Le 1 septembre 1944, Tours est libérée des quatre années d’occupations. Le syndicalisme réapparaissait au grand jour et essayait de mettre de l’ordre dans ses rangs
Un nouveau bureau départemental de la CGT est désigné avec Georges Albert (EDF) comme secrétaire général, Georges Betletante (SNCF) et Georges Martineau (permanent de la Bourse du Travail) comme secrétaire adjoints, Charles Boredalsi (hospitaliers) et Abel Ganne (VRP) comme trésoriers généraux et Henri Maurice (Livre) comme archiviste. Betletante, Boredalsi et Maurice sont des militants communistes.
Le premier congrès départemental des syndicats reconstitués se tiendra le 6 mai 1945, au Triumph, place de la Victoire, à Tours. L’unité syndicale obtenue dans la clandestinité par la fusion de la CGT et de la CGT-U va bientôt commencer à se fissurer.
Durant la guerre, le gouvernement d’extrême-droite dirigé par Philippe Pétain interdit les organisations syndicales et impose un syndicat unique, où la notion de lutte des classes disparaît au profit de la « concorde sociale » qui réunie ouvriers et partons (Voir la Charte du Travail). L’Union Départementale des syndicats Ouvriers d’Indre et Loire est dirigée pendant cette période par André Garantie, un ébéniste, libre penseur qui fera partie du PC puis rejoindra le PS. Parallèlement, est créé le Comité ouvrier de secours immédiat (COSI) en mars 1942 par Charles Vioud, René Mesnard (Rassemblement National Populaire ou RNP) et Jules Teulade (Parti populaire français ou PPF) à la suite de bombardements anglais sur la banlieue parisienne (bombardement des ateliers de réparation de chars allemands abrités par les usines Renault). Il s’agissait officiellement d’aider les familles ouvrières sinistrées par les bombardements (déblaiement, aide financière).
Dans l’esprit des autorités, le COSI était cependant surtout un outil de la propagande du régime de Vichy et de la collaboration à destination des milieux ouvriers.
Plus grave encore, les sommes généreusement redistribuées aux familles de sinistrés ont pour une bonne part été prises sur les biens spoliés des juifs. Le COSI a ainsi été financé à sa création par 100 millions de francs prélevés sur une « amende » d’un milliard imposée aux juifs au prétexte d’un "attentat" de la résistance. Ce sera, entre autres, le cas à Granville.
Le COSI a réussi à attirer quelques vieux routiers de la gauche syndicale, d’anciens syndicalistes présents au RNP et au PPF (qui se disputèrent sa direction compte tenu des sommes à redistribuer), des membres du Parti ouvrier et paysan français (POPF ; ex : Berrar), etc. Le COSI et le POPF (composé d’un bon nombre d’anciens élus communistes) furent les principales organisations collaborationnistes issues de la gauche révolutionnaire (anarchistes, communistes, syndicalistes révolutionnaires). Georges Yvetot (1868-1942), anarchiste, grande figure historique du syndicalisme révolutionnaire, secrétaire de la Fédération des Bourses du travail de 1901 à 1918, de facto numéro deux du syndicalisme français à cette période, cofondateur de la Ligue antimilitariste.sera le premier président du COSI pendant quelques semaines (il meurt en mai 1942).
Dans ces temps troublés, où, au nom du pacifisme ou de l’anti-communiste/stalinisme, des alliances contre-nature se nouent, il est intéressant de s’intéresser au cas de Georges Martineau. Comme on peut le voir, il occupe des fonctions importantes à la CGT à cette époque : au lendemain de la guerre, il est secrétaire de l’Union Locale de Tours, permanent de la Bourse du Travail.
Le 7 mars 1940, cet individu écrit un courrier à Morin (maire de Tours). Il dénonce « l’affectation spéciale, aux ateliers CIMT à St Pierre-Des Corps d’un communiste militant de l’ex parti communiste des amis de l’URSS, nommé Gerdille Gustave… Nous devons avouer la répugnance du personnel technique de cet établissement à collaborer avec un des responsables de l’état de guerre que nous subissons etc… Nous vous demandons, Monsieur le Maire, de bien vouloir intervenir afin que soit reportée une telle mesure, préjudiciable aux bits sociaux que nous poursuivons, et à la production disciplinée que commande l’état actuel, etc. ». Et tout cela sous entête du syndicat CGT des techniciens et assimilés de la métallurgie d’Indre et Loire ». A la même date, il écrit le même topo à Daladier (président du Conseil) et il balance aussi un autre militant de « l’ex-parti communiste, nommé Champion Raoul… actuellement mobilisé secrétaire à l’état major d’une escadrille d’aviation de Tours, dans un secteur postal que nous ignorons... ». Bonjour l’ambiance ! Le 18 novembre 1941, il poursuit sur sa lancée et échange avec le Centre syndicaliste de propagande ( le CSP a été créé en avril 1941 par l’équipe du journal syndicaliste L’Atelier qui a rejoint le RNP (Georges Dumoulin, Georges Albertini, Francis Delaisi) dans l’attente de créer un Rassemblement national syndical ( en attendant, le CSP est un club de réflexion et un groupe de pression qui réclame une charte du travail plus favorable aux salariés ). Il y déplore que ses camarades « restent réticents quant à prendre une positon (NDC : favorable à ses thèses)… je pense donc que nous avons intérêt à ne pas nous brûler dans leur esprit... ». En 1942, s’il ne prend pas la présidence du COSI local (mais en devient le secrétaire adjoint), il postule vainement au comité directeur national. Il s’étonne une nouvelle fois, dans une lettre adressée le 21 août 1942, au secrétaire de la fédération nationale CGT des techniciens , Fernand Hamard, de la présence d’un communiste qui postulait au Secours National et précise avoir effectué « une démarche à la préfecture et avons retenu qu’il ne soit pas retenu ». C’est vraisemblablement ce même Hamard qui lui propose , le 26 février 1943, de s’occuper localement du Comité National des Amis des travailleurs français en Allemagne. Ce dernier déclare dans ce même courrier que « Le syndicalisme est obligatoire et tripartite. Ce n’est plus un syndicalisme de classe, le syndicalisme des grandes coalitions avec lequel se heurtait capitalisme et prolétariat. C’est un syndicalisme de médiation organisée… (il réalisera) l’union organique des forces productives dans la communauté du travail » (sic !). Martineau est, localement, la cheville ouvrière qui met en place cette idéologie réactionnaire durant l’occupation.
