Des McdDonald’s ouverts, des marchés de plein vent fermés, la crise du coronavirus nous invite à réfléchir sur notre modèle alimentaire : quelle alimentation souhaitons-nous ? Quelles conditions économiques et sociales pour celles et ceux qui la produisent et la distribuent ? Que ce soit dans les champs ou sur le reste de la chaîne alimentaire, la Confédération paysanne revendique un système plus juste et plus respectueux de celles et ceux qui travaillent pour nous nourrir.
Une enquête de Mediapart* révélait en début de semaine que « 12 restaurants sur les 1 490 que compte McDonald’s France sont restés ouverts, en drive-in et pour la livraison à domicile. Ils sont tous situés dans la région de Tours et sont détenus par Bernard Simmenauer, l’un des plus gros franchisés du pays, à la tête de plus de 22 établissements ».
Pour la Confédération paysanne, il y a là au moins deux problèmes. D’abord le deux poids deux mesures : pendant que ces restaurants peuvent continuer leurs activités de livraison, les marchés de plein vent sont interdits depuis le 24 mars sauf dérogation. Dans le département tous les marchés n’ont pas obtenus de dérogation, mettant donc en difficulté les petits commerçant·es et réduisant l’accès à des aliments locaux pour les consommateurs.
Et puis surtout, l’irresponsabilité dramatique de ce franchisé McDonald’s de faire travailler des salariés sans protection suffisante si les faits décrits dans l’enquête sont confirmés**. Notons que sur les fermes et sur les marchés, les paysans et autres commerçants ont mis le maximum en œuvre pour protéger celles et ceux qui travaillent et qui font leurs courses, avec un "guide de bonnes pratiques" édité dès le début du confinement par la Confédération paysanne et la Fédération des marchés de France. Il est ahurissant que des entreprises « expérimentent » le travail de leurs salariés sans avoir mis en place en amont les mesures nécessaires de protection. Il est scandaleux de voir que des grandes entreprises tentent de jouer sur les failles juridiques, compromettant les efforts collectifs pour limiter l’épidémie.
Cette crise est l’occasion de repenser notre système alimentaire sous toutes ses facettes : la qualité des aliments que nous mangeons, mais aussi les conditions de production de ces aliments. Dans quelles conditions travaillent celles et ceux qui produisent ou distribuent ce que nous mangeons ? Avec quelle sécurité sanitaire ? Quelle rémunération ? Les paysan·nes de la Confédération paysanne sont solidaires avec les salarié·es de McDonald’s qui sont victimes, comme eux, du néolibéralisme qui n’a que faire des travailleurs, de la justice sociale et de la qualité de l’alimentation.
La Confédération paysanne appelle à une convergence des luttes et à une nouvelle PAAC avec deux « A » : Politique agricole et alimentaire commune. Avec ses partenaires de la Plateforme pour une nouvelle PAAC, le syndicat invite à réorienter les politiques agricoles pour permettre la relocalisation des activités alimentaires, le partage de la valeur ajoutée et la qualité nutritionnelle et gustative de notre nourriture***. Le budget de la PAAC doit permettre de soutenir une agriculture et une alimentation de qualité, produite et distribuée dans des conditions dignes.
Confédération paysanne 37.