Pendant deux mois, au printemps 1972, la grève du Joint français, une usine performante de pièces en caoutchouc, mobilise toute une région qui se bat pour sa dignité, développant des solidarités ouvrières et paysannes ébauchées en mai 1968.
Un conflit salarial classique, qui se heurte au mépris et au refus de négocier d’une direction parisienne ; des oppositions bien tranchées, et fortement vécues, qui expriment les enjeux de la grève : des ouvriers peu formés face à de puissants décideurs, des salaires dérisoires face à des bénéfices alimentés par de généreuses primes d’aménagement du territoire, les Bretons exploités face à des capitalistes parisiens et lointains.
Et, apportant une dimension plus grave, la dignité et la solidarité de gens simples qui s’opposent à la recherche aveugle du profit maximum. Le peu d’empressement à négocier du patronat et le recours aux forces policières consolident le clivage.