On peut s’étonner de la présence de cet individu dans le bureau départemental de la CGT en septembre 1944. D’autant que « La Voix du Peuple », l’hebdomadaire du PC, l’interview encore en août 1947, en tant que secrétaire de l’Union locale CGT de Tours. Fidèle à ses discours collabo, il « se félicite des accords CGT-CNPF… car ils apporteront un climat social propice à la production qui reste vitale pour le pays ». Allons-y gaiement ! On sait qu’un certain nombre de syndicalistes ayant trempés dans les méandres de « La Charte du Travail » ont été exclus de la CGT. On en retrouvera d’ailleurs certains dans les rangs de FO en 1948. On sait aussi que l’UL de Tours rejoindra très majoritairement FO en 1948. La boucle est ainsi bouclée…
Après la seconde guerre mondiale, les syndicats (comme partout ailleurs) se reconstruisent sur le département. En Indre et Loire, la CGT est, de loin, la principale force syndicale et elle se caractérise par deux tendances : la tendance dite confédérée et la tendance dite unitaire qui nous renvoie aux deux CGT d’avant-guerre, la CGT-U et la CGT. Dans la tendance unitaire, on retrouvait de nombreux éléments communistes tandis que dans la tendance confédérée se retrouvaient les syndicalistes socialisants et quelques anarcho-syndicalistes dont Jacques Hervé, secrétaire des amis de Force Ouvrière ( une des tendances apparue dans la CGT après guerre ).
Localement, le mouvement ouvrier compte de grands bastions, bien que Tours ne soit pas une place forte de l’industrie. Citons particulièrement l’imprimerie Mame et l’usine C.I.M.T (1000 à 1500 employés). De plus, les ouvriers s’étaient donnés les moyens d’avoir une organisation solide au début du siècle, avec l’achat au 35 rue Bretonneau, à Tours, d’un immeuble au nom d’une société immobilière qui reçut les fonds des syndicats et coopératives.
Suite à la scission de 1921, le Conseil d’Administration de la société immobilière de la maison du peuple va être composé d’une majorité de militants du jeune Parti Communiste et de délégués de la CGT-U.
La CGT, logée un temps, dans un deux pièces de cet immeuble, devra rapidement laisser cet endroit car il lui était impossible, faute de place, de s’y réunir.
Elle va donc laisser la place aux militants de la CGT-U et aux communistes qui vont finalement s’accaparer l’immeuble. Il est toujours actuellement le siège du PCF.
Le congrès d’après guerre de la CGT réunifiée fait apparaître un renouveau du syndicalisme. Présidé par Georges Martineau (personnage trouble dont nous avons parlé dans les précédents numéros), secrétaire de l’UL CGT de Tours, il se tient salle A, au premier étage de la bourse du travail, rue de Clocheville, le 4 mai 1946. Il représente plusieurs milliers d’adhérents.
Un an auparavant, le premier mai 1945, la première manifestation d’après guerre, regroupe dans les rues de Tours, 15 000 personnes. Le 15 octobre 1945, le cinquantenaire de la CGT rencontre un franc succès. En avril 1945, la CGT revendique 15600 syndiqués dans 47 syndicats régulièrement constitués et en 1946, 16 600 syndiqués répartis dans 79 syndicats ((L’institut CGT d’Histoire Sociale comptabilise, pour la même période, 116 syndicats).
Son Union Locale de Tours assure un certain nombre de cours pour les ouvriers (dessin de bâtiments, espéranto, cours primaires de perfectionnement, cours de perfectionnement pour les garçons de café, cours d’enseignement général primaire, cours de sténo primaires et supérieurs, etc.) qui, dans la tradition des bourses du travail, sont bénévolement dispensés par des syndiqués. La CGT de l’époque se plaint d’ailleurs d’avoir peu d’espaces pour exercer ses activités mais elle n’ignore pas que la situation est difficile pour tous. Il faut se souvenir qu’une bonne partie de la ville a été détruite par les bombardements alliés et que les problèmes d’ordre immobiliers sont récurrents.
