Communiqué complémentaire de l’AQUAVIT, association pour la qualité de la vie dans l’agglomération tourangelle, du 31 mars 2017 :
Depuis notre communiqué du 6 mars dernier sur le projet du Haut de la rue Nationale, des évolutions sont à prendre compte :
– Lors de l’inauguration du CCC Olivier Debré, nous avons fait part à M. le Président de la République et à Mme la Ministre de la Culture des problèmes que soulèvent le projet d’ensemble au regard des engagements et du plan de gestion souscrit par l’Etat français vis-à-vis du l’UNESCO.
– Nous avons eu rapidement réponse du Chef de l’Etat, sensible à nos préoccupations, dans ce secteur sauvegardé classé au Patrimoine Mondial. Il demande à M. le Préfet d’Indre et Loire de nous tenir directement informé des suites de notre démarche.
– Nous venons de recevoir réponse de la Commission d’Accès aux Documents Administratifs (CADA). A la suite du refus opposé par la SET à notre demande de communication des contrats signés entre la SET et Eiffage Immobilier pour l’aménagement du Haut de la rue Nationale, la CADA met en demeure la SET de nous fournir ces pièces.
– La SET et Eiffage Immobilier ont fait le point hier (cf. compte-rendu Nouvelle République de ce jour) sur les étapes à venir du chantier. On peut s’étonner de l’affirmation selon laquelle « tout a été étudié pour répondre à la Direction des Affaires Culturelles (DRAC) ». Le récent courrier de l’UNESCO présenté dans notre communiqué ci-dessous montre que le « diagnostic paysager systématique » exigé pour ce type de chantier n’a pas été réalisé et que les services de l’Etat n’ont pas répondu à la demande renouvelée de l’UNESCO.
Haut rue Nationale, va-t-on passer outre l’avis de l’UNESCO ?
S’inquiétant de l’impact désastreux du réaménagement du Haut de la rue Nationale, situé dans le périmètre classé « Val de Loire Patrimoine Mondial », l’AQUAVIT a saisi l’UNESCO en janvier 2016 afin de s’assurer de la compatibilité du projet architectural avec les engagements souscrits dans le cadre de la Convention (2000) et du Plan de Gestion (2012) par la ville de Tours. Celle-ci est considérée en effet comme « la » porte d’entrée du val de Loire et ce lieu en est l’emblème. Notre démarche a été soutenue par la plupart des associations tant locales que nationales.
Sans réponse précise du Centre du Patrimoine Mondial, l’AQUAVIT a relancé la question en janvier dernier, en l’étayant d’autres manquements de la ville de Tours à ses engagements (cf. Musée des Beaux-Arts, gestion des levées de Loire, absence d’AVAP…). Alors que des villes comme Angers font tout leur possible pour obtenir le prestigieux label, Tours devient un cancre avec les risques de sanctions qui en découlent. Pour toute réponse, l’Etat (responsable du classement) a fourni à l’UNESCO une copie d’une banale étude d’impact au sens de la réglementation nationale. Ceci n’a rien à voir avec les exigences du Plan de Gestion de « réaliser un diagnostic paysager systématique avant tout nouvel aménagement » (page 137). Une telle étude doit être réalisée avant de délivrer tout permis d’aménager ou de construire et permettrait à l’UNESCO de s’assurer que le chantier ne porte pas atteinte à la Valeur Universelle Exceptionnelle (VUE).
Ce diagnostic n’a pas été établi à ce jour. La ville de Tours et la SET cherchent à s’en dispenser, comme nous l’avions déjà fait remarquer il y a plus d’un an (janvier 2016). Depuis l’ébauche du projet en 2008, nos édiles savent pertinemment qu’il est incompatible avec les engagements souscrits. Entasser des cubes et barres de béton, verre et métal comme des pièces de lego en plein cœur du secteur sauvegardé relève au mieux de l’ignorance, au pire de l’irresponsabilité. A fortiori, quand nos décideurs ne cachent même pas les visées exclusivement spéculatives de l’opération : « On tentera à échéance, à l’appui des capacités de surélévation données par le PSMV, d’inciter les copropriétés vers la densité verticale » (SET, congrès UNTEC, juin 2015). Après avoir obtenu la possibilité d’atteindre une emprise au sol maximum dans le PSMV de 2013, la SET annonce son désir d’une densification illimitée en hauteur.
On comprend mieux ainsi les multiples vicissitudes du chantier ; le dossier devient d’une telle opacité et complexité (déjà sept enquêtes publiques…) qu’il échappe à toute compréhension populaire et se joue de toutes les réglementations. Alors que le CCC Olivier Debré (acquiescé par notre association) est inauguré, le redémarrage des travaux est annoncé. Le maître d’ouvrage osera-t-il faire fi des exigences de l’UNESCO ? Le Centre Patrimoine Mondial vient de redemander à l’Etat d’apporter des réponses à ses interrogations et d’assumer « le suivi approprié ». A ce jour, rien ne permet d’assurer que le projet architectural Front de Loire respecte le Plan de Gestion. Si oui, pourquoi toutes ces finasseries dans les documents d’urbanisme (SCOT, PLU, PSMV…) afin d’échapper aux contraintes ? Pourquoi un tel laxisme de l’Etat, qui ferme les yeux sur tous ces dysfonctionnements ? De plus, qu’en est-il du respect de la réglementation en matière d’Archéologie Préventive ? Le chantier dort depuis six mois, il est étonnant qu’aucune fouille n’ait été engagée quand on connaît la richesse potentielle du site.
Nos aménageurs vont-ils prendre le risque de faire perdre à Tours son label UNESCO « Patrimoine mondial » ? Ne vaudrait-il pas mieux suivre l’exemple de villes comme Saumur, Amboise ou Blois qui honorent cette distinction en allant au-delà-même du Plan de Gestion ?
Liens :
– Rue Nationale : http://aquavit37.fr/2014nationale/unesco.html
– Charte d’engagement : http://www.valdeloire.org/uploadfiles/publications/3141/Charte-d-engagement.pdf
– Plan de gestion : http://whc.unesco.org/document/138546
– Article La Nouvelle République "Aquavit-Unesco : l’État fera un rapport" : http://www.lanouvellerepublique.fr/Indre-et-Loire/Actualite/24-Heures/n/Contenus/Articles/2016/02/04/Aquavit-Unesco-l-Etat-fera-un-rapport-2613138
– Réponse de l’UNESCO au courrier AQUAVIT : http://aquavit37.fr/2014nationale/unesco1.jpg
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