un des symptômes les plus graves du « malaise », un
signe de l’animalité privée de mots des « grognons » [1]. Les grèves
et les manifestations se traduisent par « un mouvement de grogne »
(entendu sur LCI).

- « Troupes » : Mode d’existence collective des grévistes et des
manifestants, quand ils répondent (ou se dérobent) aux appels et aux
consignes des syndicats. Parler de « troupes de manifestants », de « 
troupes syndicales », de syndicats qui mobilisent leurs « troupes »
(ou qui « ne contrôlent pas leurs « troupes » »).

- Troubles sociaux  : se dit des effets de la mobilisation des « 
troupes ». Un journaliste rigoureux se garde généralement de les
désigner comme des « soubresauts », ainsi que le fait au cours du
journal télévisé de 20 h sur TF1 le mercredi 28 mai dernier, le bon
M.Raffarin.

- « Pagaille » : Se dit des encombrements un jour de grève des
transports. Par opposition, sans doute, à l’harmonie qui règne en
l’absence de grèves.

  « Galère » : se disait (et peut se dire encore...) des conditions
d’existence des salariés privés d’emploi et des jeunes privés
d’avenir, vivotant avec des revenus misérables, de boulots précaires
en stages de réinsertion, assignés à résidence dans des quartiers
désertés par les services public, sans loisirs, et subissant des temps
de transports en commun démesurés. Mais tout cela était (et restera
sans doute...) invisible à la télévision et sans responsables
facilement identifiables. En somme, tout ça ne constitue pas, pour les
médias, une information bien "sexy". En revanche, « Galère » se dit
désormais des difficultés de transports les jours de grève : on peut
aisément les mettre en images (cf. les contre-plongées dans la gare de
Lyon) et les imputer à un coupable désigné, le gréviste. C’est une
information décisive, dont les télévisions ne se lassent pas. (avec
Nicolas Kaciaf)

- « Noir » : Qualifie un mardi de grève. On parlera alors de « mardi
noir ». Peut également se dire des autres jours de la semaine. « Rouge
 » est la couleur réservée aux embouteillages des week-end, des départs
ou des retours de vacances.

- « Surenchère » : Se dit, particulièrement au Figaro, de tout refus
des mesures imposées par le gouvernement, dont l’attitude au contraire
se caractérise par la « fermeté ».

- « Durcissement » : Se dit de la résistance des grévistes et des
manifestants quand elle répond à la « fermeté » du gouvernement, une « 
fermeté » qui n’est pas exempte, parfois d’ « ouverture ».

- « Ouverture » : Se dit des opérations de communication du
gouvernement. L’ « ouverture » se traduit par des « signes ». Les « 
signes d’ouverture » traduisent une « volonté d’apaisement ». Ne pas
confondre avec cette autre ouverture : « l’ouverture de négociations
 », qui pourrait manifester un dommageable « recul ».

- « Apaisement » : Se dit de la volonté que l’on prête au
gouvernement. Par opposition au « durcissement » de la mobilisation.
Voir « ouverture ».

- « Concertation » : Se dit des réunions convoquées par un ministre
pour exposer aux organisations syndicales ce qu’il va faire et pour
écouter leurs doléances, de préférence sans en tenir aucun compte.
Selon les besoins, la « concertation » sera présentée comme un
équivalent de la « négociation » ou comme son substitut. Le
gouvernement est toujours « ouvert » à la « concertation ». Voir « 
ouverture ».

- « Négociations » : Selon les besoins, tantôt synonyme, tantôt
antonyme de « concertation ». On est prié de ne pas indiquer que, à la
différence de la « concertation », la « négociation » est généralement
terminée avant d’avoir commencé. Inutile aussi de souligner ce miracle
 : au printemps 2003, dix heures de « négociation » ont suffi au
gouvernement pour ne céder que sur les quelques points qu’il avait
déjà prévu de concéder.

- « Dialogue social » : Se dit des rencontres où un ministre parle aux
syndicats, par opposition au « conflit social », comme si le « 
dialogue » n’était pas généralement de pure forme : destiné à
dissimuler ou à désamorcer le « conflit ».

 « Pédagogie »
 : Devoir qui, pour les journalistes communicants,
s’impose au gouvernement (plus encore qu’aux enseignants...). Ainsi,
le gouvernement fait preuve (ou doit faire preuve...) de « pédagogie
 ». Tant il est vrai qu’il s’adresse, comme nos grands éditorialistes,
à un peuple d’enfants qu’il faut instruire patiemment.

  « Essoufflement » : Se dit de la mobilisation quand on souhaite
qu’elle ressemble à ce que l’on en dit.

  « Ultras » : Désigne, notamment au Figaro, les grévistes et les
manifestants qui ne se conforment pas au diagnostic d’ « essoufflement
 ». Vaguement synonyme d’ « extrême gauche », lui-même synonyme de...
au choix !. Autre synonyme : Jusqu’auboutistes.

- « Usagers » : Se dit de l’adversaire potentiel des grévistes. Peut
également se nommer « élèves qui préparent le bac » et « parents
d’élèves inquiets ».

- « Otages » : Synonyme d’ « usagers ». Terme particulièrement
approprié pour attribuer les désagréments qu’ils subissent non à
l’intransigeance du gouvernement, mais à l’obstination des grévistes.
« Victimes » des grèves, les « otages » sont d’excellents « clients »
pour les micro-trottoirs : tout reportage doit les présenter comme
excédés ou résignés et, occasionnellement, solidaires.

- « Opinion publique » : S’exprime dans les sondages et/ou par
l’intermédiaire des « grands journalistes » qui lui donnent la parole
en parlant à sa place. Quelques exemplaires de l’opinion publique sont
appelés à « témoigner » dans les journaux télévisés. Les grévistes et
les manifestants ne font pas partie de « l’opinion publique », qui
risque de (ou devrait...) se retourner contre eux.

- « Témoins » : Exemplaires de la foule des grévistes et manifestants,
interrogés en quelques secondes à la télé ou en quelques lignes dans
les journaux. Le « témoin » témoigne de ses affects, jamais de ses
motifs ou du sens de son action. Seuls les gouvernants, les « experts
 » et l’élite du journalisme argumentent, connaissent les motifs, et
maîtrisent le sens. L’élite pense, le témoin « grogne ». Voir ce mot.

 Expert : Invité par les médias pour expliquer aux grévistes et
manifestants que le gouvernement a pris les seules mesures possibles,
dans l’intérêt général. Déplore que les "grognements" des
"jusqu’auboutistes" (voir " ultras "), ces privilégiés égoïstes et
irresponsables (voir " corporatisme "), empêchent d’entendre le
"discours de raison" des artisans du "dialogue social". (Michel
Ducrot)

- « Contribuables » : Nom que porte l’opinion publique quand elle paie
des impôts qui servent au service public. Quand l’argent public est
dépensé pour consentir des avantages fiscaux aux entreprises, cet
argent n’a plus d’origine identifiée. On dira : « les régimes de
retraites du secteur public sont payées par les contribuables ». On ne
dira pas : « les exonérations de charges consenties aux entreprises
sont payées par les contribuables ».

- « Corporatisme » : Mal qui menace n’importe quelle catégorie de
salariés qui défend ses droits, à l’exclusion de tenanciers des
médias.