D’autres problèmes, en matière de ravitaillement, sont d’une cruelle actualité. Se pose aussi la problématique, comme partout, de la lutte contre le trafic des bons de ravitaillement.
Des accords sont signés sur la question des salaires (une quarantaine) qui essayent de cadrer localement, au mieux, les accords nationaux. La CGT organise d’ailleurs une cinquantaine de réunions pour décortiquer le mécanisme des prix et des salaires. Il y a aussi quelque choses d’anecdotique, mais révélateur, à noter : l’attribution des bicyclettes. En effet, il n’y avait plus beaucoup de moyens de transports pour aller travailler et le syndicat CGT du bâtiment attribue des bicyclettes selon la profession et la distance parcourue par les demandeurs. A titre d’exemple, pour le mois de mars 1946, 1600 demandes ont été déposées et 250 vélos attribués. De même, au niveau de la main d’œuvre, la CGT essaie de contrôler les flux de personnel afin qu’il y ait un minimum de chômage.
Léon Jouhaux, secrétaire général de la CGT, est invité à ce premier congrès de l’union Départementale de la CGT réunifiée. Comme va l’écrire « La Nouvelle République », il va se dérouler de façon houleuse puisque " Quelques incidents amenés en particulier par la question du ravitaillement et de l’élection des membres de la Commission administrative échauffèrent l’atmosphère de la salle au point que Léon Jouhaux dû faire appel à toutes les ressources de subtile dialectique pour calmer certains esprits ". Cela illustre bien les tensions existantes au sein de la CGT entre les communistes qui veulent prendre le contrôle de l’appareil et les militants des autres tendances. Selon "La Nouvelle République" : " Léon Jouhaux salué par de chaleureux applaudissements, après avoir regretté les incidents qui parsemèrent le congrès, déclare que l’unité ouvrière doit être réalisée plus que jamais. L’unité, nous l’avons refaite dans la résistance sur des bases qui excluaient toute polémiques personnelle au sein du mouvement syndicaliste, sur des bases qui voulaient que cette unité ne soit pas sur le bord des lèvres mais au fond des cœurs ". Jouhaux essaiera, nationalement, contre vents et marées, de maintenir cette unité dans les mois qui vont suivre.
Pour l’heure, la CGT adopte comme ligne de bataille l’augmentation de la production. Si un accord unanime se dessine autour de ce mot d’ordre, les moyens pour y parvenir posent débat : les communistes préconisent de populariser le travail au rendement. Jacques Hervé s’y oppose en déclarant à la tribune du congrès : " Le syndicalisme doit rejeter cette forme d’exploitation qu’il avait combattue. Allons-nous renier cinquante années de luttes syndicales ? Cette méthode de rémunération est d’esprit antisyndical et anti ouvrier. Le syndicalisme c’est la solidarité, c’est la fraternité. le travail au rendement en est la négation. ils est d’ailleurs inapplicable pour de nombreuses catégories de salariés qui travaillent et qui peinent comme les autres ". De plus, rappelle-t-il que " l’augmentation de la production, pour nous syndicalistes, ne saurait avoir comme corollaire l’augmentation de la peine du travailleur. pour nous syndicalistes, l’augmentation de la production dépend essentiellement d’un autre problème : l’organisation de la production ". En fait, ce congrès houleux a été précédé de plusieurs tentatives des militants communiste pour prendre en main l’Union Départementale en créant, entre autres, des syndicats fantoches ou en transformant des cellules du Parti en syndicats (certaines de ces créations seront d’ailleurs invalidées par la préfecture). Dans le syndicat du bâtiment, les réunions de préparation du congrès sont des simulacres. Mieux un syndicat agricole de la CGT est fournit en timbres syndicaux par le syndicat du bâtiment…
Autre anecdote : Des mesures de préparation militaires sont prises par le gouvernement. La CGT en discute et propose ses bons offices pour aider à les appliquer ! Certains camarades s’offusquent de ces pratiques, remarquant que la CGT n’a pas à entrer dans ces considérations et que son seul rôle est de discuter et de promulguer la paix.
La tension ne fait que croître l’année suivante où va se tenir le second congrès de l’UD CGT les 17 et 18 mai 1947. la CGT compte alors 25 000 adhérent-e-s réparti-e-s en 219 syndicats (source Institut CGT d’histoire Sociale). Des manœuvres sont tentées par les communistes pour discréditer et minimiser l’opposition. Un certain nombre de mandats de syndicats « oppositionnels » sont minorés. Une lettre envoyée au secrétaire de l’UD.CGT, en date du 30 avril 1947, proteste contre ces pratiques et réclame que les statuts soient respectés. Les syndicats des employés de commerce, des préparateurs en pharmacie et des voyageurs-représentants sont directement visés par ces mesures. Vont appuyer cette démarche les secrétaires des syndicats des organismes sociaux, UNEC (aujourd’hui EDF), droguerie, comptabilité, hôtels-cafés-restaurants, métaux de Tours, cadres sociaux. Cette protestation sera centralisée par Jacques Hervé. Selon lui, une circulaire, non datée, aurait indiqué quels syndicats devaient être lésés. Par exemples, le syndicat des commerces, qui aurait du avoir 2 voix n’en a qu’une au congrès, le syndicat des représentants de commerce en ayant 3 au lieu de 5.
