Demain Le Grand Soir
NI DIEU, NI MAITRE, NI CHARLIE !

Le Site de Demain le Grand Soir est issu de l’émission hebdomadaire sur "Radio Béton", qui fut par le passé d’informations et de débats libertaires. L’émission s’étant désormais autonomisée (inféodé à un attelage populiste UCL37 (tendance beaufs-misogynes-virilistes-alcooliques)/gilets jaunes/sociaux-démocrates ) et, malgré la demande des anciens adhérent-es de l’association, a conservé et usurpé le nom DLGS. Heureusement, le site continue son chemin libertaire...

Le site a été attaqué et détruit par des pirates les 29 et 30 septembre 2014 au lendemain de la publication de l’avis de dissolution du groupe fasciste "Vox Populi".

Il renaît ce mardi 27 octobre 2014 de ses cendres.

" En devenant anarchistes, nous déclarons la guerre à tout ce flot de tromperie, de ruse, d’exploitation, de dépravation, de vice, d’inégalité en un mot - qu’elles ont déversé dans les coeurs de nous tous. Nous déclarons la guerre à leur manière d’agir, à leur manière de penser. Le gouverné, le trompé, l’exploité, et ainsi de suite, blessent avant tout nos sentiments d’égalité.
(....)Une fois que tu auras vu une iniquité et que tu l’auras comprise - une iniquité dans la vie, un mensonge dans la science, ou une souffrance imposée par un autre -, révolte-toi contre l’iniquité, contre le mensonge et l’injustice. Lutte ! La lutte c’est la vie d’autant plus intense que la lutte sera plus vive. Et alors tu auras vécu, et pour quelques heures de cette vie tu ne donneras pas des années de végétation dans la pourriture du marais. "

Piotr Kropotkine -

Communiqué de Chantal BEAUCHAMP, l’une des « 4 de Tours » :
Article mis en ligne le 5 février 2012
dernière modification le 10 février 2012

par siksatnam

Je me serais volontiers dispensée du présent communiqué de presse, si 2 de mes camarades poursuivi-e-s dans la même affaire, Jean-Christophe BERRIER et Muriel EL KOLLI ne s’étaient cru autorisés à critiquer ma stratégie judiciaire dans leur communiqué du 3 février 2012 en des termes pour moi inacceptables.

J’élimine d’emblée la première source de divergences :

Depuis septembre 2010, le choix que j’ai fait, ainsi qu’Abd-el-Kader Aït-Mohamed, de soulever des « exceptions de nullités » devant le Tribunal correctionnel de Tours d’abord, devant la Cour d’appel d’Orléans ensuite, est un choix qui est critiqué depuis bien longtemps par les 2 autres prévenu-e-s. Pour moi, attaquer le choix du procureur de nous poursuivre est une des armes que j’ai choisie pour que la liberté d’expression soit garantie, c’est-à-dire pour que les procureurs ne s’aventurent plus à lancer des poursuites pour tout et n’importe quoi et dans n’importe quelle condition. Mes 2 co-prévenu-e-s restent jusqu’au bout insensibles à mes raisons. C’est leur droit le plus strict, et je respecte leur choix qui n’est pas le mien.

Mais jusqu’au 3 février 2012, l’expression de ces divergences entre les 4 prévenu-e-s était cantonnée dans le cadre du débat d’idées légitime. Il en va différemment depuis que Muriel El Kolli et Jean-Christophe Berrier ont cru bon d’attaquer un autre aspect de mon système de défense, qui dénoterait chez moi la volonté de ne pas assumer ce pourquoi nous sommes poursuivis, à savoir un communiqué de presse diffusé le 12 février 2010 et dénonçant avec vigueur la chasse aux enfants étrangers scolarisés pour arrêter et expulser les parents. Cette pratique était décrite par analogie avec celle des chasseurs de baleines, qu’en leur temps les policiers du régime de Vichy avaient choisi comme modèle.

Pour comprendre ce que, selon mes camarades du Collectif Soif d’Utopies, ils assument, eux, et que de mon côté je n’assumerais pas, il faut pénétrer dans la cuisine du Procureur de Tours.

Sur quoi les poursuites reposent-elles ?

