Frédéric Boisseau, 42 ans, agent d’entretien, employé de Sodexo, a trouvé la mort hier dans l’attentat meurtrier contre le comité de rédaction du journal Charlie Hebdo.
Dans l’aveuglement et la folie guerrière qui a poussé deux hommes à s’attaquer, armes-en-mains, à l’hebdomadaire satirique qui voulait opposer aux fanatismes religieux la seule force de la dérision, Frédéric Boisseau à lâchement été abattu, par ceux-là même qu’il aurait pu croiser au pied d’une cité de banlieue, au rayon poissonnerie d’un supermarché, ou reconnaître dans le livreur de la pizza qu’il aurait commandé.
Car il semble bien qu’en cette affaire ,ce sont des meurtriers issus des classes populaires qui ont tué ce travailleur destiné à l’oubli.
Frédéric Boisseau ne participait pas au comité de rédaction du mercredi de Charlie Hebdo,
Frédéric Boisseau ne passera pas à la postérité pour les dessins ou articles qu’il aura produit,
Frédéric Boisseau n’aura sûrement pas non plus l’hommage posthume réservé aux policiers tombés en service commandé.
Fréderic Boisseau demeurera invisible comme le sont aujourd’hui l’ensemble des travailleurs qui œuvrent à la maintenance des bureaux, des immeubles, des rues de nos villes.
Pourtant comme chacune des victimes, il avait sûrement une famille qui l’aimait, des amis qui goutaient sa présence, des collègues qui l’appréciaient.
C’est vers eux que se tournent nos condoléances de ce triste jour.
Dans le mouvement citoyen qui a mis hier, sur les places publiques, de nombreux français pour la défense de la liberté d’expression, notre syndicat ne peut faire que l’amer constat d’une désespérance sociale qui crée au sein de la classe ouvrière des antagonismes communautaires, ethniques ou religieux.
Dans cette situation, les syndicats comme organisations de classe, ont toute leur responsabilité, mais aussi tous leurs devoirs pour y remédier.
SUB TP BAM (rp)
Confédération Nationale du Travail
Paris, le 8 janvier 2015.