Vive les luttes sociales A bas le Parti socialiste
A bas tout les Partis Ni dieu, ni maitre
La grand’valse des élections présidentielles s’est achevée le soir du 6 mai, 20heures. Comme prévu, un des deux candidats est devenu le nouveau seigneur de la France. Ce candidat, nous le connaissons bien, nous l’avons expérimenté, ou tout du moins ses comparses, pendant cinq années. Autant dire que la moitié du chemin est faite.
Ceci ramène tout de même deux bonnes nouvelles : la première c’est que dehors cette crapule de Chirac. Plus voir sa gueule à la télé va me faire le plus grand bien. La seconde c’est qu’on ne va plus entendre Royal pendant cinq ans, et honnêtement ça aussi ça va me soulager les oreilles.
La participation a été élevée, saluée par tous les médias comme historique (ce qui est en soi un mensonge, il suffit de remonter à 1981 pour retrouver des participations comparables). Ce score élevé du vote est le résultat combiné de l’élection de 2002, mais également de l’action des organisations politiques qui sont susceptibles d’être générateur d’un mouvement en dehors des urnes, mais qui s’en gardent bien depuis un certain temps ; j’ai nommé la LCR et LO.
En 2002, la Ligue Communiste Révolutionnaire appelait, face à l’aberration arithmétique que constituait la configuration du second tour, à voter Chirac. Cet acte en soi a conditionné le contenu et les résultats de la campagne de 2007. En effet, face à un résultat électoral plus que certain (l’argument du « et si Le Pen… » étant complètement absurde au regard des chiffres, y compris au lendemain du premier tour), la LCR, au lieu de se prononcer pour une reprise des combats en dehors des urnes, a appelé à un retour massif au vote. Et, ce faisant, a contribué à saper la confiance que les éléments les plus progressistes de la population pouvait avoir en notre capacité à renverser la vapeur autrement que par les voies institutionnelles. On connaît le résultat cinq années plus tard, avec une situation politique où les arguments d’un Sarkozy peuvent être non seulement dits, mais aussi entendus et approuvés par une large partie de la population.
Cependant, il ne s’agit pas là d’une « erreur tactique ». La LCR, au lendemain du résultat sur le traité constitutionnel européen, a remis le couvert en appelant à un rassemblement anti-libéral… pour les élections présidentielles. Le discours permanent des pablistes consiste donc depuis des années à jongler entre un activisme de base et un discours de parti amenant quasi-systématiquement à saper la confiance en un mouvement global et à revenir sagement à l’urne-bergerie.
En 2002 LO avait résisté. En 2007, au nom de « l’opinion des gens », elle a cédé.
Ceci pose immédiatement le problème de notre responsabilité dans la situation. Seule la FA, en tant qu’organisation politique, s’est positionnée pour l’abstention aux deux tours ; y compris face à un individu qu’elle connaît et que nombre de ses militants ont subi. Disons le honnêtement : nous sommes aujourd’hui la seule organisation qui continue à avoir confiance en la lutte des classes, en la lutte hors des institutions, pour changer la donne.
Il nous faut rappeler que la question n’est pas la couleur du drapeau ennemi, mais bien l’existence de l’ennemi. Seuls, nous avons les mains libres pour dénoncer l’ensemble du processus électoral. Seuls nous sommes à même de défendre les conquêtes que les travailleurs et la population ont su imposer dans ce système pourri. Seuls nous sommes à même de proposer une perspective politique révolutionnaire, de mise à bas du capital et de l’Etat.
Ceci n’est pas pour nous jeter des fleurs et nous trouver les plus purs du monde. Dans l’état actuel des choses, nous ne sommes absolument pas responsables du taux d’abstention. Notre campagne porte à mesure de nos effectifs et de notre capacité de propagande, c’est-à-dire peu. En ce sens, la chute de l’abstention ne constitue pas une défaite pour nous. Certes encore moins une victoire, mais pas une défaite.
Par contre, cette analyse implique une responsabilité. Confronté à une extrême gauche qui court à grandes enjambées vers le réformisme institutionnel, nous devons redoubler d’efforts pour diffuser nos idées et devenir un élément influent dans la situation politique, et ce sur tous les terrains. Sur ceux que nous occupons déjà (sans-papiers, droit au logement, oppression policière…), mais aussi sur ceux où nous sommes faibles, en particulier le monde du travail, qui aujourd’hui déserte les organisations réformistes trahissantes, et dans lequel nous avons tout à (re)construire.
Nous disposons de moyens de propagande, et il nous faut en conquérir de nouveaux : télévision, internet… Nos positions et propositions doivent s’afficher sur tous les murs, dans toutes les usines, dans tous les bureaux. Face au communisme disparaissant, nous ne pouvons plus nous permettre d’être simplement quelques excités qu’on ne voit qu’en fin de manifestation, et encore moins d’être réduits à une marque de sac pour petit-bourgeois oedipien en mal d’action.
Il y a eu des périodes pendant lesquelles les anarchistes ont représenté une force considérable, ancrée dans les milieux ouvriers et paysans. Nous devons trouver à nouveau cette assise populaire, faut de quoi nous resterons réduits à nos actions et à notre portée corpusculaires. Nous le devons et nous le pouvons.
Camarades, ils ont voté, nous continuons le combat.
(blog du Groupe Claaaaaash de la Fédération anarchiste)