Le Procureur de Tours nous a poursuivi parce que nous aurions distribué le texte résumé ci-dessus lors d’une conférence de presse le 18 février 2010. Or, nous avons tous les 4 fourni au Tribunal abondance de preuves du contraire – de sorte que ce chef d’accusation, la distribution du texte objet du litige, a été abandonné dès l’audience du 5 avril 2011 à Tours. Le 2ème chef d’accusation est d’avoir diffusé ce texte par voie électronique. Il me semble que l’accusation étaie ce point après avoir identifié l’adresse IP de Jean-Christophe, et après avoir identifié le propriétaire de l’un des sites web sur lequel le texte a été publié, le site du RESF37 qui est au nom d’Abd-El-Kader. Ni le Procureur de Tours ni le procureur général de la Cour d’appel n’ont identifié mon adresse IP dans cette affaire, et je ne suis pas propriétaire de sites web sur lesquels le texte incriminé aurait été publié. D’où leur embarras à me poursuivre. Des comptes m’ont été demandés sur la présence de mon numéro de téléphone personnel comme contact au bas du texte. J’ai expliqué qu’au RESF37, c’est moi qui avais le plus de disponibilités pour répondre aux questions éventuelles des journalistes avant ou après la conférence de presse. Cette réponse, que j’avais déjà donnée lors de l’enquête de police, n’était probablement pas suffisante pour justifier les poursuites contre ma personne.

Un chef d’accusation supplémentaire apparaît lors de l’audience du 5 avril 2011

En effet, lors de l’audience du 5 avril à Tours, puis lors de l’audience en appel le 30 janvier 2012 à Orléans, l’accusation a cru bon d’improviser un 3ème chef d’accusation, celui d’avoir rédigé ou contribué à rédiger le texte incriminé.

Face à cette offensive du Parquet, ma réponse a été triple :

1/ J’ai fait observer au tribunal correctionnel, puis à la Cour, qu’aucun de nous 4 n’était poursuivi pour avoir rédigé ou participé à la rédaction du texte.

2/ J’ai réitéré ce qu’avaient été mes déclarations à l’officier de police judiciaire lors de l’enquête, à savoir que je n’avais pas rédigé ni contribué à la rédaction du texte.
3/ J’ai répété avec insistance et clarté, comme je l’avais dit dès les premiers mots de mon interrogatoire devant le tribunal de Tours et la Cour d’appel, que j’assumais la totalité du texte incriminé, forme et contenu, au nom de mon organisation, le RESF37.

Si j’en juge par la décision du tribunal correctionnel de Tours en date du 26 mai 2011, ce dernier :

a) Me relaxe au motif qu’il n’a pu établir, ni ma responsabilité personnelle dans la distribution du texte.Il a relaxé mes 3 autres camarades du même chef d’accusation et pour le même motif.

b) Me relaxe au motif qu’il n’a pu établir ma responsabilité personnelle dans la diffusion du texte par voie électronique.

c) Me relaxe car il n’a pu établir ma responsabilité personnelle dans la rédaction du texte.

Assumer, ça veut dire quoi ?

Qu’est-ce que ma relaxe personnelle par le tribunal correctionnel de Tours (mais le Procureur a fait appel de cette relaxe) veut dire concrètement ? Qu’en matière pénale (et les procès en diffamation sont des affaires pénales), il appartient à l’accusation, puis au tribunal, d’apporter les preuves des charges qui pèsent sur les prévenus. Autrement dit, la charge de la preuve appartient aux poursuivants, pas aux poursuivis. Je suis surprise (c’est un euphémisme) qu’il faille rappeler à des militants aguerris l’évidence suivante : que cette disposition de notre Code pénal est une garantie fondamentale des droits de la défense.

Le fait que certains de mes camarades poursuivis aient cru bon de déclarer, soit à la police, soit au tribunal correctionnel de Tours, soit à la Cour d’appel, qu’ils avaient personnellement contribué à la rédaction du texte incriminé est un choix qui leur appartient de façon pleine et entière. Mais le fait qu’ils aient fait un choix différent du mien ne les autorise nullement à prétendre que leur choix serait plus juste politiquement que le mien. Il y a, derrière cette manière de faire (« plus radical que moi face à la répression, ça n’existe pas »), une confusion entre responsabilité personnelle et responsabilité politique. Je ne partage pas l’injonction selon laquelle, pour assumer politiquement un acte, il faille absolument et en toute circonstance se mettre personnellement en avant en proclamant « c’est moi qui l’ai fait ! » Avec de tels principes, il n’y a plus de place pour l’expression d’une vraie solidarité politique. Mes camarades de Soif d’Utopies disent en substance « Nous assumons, parce que c’est nous. » Je dis, moi : « J’assume, parce que c’est mon organisation, et qu’elle a eu raison. »

Je laisse à chacun et à chacune le soin de définir, pour son propre compte, laquelle de ces deux attitudes lui parait la plus politique.

Chantal BEAUCHAMP
5 février 2012