Demain Le Grand Soir
NI DIEU, NI MAITRE, NI CHARLIE !

Le Site de Demain le Grand Soir est issu de l’émission hebdomadaire sur "Radio Béton", qui fut par le passé d’informations et de débats libertaires. L’émission s’étant désormais autonomisée (inféodé à un attelage populiste UCL37 (tendance beaufs-misogynes-virilistes-alcooliques)/gilets jaunes/sociaux-démocrates ) et, malgré la demande des anciens adhérent-es de l’association, a conservé et usurpé le nom DLGS. Heureusement, le site continue son chemin libertaire...

Le site a été attaqué et détruit par des pirates les 29 et 30 septembre 2014 au lendemain de la publication de l’avis de dissolution du groupe fasciste "Vox Populi".

Il renaît ce mardi 27 octobre 2014 de ses cendres.

" En devenant anarchistes, nous déclarons la guerre à tout ce flot de tromperie, de ruse, d’exploitation, de dépravation, de vice, d’inégalité en un mot - qu’elles ont déversé dans les coeurs de nous tous. Nous déclarons la guerre à leur manière d’agir, à leur manière de penser. Le gouverné, le trompé, l’exploité, et ainsi de suite, blessent avant tout nos sentiments d’égalité.
(....)Une fois que tu auras vu une iniquité et que tu l’auras comprise - une iniquité dans la vie, un mensonge dans la science, ou une souffrance imposée par un autre -, révolte-toi contre l’iniquité, contre le mensonge et l’injustice. Lutte ! La lutte c’est la vie d’autant plus intense que la lutte sera plus vive. Et alors tu auras vécu, et pour quelques heures de cette vie tu ne donneras pas des années de végétation dans la pourriture du marais. "

Piotr Kropotkine -

TROTSKY, UNE POLEMIQUE CHASSE L’AUTRE…
Article mis en ligne le 2 juillet 2019

par siksatnam

Produite en 2017, par la chaîne russe Channel 1 et diffusée sur Netflix, la série Trotsky a provoqué une levée de boucliers du ban et de l’arrière-ban du trotskysme international.

Un argumentaire en dix points, signé par Esteban Volkov, petit-fils de Trotsky et du Centre d’Etudes, de Recherches et de Publications-CEIP León Trotsky (Argentine-Mexique) et contre-signé par des dizaines de personnalités de ce mouvement ainsi qu’une kyrielle de groupes et groupuscules dont, pour la France, Philippe Poutou, Olivier Besancenot, Alain Krivine, Christine Poupin et le NPA, et Nathalie Arthaud, porte-parole nationale, Arlette Laguiller, Armonia Bordes et Chantal Cauquil, anciennes euro-députées, pour Lutte Ouvrière.

Cette longue série produite « à l’américaine » est, en effet, peu regardante avec la réalité historique. Ne serait-ce que par son début, où l’on découvre Trotsky en train « d’étriller » une jeune poétesse vaguement anarchisante dans le wagon de son train blindé et où des allers-retours, en gros plans sur les roues de la locomotive, nous suggèrent toute la force virile que peut mettre le dirigeant de l’armée rouge dans cette étreinte charnelle. Bref…

Un autre aspect étonnant de cette série est le rapport quasi suicidaire qu’aurait entretenu le père Léon avec son futur assassin, Ramón Mercader qui, « le pauvre », si on suit bien le scénario, aurait assassiné le dirigeant bolchevique à « l’insu de son plein gré ».

Mais l’aspect qui porte à débat, pour nous libertaires, est le point 8 de la réponse d’Esteban Volkov et du Centre d’Etudes, de Recherches et de Publications-CEIP León Trotsky (Argentine-Mexique).

S’il est déjà pénible de voir dans cette série présenter le porte-parole des marins de Kronstadt (sous-entendu ses congénères aussi) comme un alcoolique notoire, la thèse défendue pars Esteban Volkov et consort est la suivante : « Pour ce qui est de Kronstadt il faut prendre en compte que la composition de la garnison, lors de la révolte, était absolument distincte de celle de 1917, lorsque ses marins avaient été l’avant-garde de la révolution. L’une des confirmations du caractère contre-révolutionnaire de la révolte était le fait qu’elle avait été annoncée, deux semaines à l’avance, dans la presse internationale et les gazettes d’exilés russes. Trotsky signalera également la réaction haussière des marchés lorsque fut faite l’annonce du soulèvement de Kronstadt  ».

C’est-à-dire, une thèse tout à fait « traditionnelle » du trotskysme international qui, lorsqu’il parle du massacre de la garnison de Kronstadt par les troupes de l’armée rouge, dirigées par Léon Trotsky, en 1921, concède « une tragique nécessité » historique…

Or, si cette « explication » convient en France à Lutte Ouvrière, on est surpris de la voir à nouveau validée par le NPA, dont certains penseurs, et non des moindres tel de Daniel Bensaïd, avaient condamné sans appel ce crime contre la révolution, justifié à nouveau dans cette lettre par des « arguments » de bazars qui vont à l’encontre de tous les textes publiées par les marins insurgés de Kronstadt.

Pour ne citer qu’un des plus connus, ils publient le 6 mars 1921, un message radio « aux ouvriers du monde entier », proclamant : «  Nous sommes partisans du pouvoir des soviets, non des partis. Nous sommes pour l’élection libre de représentants des masses travailleuses. Les soviets fantoches manipulés par le Parti communiste ont toujours été sourds à nos besoins et à nos revendications ; nous n’avons reçu qu’une réponse : la mitraille […]. Camarades ! Non seulement ils vous trompent, mais ils travestissent délibérément la vérité et nous diffament de la façon la plus méprisable […]. À Cronstadt, tout le pouvoir est exclusivement entre les mains des marins, soldats et ouvriers révolutionnaires […]. Vive le prolétariat et la paysannerie révolutionnaire ! Vive le pouvoir des soviets librement élus !  ».

Le 19 mars 1921, l’insurrection de Kronstadt est liquidée dans le sang par l’armée rouge. Pour les mois d’avril-juin 1921, il y eut 2 103 condamnations à mort et 6 459 condamnations à des peines de prison ou de camp.. 4 836 marins de Kronstadt sont arrêtés et transférés en Crimée ou dans le Caucase. Lénine ordonne le 19 avril qu’ils soient finalement envoyés dans des camps de travail obligatoire (futurs camps du Goulag) des régions d’Arkhangelsk, de Vologda et de Mourmansk. Huit mille marins, soldats et civils s’échappent vers la Finlande en marchant sur la glace. Un an après les faits, Moscou annonce une amnistie pour les « coupables ». Certains des réfugiés en Finlande y croient. À peine rentrés, ils sont expédiés en camp.

La vérité historique elle est là et non pas dans la « justification » de crimes impardonnables et l’on pensait que le NPA avait renoncé à justifier ce qui ne pouvait pas l’être depuis plusieurs années. La vérité historique est que Trotsky a défendu et mis en pratique la terreur contre les opposantes et opposants du régime, et a violemment réprimé les soulèvements populaires qui ne convenaient pas à la ligne du parti. Le reste n’est que mauvaise littérature…

ES