L’autogestion n’est plus ce qu’elle était : en manque de ressources et de bénévoles, le collectif Espace Noir lance un appel.
« Par vagues, des étudiants nous donnent de leur temps, mais le bénévolat, c’est compliqué », explique Michel Némitz, animateur du collectif. Image : DR
Par Vincent Donzé
Dépositaire d’un mouvement anarchiste figurant dans la liste des traditions vivantes de son canton, le collectif Espace Noir boit la tasse à St-Imier (BE). Ses problèmes financiers sont aggravés par le manque de bénévoles motivés, d’où un appel lancé pour payer des arriérés de loyer, mais surtout pour trouver de nouvelles recrues.
Rembourser la dette, c’est une urgence pour Michel Némitz, animateur du collectif. La programmation artistique d’Espace Noir est une vraie plus-value pour la commune, avec pas moins de 16 concerts l’an dernier. Ils sont une quarantaine par année à y travailler pour presque rien. « Par vagues, des étudiants nous donnent de leur temps, mais le bénévolat, c’est compliqué », soupire Michel Némitz. Les bénévoles vivent l’un d’une bourse d’étudiant, l’autre du revenu d’un conjoint ou encore d’une activité annexe.
L’appel financier s’adresse « aux personnes et aux associations qui estiment qu’Espace Noir est un lieu important pour la région, la scène culturelle, les mouvements sociaux et la galaxie alternative », peut-on lire dans le dernier bulletin. L’objectif : réunir 40’000 francs.
Saint-Imier, berceau de l’anarchisme
Espace Noir est une coopérative « culturelle autogérée d’inspiration libertaire » créée en 1984 qui s’est distingué en 2012 avec une rencontre internationale de l’anarchisme, 140 ans après le passage de l’anarchiste russe Michel Bakounine (1814-1876) pour l’Internationale anti-autoritaire de 1872. Un événement qui rassemblé 3’000 participants de tous les continents. En périphérie d’ une ville de 4’800 habitants, la structure qui trouverait son public à Genève peine à nouer les deux bouts. L’inscription de l’anarchisme au patrimoine cantonal n’a rien apporté au-delà d’une subvention pour ses activités culturelles.
Sur demande, Michel Némitz se mue en guide de l’anarchisme pour de esprits libertaires ou de simples curieux, jusque sur la tombe de Michel Bakounine à Bremgarten (BE). À l’Espace Noir, le volontarisme fait exister un lieu qui serait mort-né sur l’autel du rendement. Hélas, tous les bénévoles n’ont pas compris l’esprit d’un lieu ouvert à tous. « Si son fondateur Maurice Born avait fait une étude de marché, en pleine crise horlogère, le projet n’aurait pas vu le jour à St-Imier », estime Michel Némitz.
Son appel à l’aide ne s’adresse pas aux capitalistes : « Les dons de 20 francs font les grandes rivières... », conclut ce libertaire. (Le Matin)