L’union Locale de Tours rassemble 14 000 membres. Son secrétaire est Martineau (un technicien des métaux, au passé équivoque ; voir les numéros précédents), son secrétaire adjoint est Mézille (produits chimiques), son trésorier adjoint est Courtalon (syndicat des professions de comptabilité), Guidoux (Cheminot) est trésorier , Henniger (PTT) et Hervé (Sécurité Sociale) sont membres du Conseil d’Administration.
Le congrès de mai 1947 est présidé par Henri Raynaud. La bagarre est déclenchée au sujet des élections à la Sécurité Sociale dont les communistes ont été écartés. Les ex-confédérés (les non communistes) tiennent le choc. Ils obtiennent l’essentiel de leurs voix sur la ville de Tours. Sur le reste du département, c’est les communistes qui dominent avec, parfois, des méthodes « surprenantes » : Le syndicat agricole de Château-la-Vallière, qui rassemble préparateurs en pharmacie, mécaniciens, etc. adresse un mandat à l’Union Départementale pour le congrès timbré avec le cachet de la cellule communiste !
De nombreux incidents se déroulent donc avant le congrès, qui sera l’occasion, pour les communistes, de régler leurs comptes avec leurs adversaires qu’ils accusent de basses manœuvres et de panachages lors des récentes élections à la Sécurité Sociale.
En préparant le congrès de façon méthodique, ils mettent une tactique au point se basant essentiellement sur les élections qu’ils avaient perdues. Leurs adversaires s’étonnèrent que l’ordre du jour du congrès ne prévoyait pas les tâches à définir pour l’Union Départementale et, en fait, il va naître un certain confusionnisme.
Le rapport moral est finalement adopté par 203 voix pour, 61 voix contre et 6 abstentions. Henri Raynaud, nouveau secrétaire de la CGT, dans son allocution de clôture, va essayer , comme il est dit à l’époque, « de passer la main dans les cheveux » des minoritaires pour recoller les morceaux.
Dans « Le Réveil Socialiste » (organe de la SFIO) du 31 mai 1947, parait un article sur ce congrès qui porte le titre : « En zonage », se référant aux paroles du communiste Ducol, secrétaire adjoint de l’UD CGT, regroupant ses adversaires minoritaires dans une tendance dite de « politiques de troisième zone ».
« Le Réveil Socialiste » donne un portrait plus ou moins psychologique de ses adversaires : le communiste « pur et dur », le « roublard », le « dupe ». Il parle d’un « apprenti Ducol », Molès, un ancien anarchosyndicaliste faisant partie du syndicat du bâtiment, qui aurait eu pendant le congrès un rôle de baron et qui se revendiquait de l’indépendance du syndicat. Il leur prophétise le triste sort de Belin, Froideval ou Dumoulin, c’est-à-dire des syndicalistes qui ont collaboré, sans oublier ceux qui ont suivi le même chemin : Marcel Guitton (ex secrétaire de la CGT-U), Marcel Brout (ex président de la fédération du bâtiment, André Parsal (ex secrétaire de la fédération de l’agriculture), Camille Fray (ancien secrétaire de l’Union PLM d’Algérie), Louis Berra (ancien trésorier de la CGT-U), Mouel, Gauleiter de Colmar (ex député communiste, ex membre du Conseil National de la fédération de cheminots).
Un groupe départemental des « Amis de Force Ouvrière » est formé en 1947. Les réunions ne pouvant plus se tenir (tout du moins dans une ambiance fraternelle et sereine) se constitue, à Tours, en décembre 1947, le Comité Départemental Syndicaliste Indépendant qui, très rapidement, engendre un bon nombre de contacts.
Parallèlement, à Paris, les 18 et 19 décembre 1947, salle de la société nationale de horticulteurs, se réunit la conférence nationale des groupes FO. Marius Huard et Jacques Hervé y participent pour l’Indre et Loire. Elle considère que : « La véritable confédération générale du travail continue en dehors de l’organisation existante qui n’a plus de CGT que le nom… Demande à tous les militants responsables de constituer sans délai l’organisation sur le plan des syndicats, des Unions Départementales ou des fédérations afin de préparer dès que possible un congrès constitutif de la véritable Centrale confédérée de tous les travailleurs ».
les PC Français et Italien ont reçu l’ordre de Moscou, dès octobre, d’appliquer la doctrine Jdanov de guerre froide et de lutter contre le plan Marshall. Quelques jours après, le comité confédéral national de la CGT repousse par 832 mandats contre 101 une motion de Robert Bothereau déclarant « utile l’aide américaine à la France ». En novembre, la CGT avait donc lancé une grève « politique » au résultat négatif et le malaise n’avait fait que croitre au sein de la CGT. Pour les oppositionnels, la liberté de parole dans l’organisation était devenue un véritable délit d’opinion et les discussions à caractère revendicatif devenaient de plus en plus difficiles. Certaines réunions se désertifient. Les minoritaires exigent que le syndicat soit un regroupement de tous les salariés, adhérents ou non à un parti, en dehors de toute conception philosophique et religieuse. Ils souhaitent un syndicalisme où « l’impartialité du responsable remplacera l’impartialité du syndicaliste politicien ou des délégués au service du parti » . Sont responsables de ce CDSI (dont le siège se situe à la Bourse du travail de Tours, rue de Clocheville), Maurice Jacques (syndicat des PTT), Mezil (syndicat des produits chimiques), Dhier (syndicat des air-guerre-marine).
