Demain Le Grand Soir
NI DIEU, NI MAITRE, NI CHARLIE !

Le Site de Demain le Grand Soir est issu de l’émission hebdomadaire sur "Radio Béton", qui fut par le passé d’informations et de débats libertaires. L’émission s’étant désormais autonomisée (inféodé à un attelage populiste UCL37 (tendance beaufs-misogynes-virilistes-alcooliques)/gilets jaunes/sociaux-démocrates ) et, malgré la demande des anciens adhérent-es de l’association, a conservé et usurpé le nom DLGS. Heureusement, le site continue son chemin libertaire...

Le site a été attaqué et détruit par des pirates les 29 et 30 septembre 2014 au lendemain de la publication de l’avis de dissolution du groupe fasciste "Vox Populi".

Il renaît ce mardi 27 octobre 2014 de ses cendres.

" En devenant anarchistes, nous déclarons la guerre à tout ce flot de tromperie, de ruse, d’exploitation, de dépravation, de vice, d’inégalité en un mot - qu’elles ont déversé dans les coeurs de nous tous. Nous déclarons la guerre à leur manière d’agir, à leur manière de penser. Le gouverné, le trompé, l’exploité, et ainsi de suite, blessent avant tout nos sentiments d’égalité.
(....)Une fois que tu auras vu une iniquité et que tu l’auras comprise - une iniquité dans la vie, un mensonge dans la science, ou une souffrance imposée par un autre -, révolte-toi contre l’iniquité, contre le mensonge et l’injustice. Lutte ! La lutte c’est la vie d’autant plus intense que la lutte sera plus vive. Et alors tu auras vécu, et pour quelques heures de cette vie tu ne donneras pas des années de végétation dans la pourriture du marais. "

Piotr Kropotkine -

Khasha Zwan, l’humoriste afghan massacré par les talibans fin juillet
Article mis en ligne le 19 août 2021
dernière modification le 18 août 2021

par siksatnam

Au moment où les talibans s’installent au pouvoir en Afghanistan, l’histoire tragique de l’exécution, fin juillet, de Khasha Zwan, fait froid dans le dos. Les talibans restent des fanatiques, capables de torturer jusqu’à la mort un humoriste afghan qui se moquait régulièrement d’eux.

Ces dernières heures, les talibans tentent de donner des gages à la communauté internationale : il n’y a pas eu d’affrontements avec les troupes américaines, pas d’arrestations de masse et une amnistie générale pour les fonctionnaires a été décidée. Et sur une chaine de télévision, leur porte-parole a été interrogé ce mardi matin par une journaliste.

Mais certains faits offrent un tout autre éclairage. Comme l’assassinat de Khasha Zwan. Cet homme, d’une soixantaine d’années, a mené sa petite carrière d’acteur et d’humoriste dans sa région de Kandahar. Son aura n’a pas beaucoup dépassé ce secteur géographique, ce qui est déjà une performance en soi, tant l’ombre des talibans n’a jamais tout à fait quitté cette grande ville du sud de l’Afghanistan. Kandahar est le berceau du mouvement taliban. Aujourd’hui son nom résonne dans tout le pays, comme un symbole de la folie talibane.

Le calvaire d’un esprit libre

Fin juillet, deux semaines avant que le destin du pays ne bascule à nouveau, les talibans viennent le chercher chez lui, le trainent de force dans une voiture.

Dans une vidéo que les talibans ont publié, Khasha Zwan (de son vrai nom Nazar Mohammad) sourit, il tente même de faire rire ses bourreaux, comme il l’a toujours fait.

Car Khasha Zwan est connu pour ses vidéos postées sur Internet dans lesquelles il se moque des talibans. Dans ces vidéos postées sur Tik Tok, son réseau social de prédilection, l’humour est souvent potache, spontané.

" Mon père essayait d’apporter un sourire sur le visage des gens ", a témoigné un de ses enfants sur l’une des chaines de télé les plus populaires du pays.

Dans la vidéo ci-dessous, l’acteur fume un joint, semble passablement défoncé et se moque frontalement des talibans (à partir de la 14e seconde. Attention le début de cette vidéo contient des images choquantes). Il y a même quelques insultes. Certaines attaques, moins directes, sont destinées au leader historique du mouvement, le mollah Omar, mort en 2013.

C’est ce qui l’a condamné aux yeux des fondamentalistes.

Dans la voiture dans laquelle des talibans l’emmènent, Khasha Zwan est giflé. Un autre homme en arme le menace. Le début du calvaire de l’humoriste commence. Il est ensuite sorti de la voiture, jeté au sol. Lynché.

Une autre vidéo, que l’on parvient à trouver après quelques recherches sur un site indien d’informations, est encore plus cruelle. Elle montre les fanatiques jouer avec la dépouille du comédien, comme s’il s’agissait d’un jouet.

Le corps de Khasha Zwan est retrouvé deux heures après son enlèvement, selon le récit de sa femme à un média afghan, ses pieds et mains attachés à un arbre, le corps criblé de balles. Sa femme témoigne :

" même les cris de notre plus jeune fille ne les ont pas empêchés de prendre mon mari."

Quatre hommes sont venus le chercher, ses enfants les ont suppliés de pouvoir serrer leur père dans leurs bras, selon le récit de la femme. Ils ont refusé, les ont repoussés, témoigne l’épouse qui se retrouve seule avec ses six enfants.

Khasha Zwan a été tué lors d’un raid effectué par les talibans qui cherchaient des policiers ou des représentants de la province de Kandahar. Pour les talibans, il n’était pas qu’un acteur, il travaillait pour les forces de sécurité.

Acteur ou policier ?

"C’était un policier en activité, responsable de la mort de nombreuses personnes, a justifié un porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid. Ce n’était pas un comédien, il s’est battu contre nous au cours de plusieurs batailles". Sa famille a toujours nié, d’autres sources affirment cependant qu’il a bel et bien travaillé pour la police.

Ses proches ont tenu à dire qu’il lui était arrivé de se produire devant les forces de sécurité dans le cadre de spectacles. L’unique certitude, c’est la détestation que portait Khasha Zwan à l’égard des talibans.

Les extrémistes ont dans un premier temps juré n’avoir aucun lien avec ce meurtre, avant de reconnaitre en être les auteurs. Ils ont ensuite fièrement publié la vidéo dans laquelle l’humoriste est giflé.

Les États-Unis condamnent ce lynchage écœurant des talibans

Au lendemain de cette disparition, l’ambassadeur des États-Unis en Afghanistan réagissait pour s’émouvoir de ce lynchage. Seulement deux semaines après ce tweet, l’ambassade quittait en toute hâte ses locaux et faisait descendre la bannière étoilée de son fronton, signifiant la fermeture officielle de la représentation diplomatique.

Le meurtre de Kashsa Zwan, et ceux qui ne manqueront pas de se produire à l’avenir, rappellent la sinistre réalité : les talibans sont des fanatiques capables d’une violence inouïe pour faire disparaitre ceux qui ne se soumettent pas à leurs règles de vie lugubres.