Xavier, militant du collectif des déboulonneurs, a été condamné ce matin par le tribunal correctionnel de Tours pour avoir inscrit des messages sur des affiches publicitaires, le 14 mai 2012 à Tours. Le collectif s’était mobilisé au palais de justice pour soutenir le militant.
Avec d’autres militants, il avait barbouillé des affiches publicitaires installées par la société JC Decaux dans un abribus proche de la fac des Tanneurs. " La pub m’agresse, stop pub ", était-il inscrit sur la vitre protégeant l’affiche. Une autre publicité montrant une femme en petite tenue était gribouillée d’un " femme à vendre ". Lors de sa comparution au tribunal, le militant a réclamé sa relaxe estimant que cette action de désobéissance civile a été réalisée " dans le cadre d’un état de nécessité ". Le collectif considère en effet qu’il n’existe pas d’autres moyens pour lutter contre l’agression permanente de la publicité.
Le militant poursuivi avait également produit un arrêt de la cour d’appel de Paris du 25 mars dernier qui avait prononcé la relaxe dans un dossier similaire. Le tribunal de Tours, lui, a requalifié les faits. Le militant a été condamné pour avoir " tracé des inscriptions sans autorisation préalable" à 200 € d’amende. La magistrate considère en effet qu’inscrire un message sur une vitre d’un panneau publicitaire est une dégradation, certes légère, alors que les magistrats parisiens considéraient que répondre à un message publicitaire par une inscription relevait de " l’état de nécessité" face au danger que représente la pub. Les Déboulonneurs feront appel de la décision de Tours, en arguant de la légitimité de cette action dans un cas comme dans l’autre. En quoi barbouiller une affiche publicitaire serait plus légitime que de barbouiller la vitre protégeant cette publicité ? La publicité n’est-elle pas aussi dangereuse dans les deux cas ? L’argument juridique, au demeurant, ne tient pas. Les Déboulonneurs de pub vont donc bel et bien faire appel de cette dernière décision.
Le Collectif des déboulonneurs demande une réduction de la taille des affiches, à 50 x 70 cm, et du nombre de panneaux afin que soit respectée la liberté de ne pas recevoir des messages publicitaires sans consentement. Les messages publicitaires sont imposés aux usagers de l’espace public, et ce, de manière toujours plus agressive et intrusive. Aussi, le collectif demande un réel débat public sur ce sujet de société. Des personnalités ont déjà dénoncé la nocivité de la publicité sur les plans sanitaire, démocratique et écologique : promotion de comportements à risque, anorexie, obésité, cancers alimentaires, surcharge cognitive, frustration, dépression, pression des publicitaires dans les instances démocratiques, surconsommation, surproduction, pollution, surexploitation...
Xavier, des Déboulonneurs : "Je suis déçu de la décision du Tribunal de Tours, qui vient de me condamner à 200€ d’amende, alors que pour la même action de barbouillage mes camarades parisiens ont été relaxés, la juge invoquant l’état de nécessité et le danger que représente la pub. La pub est-elle moins dangereuse à Tours ? Il est évident que je vais faire appel. Nous pourrons également évoquer la Liberté d’expression, inexistante à Tours en matière d’affichage. Il n’existe quasiment aucun espace de libre affichage à Tours, en contradiction avec la loi et le code de l’environnement ! Répondre à un message publicitaire par un autre message m’apparaît totalement légitime. "
Les Déboulonneurs touraine.