En décembre 1947, parait dans « La Touraine Syndicaliste », l’organe CGT des syndicats ouvriers d’Indre et Loire, un article signé Robert Ducol (le directeur de publication et communiste) qui attaque très violemment ce qu’il appelle les scissionnistes « qui pourront se dire désormais majoritaire ». Il écrit notamment : « La bataille de la production, de la rigolade des 25 % du blablabla des comités contre la vie chère, du temps perdu, le minimum vital biologiques insuffisant à évaluer en kilos de bifteck, dixit (Jacques) Hervé, des primes de production, du stakhanovisme : viola quelle était leur argumentation. Quand nous sommes arrivés à l’accord CGT-patronat, ils n’ont trop rien dit, le vocabulaire était momentanément épuisé, il fallait le reconstituer et alors pour le CCN du 12 novembre, redoublement d’attaques, les acomptes provisionnels, c’était de la fantaisie, la révision trimestrielle des salaires de la gnognotte, et puis ces mouvements de grève, c’était de la politique. La CGT était politisée car, voyez-vous, il y avait dedans des gens qui avaient le malheur de ne pas penser comme eux et qui, par-dessus le marché, avaient la confiance des syndiqués. S’en était trop pour leur petite personne ».
Utilisant les arguments classiques, à savoir qu’ils font le jeu de la réaction et qu’ils trouvent les colonnes de « La Nouvelle République » largement ouvertes pour faire le jeu du gouvernement, il poursuit ainsi : « Nous soulignons pour notre part que ceux qui quittent aujourd’hui la CGT, Martineau, Hervé, etc., qui exigent toujours la démocratie et le respect des statuts, ont violé les statuts de la Bourse (du Travail).
En effet, mis en place par le dernier congrès de la Bourse composé par les syndicats de la CGT, ils devaient examiner la situation nouvelle du fait de leur départ, donc demander la convocation rapide de ce Conseil d’Administration ». Et de continuer avec, une petite ritournelle bien stalinienne contre les durs, les purs révolutionnaires, farouches défenseurs de l’indépendance du syndicat : « A les entendre, la CGT était trop molle, elle ne menait pas une action revendicative énergique, il fallait se battre, passer à l’action directe, faire de la lutte de classes, des grèves insurrectionnelles, etc. Ils faisaient beaucoup de bruit, ils faisaient beaucoup des discours, ils avaient de belles résolutions ».
Chacun s’accusant mutuellement, de forfaitures : pour les minoritaires, Joseph Guidoux, le trésorier (conseiller municipal PC de Tours) de la bourse du travail gardant la caisse pour la donner à l’UD CGT, sans accord du CA (soit environ 100 000 francs de l’époque c’est-à-dire 3452 euros actuels). Pour les majoritaires (communistes), le syndicat des métaux de Tours poursuit en justice les scissionnistes pour récupérer les documents en leur possession et les 50 000 francs (1726 euros) lui appartenant. Il obtient d’ailleurs gain de cause en justice.
Marcel Tribut, maire de Tours, municipalise alors la gestion de la Bourse du Travail de Tours. Cette mesure permet aux syndicats FO de rester en place.
En, 1948, l’UD CGT regroupe 14 000 adhérent-e-s, réparti dans 141 syndicats. Elle perd 11 000 adhérent-e-s et 78 syndicats. Une grande partie d’entre eux fondent Force Ouvrière tandis qu’une minorité reste dans l’autonomie.
Maurice Jacques (PTT), est l’animateur de la grève des postes de janvier 1947. Le centre de Tours-Gare a été l’un des premiers a démarrer. Il va entrainer un bon nombre de militant-e-s et former un gros pôle FO dans les PTT sur des options syndicalistes révolutionnaires. Il excite aussi une autre conséquente minorité chez les cheminots qui rejoindra FO. Dans les métaux, la situation est originale. Le secrétaire du syndicat, André Breton (ça ne s’invente pas !), est anarchosyndicaliste. Il crée un syndicat autonome majoritaire et implanté dans plusieurs grosses entreprises du département : CIMT, LAFFOND, SCHMITT, BILLARD. L’évènement se déroule fin octobre 1947, au 6 rue Emile Zola, à Tours, dans la salle de l’Union des mutualités. Une vingtaine de responsables s’y retrouvent et Breton propose une adhésion à la CNT (1). Jacques Hervé, lui aussi anarchosyndicaliste (et futur secrétaire générale de FO sur le département) temporise. Finalement, le nouveau syndicat reste dans l’autonomie.
Le 7 mars 1948, se réunit le congrès constitutif de la nouvelle organisation sous la présidence d’André Lafon. Les statuts de « l’Union Départementale Syndicaliste Confédérée d’Indre et Loire » sont écrits et présentés par Jacques, Lafon et Hervé. L’Union considère que « Cette déclaration est une reconnaissance de la lutte de classes qui oppose sur le terrain économique les travailleurs en révolte contre toutes les formes d’exploitation et d’expression tant matérielles que morales mises en œuvre par la classe capitaliste contre la classe ouvrière ».
