Le ministre de l’écologie, du développement et de l’aménagement durable (Jean-Louis
Borloo) propose la tenue d’un grenelle de l’environnement.
Bien, mais comment peut-on accorder un quelconque crédit à tous ceux qui affirment
péremptoirement :"nous nous sommes toujours préoccupés de l’avenir de notre planète et
avons toujours agit avec respect pour elle" ?
Comment d’ailleurs résister au bourrage de crâne infligé par les idéologues libéraux, à longueur
de journée, d’éditorial et de plateau de télévision ?
Comment clouer le bec à ses imprécateurs qui sont à l’écologie ce que la Star Academy est à
la culture ?
Ce Grenelle de l’environnement relève plus du spectacle, comme nous l’a habitué le président
de la république, son gouvernement et bon nombres de politiciens.
Ces politiciens sont plus préoccupés d’obtenir un label "écologiquement correct" sur leur
pressbook plutôt que d’avoir une réelle prise en compte de l’avenir de la planète et des ses
populations. Parallèlement on en profite pour développer un secteur de marché.
En effet comment peut-on croire à un renversement de situation de la stratégie des entreprises,
quand celles-ci considèrent que REACH, par son application, met en danger l’avenir
des industries chimiques et exerce un chantage insupportable sur la pérennité économique
des entreprises et donc de l’emploi auprès de la commission de Bruxelles ?
Comment peut-on croire que ce gouvernement puisse imposer des contraintes aux industries
chimiques quand leurs dirigeants réclament de ce même gouvernement moins de réglementations
?
Comment peut-on croire ceux qui ne pensent qu’à délocaliser les industries chimiques et
stocker leurs déchets dans des pays sans réglementations ?
Comment peut-on croire ces mêmes dirigeants d’entreprises, quand la rentabilité financière
prime sur les investissements matériels et humains au détriment de la sécurité des installations,
de celle des salariés et plus largement celle de la population.
Doit-on rappeler notamment la catastrophe d’AZF Toulouse qui aurait due régler ces
questions d’environnement et de risques professionnelles alors qu’en fait on continue à
"gérer" les probabilités d’accidents ?
Comment peut-on croire un changement de la politique des transports, quand la SNCF annonce
des centaines de fermetures de gares mettant sur la route des tonnes de produits dangereux
et toujours plus de poids lourds ? Pour la même consommation d’énergie, un seul
train transporte la valeur de 19 camions.
On envoie, encore une fois, les responsabilités sur les individus et leurs comportements en
dédouanant les vrais responsables. Voilà encore un discours qui dit le contraire de ce qu’il
prétend annoncé...
Le développement durable est devenu une référence obligée des responsables politiques et
des institutions internationales. En fait, ce concept est arrivé à point nommé pour aider les
classes dirigeantes à redonner une légitimité au développement mise à mal par l’accroissement
exponentiel, des inégalités et des dégâts écologiques.
Pour autant, la CGT ne rejette pas l’idée de développement. Cependant la sauvegarde de la
nature sans l’Homme à notre avis n’a pas de sens. En effet, les besoins primordiaux d’une
bonne moitié de l’humanité restent insatisfaits. Les pays pauvres doivent donc pouvoir
connaître un temps de croissance et d’amélioration de leur condition. Car pour faire disparaître
l’analphabétisme il faut bâtir des écoles, pour améliorer la santé il faut construire des
hôpitaux et acheminer l’eau potable ; pour retrouver une large autonomie alimentaire, il faut
encourager l’agriculture vivrière. L’échec du développement au XXème siècle est davantage le
produit des rapports de forces qui ont tourné à l’avantage exclusif des nantis que l’échec du
développement en lui-même.
Le développement connu jusqu’ici est historiquement lié à l’accumulation capitaliste au profit
d’une classe minoritaire. De même, son envers, le sous-développement est lié aux visées impérialistes
du capital, notamment dans sa phase d’accumulation financière.
Dissocier la critique du développement de celle du capitalisme dont il est le support reviendrait
à dédouaner celui-ci de l’exploitation conjointe de l’homme et de la nature. Or, sans l’exploitation
de l’homme le système n’aurait pu tirer parti de l’exploitation de la nature, et sans
l’exploitation de la nature, l’exploitation de l’homme n’aurait eu aucune base matérielle.
Il en résulte que parler du développement social et durable sans parler de "sortir du capitalisme"
est un slogan non seulement erroné mais mystificateur à son tour.
Tours, le 12-10-2007
Syndicat CGT SWI - Groupe Sanofi Aventis
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