L’Union Départementale adhère à la CGT-FO au congrès confédéral des 12 et 13 avril 1948 mais n’oblige pas ses syndicats à être à FO. Cette clause est proposée de façon à ce que le syndicat des métaux puisse y rester. A ce congrès les minoritaires (révolutionnaires anars ou trotskistes) tentent de dénommer la nouvelle organisation la « Confédération Syndicaliste des Travailleurs de France ». Avec un sigle plus ouvert aux autres organisations syndicales (CNT, autonomes, etc.), ils espèrent fédérer au-delà des rang des « Amis de Force Ouvrière ». Jacques Hervé intervient à la tribune du congrès et déclare : « Il faut créer les conditions qui permettent de rassembler tout le monde… Je voudrais qu’au sein du titre de l’organisation on retrouve ce mot « syndicaliste » qui cristallise magnifiquement tous ceux qui se réclame de l’indépendance du syndicalisme ». Avec environ 1790 des voix pour, ils sont nettement battus par 14 260 vois contre (12 nuls et 391 abstentions). (Dans son intervention au congrès, Le Bourre, de la fédération du spectacle, défend une variante très proche, la « Confédération Syndicaliste du travail » : « … Il s’agit de se présenter avec des formules saines… qui soient susceptibles de rallier sous un fronton les camarades ouvriers, qu’ils soient anarchistes, qu’ils soient socialistes, qu’ils soient communistes, dans la mesure où ils ne sont plus staliniens »). Par ailleurs, les modifications statutaires proposées par l’UD Départementale Syndicaliste Confédérée d’Indre et Loire n’ont pas été envoyées aux syndicats de base par les organisateurs du congrès national… Maurice Jacques (PTT 37) le dénonce en vain : « Il faut tout de même dire que vous avez eu entre les mains, dans vos syndicats, un seul projet de statuts… Qu’il y a de nombreuses semaines que (l’UD Indre et Loire) a transmis au bureau confédéral des propositions de modifications aux statuts... ».
En ce qui concerne les syndicats autonomes apparus à l’époque, outre le syndicat autonome des ouvriers des métaux de Breton, à Esvres se constitue le syndicat des brasseurs de la brasserie Saint Eloi qui ne durera qu’un an. le syndicat des gens de maison qui ne vit que quelques mois lui aussi, le syndicat du livre, chez Mame, le syndicat des travailleurs de l’Etat qui, en 1951, rejoint FO. Le syndicat des travailleurs de l’Etat de Nouâtre adhère à la fédération autonome en 1948 ; son secrétaire, Lapinte, rejoint lui FO ; le syndicat des professionnels de la comptabilité adhère à FO en 1948 avant de partir dans l’autonomie en 1954, le syndicat autonome de métaux à Chinon se crée la même année dans l’entreprise PRIOU (sous inspiration SFIO).
Selon un historien du mouvement ouvrier : « On rêva d’un large regroupement de tous les syndicalistes non communistes à l’intérieur d’une même centrale rassemblant des éléments depuis la CNT jusqu’à la CFTC ». En Indre et Loire, tout comme dans le Maine et Loire et la Loire Atlantique, à coté des militants socialistes, les militants anarchosyndicalistes ou syndicalistes révolutionnaires jouèrent les tous premiers rôles dans ces évènements. « Il n’était pas écrit d’avance que la CGT-Force Ouvrière devait être une centrale syndicale réformiste et pro-américaine ! C’est du moins ce que certains anarchistes et syndicalistes révolutionnaires ont voulu croire lors de sa fondation, en avril 1948 » comme le souligne Guillaume Davranche dans le mensuel « Alternative Libertaire » de mai 2008 (2).
Dans « Le Libertaire du 28 mai 1948 » parait Le « manifeste d’Angers » signé d’Alexandre Hébert (secrétaire de l’UD FO de Loire-Atlantique), de Hervé (secrétaire de l’UD Syndicaliste Confédérée d’Indre-et-Loire), de Lacueille (secrétaire de l’UD Syndicaliste du Cher), de Patoux (secrétaire de l’UD FO du Maine-de-Loire), de Thareau (secrétaire de l’UD CNT du Maine-et-Loire) et de Périer (secrétaire du syndicat départemental des techniciens du Bâtiment FO de Maine-et-Loire). Il va tenter, vainement, de fédérer ces tendances révolutionnaires. Il précise que « Malgré certaines garanties de démocratie qu’offre cette dernière centrale (la CGT-FO), il est incontestable qu’une fraction de la classe ouvrière témoigne de la réticence à l’égard de l’orientation et de la structure de la CGT-FO… Nous affirmons que le mode d’action directe le plus opérant est l’occupation direct (des entreprises). Cette action devra de développer la prise en charge des usines ou entreprises par les travailleurs qui les géreront aux lieu et place du patronat au bénéfice de la collectivité… Actuellement, les Comités d’Entreprises ne constituent qu’une caricature de contrôle ouvrier et ne sont, très souvent, qu’une forme de collaboration entre patronat et délégués ouvriers ne servant que des intérêts égoïstes.
De même, el Conseil Economique, dans sa structure actuelle, ne saurait aboutir qu’à l’intégration du mouvement syndicale dans l’appareil de l’Etat sans aucun profit pour la classe ouvrière... ».
Au final, le 1 mai 1949, l’UD CNT du Maine et Loire, lassée des querelles et des sectarismes internes, finie par fusionner avec l’UD FO.
Le 12 et 13 novembre 1949, 150 personnes participent à la conférence nationale du Cartel d’Unité d’Action Syndicaliste. C’est une autre tentative d’unification des syndicalistes révolutionnaires et de créer un centrale syndicale révolutionnaire.
Elle va aussi échouer . Y étaient représentées la FNSA (autonomes), la tendance Unité syndicale (trotskiste), la CNT-Rail, la minorité CGT des Produits chimiques, la minorité de FO-PTT, la minorité du Livre-CGT, le Livre autonome, les Métaux autonomes de Tours, l’UD-FO du Maine-et-Loire, le Syndicat national des instituteurs du Rhône (École émancipée), le Syndicat démocratique Renault.
Beaucoup de syndicalistes révolutionnaires vont, à la suite de ces échecs, se retrouver finalement à FO ou dans les syndicats autonomes.
ES
Sources : Témoignages et archives de Jacques Hervé. En complément, « La CGT en Indre et Loire » ; Institut CGT d’histoire sociale.
(1) A cet époque là, la CNT est représentée par une soixantaine de structures en France dont une à Tours et l’autre à Saint-Pierre-des-Corps.
(2) Extrait de Guillaume Davranche dans le mensuel « Alternative Libertaire » de mai 2008 .
« Des minorités « révolutionnaires » à la CGT-FO
Quand, les 12 et 13 avril 1948, salle de la Mutualité à Paris, s’ouvre le congrès fondateur de la nouvelle confédération syndicale, les débats sont vifs sur ce que doit être son identité. L’antistalinisme est le seul dénominateur commun des quelques dizaines de délégués présents dans la salle. Pour le reste, les jeux sont ouverts. La majorité, formée par les Amis de FO, est indéniablement pro-américaine et réformiste. Mais elle doit compter avec trois minorités qui vont faire front commun pour proposer une autre orientation : ce sont le courant de l’Union des cercles d’études syndicalistes (UCES), les ex-autonomes et les anarchistes.
L’UCES a été impulsé par des cadres issus de la fédération des Ingénieurs et Techniciens, dissoute par la CGT en mars 1945. Ce courant aujourd’hui méconnu se réclame étrangement du syndicalisme révolutionnaire. En réalité, il est surtout hostile à un réformisme sans idéal. Fasciné par le modèle fordiste à l’américaine, il prône la cogestion, et préfigure ce que sera le « syndicalisme d’expertise » de la CFDT trente ans plus tard, toujours prompt à donner des conseils de gestion à l’État et au patronat. L’UCES a pour figures de proue André Lafond, de la fédération du Rail, et Raymond Le Bourre, du Spectacle. Son bulletin, L’Action sociale, influence certains dirigeants autonomes et secrétaires d’UD comme Patoux (Maine-et-Loire) et Hervé (Indre-et-Loire) ».
Annexe :
Il est toujours intéressant de connaître l’histoire. Prenons par exemple FO sur le département, ce "syndicat libre et indépendant" qui s’était donné, à sa création (le 7 mars 1948) des buts et des statuts très clairs :
Article 2 : ... Forts des expériences du passé et soucieuse d’éviter au syndicalisme les crises qu’il a connus, notamment en 1922, 1944 et 1947, l’Union précise les 5 principes de base suivants :
1/ Affirmation des buts révolutionnaires du syndicalisme tels qu’ils ont été précisés dans la charte d’Amiens.
2/ Démocratie syndicale.
3/ Indépendance du syndicalisme vis à vis de tous les partis politiques et du patronat.
4/ Indépendance du syndicalisme vis à vis de tous les gouvernements et de l’Etat.
5/ Lutte contre le fonctionnarisme et la bureaucratie syndicale.
Force est de constater que 66 ans après, les points 1 et 5 ont été mis à mal et cela ne date pas d’aujourd’hui ! Nous reproduisons ci dessous la lettre ouverte aux membres de la Commission Exécutive de l’Union Départementale de FO d’Indre et Loire, écrite le 19 avril 1979, par Jacques Hervé, responsable du groupe d’Indre et Loire des "Amis de Force Ouvrière" en 1947, secrétaire général de l’UD FO de 1948 à 1950, secrétaire adjoint de l’UD FO de 1950 à avril 1953 :
" Chers camarades,
Le 27 avril, va se tenir le congrès de notre UD
Aucune manifestation n’a marqué, l’an passé, le trentième anniversaire de la création de FORCE OUVRIERE en Touraine. Des camarades s’en sont étonnés. Il est vrai que les vétérans qui ont vécu cette époque deviennent rares. Quelques autres seraient embarassés pour monter leur carte FO de cette époque.
En février, le secrétariat de l’UD nous a adressé un texte "Statuts de l’UD". Vous avez sans doute remarqué qu’il est différent de celui qui vous avait été adressé trois semaines avant le congrès de 1977 et néanmoins soumis à vote favorable ensuite.
Quelle belle et instructive histoire que celle des statuts de l’UD. Je l’ai vécu d’abord comme acteur, et depuis bien longtemps comme spectateur attentif. Je vais vous la conter. Elle en vaux la peine.
Il était une fois... à Tours, un groupe de syndicalistes rassemblés aux "Amis de Force Ouvrière", groupuscule à l’intérieur de la CGT. Ils souhaitaient que se constitue une Organisation Syndicale libre, indépendante, fière et efficace. Lorsque la Conférence Nationale des groupes Force Ouvrière réunie à Paris, salle des agriculteurs, décide le 22 décembre 1947, de lancer un appel aux syndicalistes qui s’y trouvent encore, de rompre avec une organisation dont l’action principale n’a plus rien à voir avec la défense des intérêts des travailleurs de France, nos Tourangeaux mettent aussitôt sur pied un "COMITE DEPARTEMTAL SYNDICALISTE INDEPENDANT". S’y regroupent, "Les amis de FORCE OUVRIERE", les Comités d’Action Syndicaliste des PTT (Mourguès-Grimaldi-Mathé sur le plan national, Jacques Maurice-Rivasseau sur le plan local), celui des cheminots (Lafond-Laurent-Mehudin sur le plan national et Collet-Le Lann-Lavabre sur le plan local), les syndicats autonomes locaux qui se sont créés sur le plan tourangeau et en particulier le Syndicat des métaux de Tours (avec Breton et Archambault). le bureau de l’Union Locale de Tours où les éléments communistes sont en minorité entraine un grand nombre de syndicats en entier. Citons ceux-ci où nous étions majoritaires : Municipaux de tours, Hospitaliers de Tours, produits Chimiques de Tours-St pierre, les VRP, tous les syndicats d’employés, tous les syndicats de fonctionnaires à l’exclusion de celui... des CRS.
Sans grands moyens, mais dans l’enthousiasme commence à se bâtir une grande organisation libre et fraternelle. lorsque se précise le Congrès Constitutif de la nouvelle centrale (dont le nom n’est pas encore fixé) , les tourangeaux pour la rejoindre décident de créer leur Union départementale. Le congrès a lieu, à Tours, à la Bourse du travail (rue de Clocheville) le 7 mars 1948 et les statuts sont adoptés à l’unanimité. Ils ont pour base "la Charte d’Amiens" adoptée en 1906 par la CGT, la déclaration lancée par la Conférence Nationale des groupes "FORCE OUVRIERE réunie à Paris, salle Lancry, les 8 et 9 novembre 1947, complétés par les verrous reconnus nécessaires pour éviter que les politiciens viennent à nouveau dévoyer l’indépendance du syndicalisme reconstitué et violer les règles démocratiques. Tout ceci est repris dans l’article 2 des statuts adoptés en 1948 et, en particulier dans les deux premiers paragraphes. Aucun congrès ne les a modifiés. Il faut veiller à leur respect.
Il faut s’étonner que les modifications votées au congrès du 28 avril 1956 (art.8, 14 et 15) ne figurent pas dans le texte adressé le 19 février 1979. Le congrès de l’UD réuni à Chinon, le 28 avril 1963 a modifié l’article 7 (périodicité des congrès).
Aucune modification ne figurait à l’ordre du jour du congrès réuni à Amboise le 25 avril 1965. Par conséquent, à aucun congrès une modification de l’article 2 des statuts déposés par mes soins, à la préfecture, en 1948, n’est intervenue. Notez qu’une modification quelconque de cet article doit être proposée trois mois avant le congrès et adoptée à deux congrès consécutifs.
"Toute violation d’un des paragraphes de cet article par un responsable de l’UNION lui sera imputé comme forfaiture et entrainera son exclusion "immédiate de l’Union des Syndicats".
Mais pourquoi tous ces tripotages et ces fourberies ?
C’est, en particulier, une des questions qu’il vous faudra poser dès maintenant.
JAURES avait écrit : " Le courage c’est de rechercher la vérité "et de le dire". La vérité, on la doit d’abord à ses camarades. On ne construit rien de solide sur des mensonges et de "oublis".
Certains camarades pourraient s’étonner de mon silence sur ces faits graves, pendant tant d’années. Qu’iles rassurent, depuis fort longtemps j’ai tenu informé, tant au plan confédéral que départemental, quelques camarades. Le courage... voir plus haut...
Il vous appartient maintenant rapidement, de rétablir les statuts dans leur réalité juridique. Et, ensuite, si la majorité en décide, dans le respect des formes statutaires définies par la loi démocratique, d’en assurer la mise à jour en fonction des besoins de l’organisation et non pas pour favoriser les ambitions personnelles de qui que ce soit.
Je vous adresse, chers camarades, l’expression de mes sentiments profondément syndicalistes.
Jacques Hervé "
Visiblement, le "courage" recherché auprès des ses camarades par Jacques n’a toujours pas réapparu…
PS : Nous tenons à disposition une seconde lettre de Jacques en date du 23 septembre 2003 expliquant une nouvelle fois ces faits et dénonçant « les magouilleurs… pas forcément communistes ».