Demain Le Grand Soir
NI DIEU, NI MAITRE, NI CHARLIE !

Le Site de Demain le Grand Soir est issu de l’émission hebdomadaire sur "Radio Béton", qui fut par le passé d’informations et de débats libertaires. L’émission s’étant désormais autonomisée (inféodé à un attelage populiste UCL37 (tendance beaufs-misogynes-virilistes-alcooliques)/gilets jaunes/sociaux-démocrates ) et, malgré la demande des anciens adhérent-es de l’association, a conservé et usurpé le nom DLGS. Heureusement, le site continue son chemin libertaire...

Le site a été attaqué et détruit par des pirates les 29 et 30 septembre 2014 au lendemain de la publication de l’avis de dissolution du groupe fasciste "Vox Populi".

Il renaît ce mardi 27 octobre 2014 de ses cendres.

" En devenant anarchistes, nous déclarons la guerre à tout ce flot de tromperie, de ruse, d’exploitation, de dépravation, de vice, d’inégalité en un mot - qu’elles ont déversé dans les coeurs de nous tous. Nous déclarons la guerre à leur manière d’agir, à leur manière de penser. Le gouverné, le trompé, l’exploité, et ainsi de suite, blessent avant tout nos sentiments d’égalité.
(....)Une fois que tu auras vu une iniquité et que tu l’auras comprise - une iniquité dans la vie, un mensonge dans la science, ou une souffrance imposée par un autre -, révolte-toi contre l’iniquité, contre le mensonge et l’injustice. Lutte ! La lutte c’est la vie d’autant plus intense que la lutte sera plus vive. Et alors tu auras vécu, et pour quelques heures de cette vie tu ne donneras pas des années de végétation dans la pourriture du marais. "

Piotr Kropotkine -

AVEC LES "SANS PAPIERS", ENFANTS DE REPUBLICAINS ESPAGNOLS ET DE BRIGADISTES.
Article mis en ligne le 13 octobre 2020

par siksatnam

Comme des millions de Françaises et Français, nous sommes enfants, petits-enfants d’« indésirables », les Républicains espagnols, ceux aussi des volontaires des Brigades Internationales. Nous affirmons notre soutien total à la marche et à toutes les revendications des « sans-papiers » qui manifesteront à Paris le 17 octobre.

Ce n’est pas la même histoire, ce ne sont pas les mêmes personnes, cependant le malheur est le même. 80 ans après, nous refusons la répétition de l’ignominie.

En 1939, les nôtres, 500 mille Espagnols qui fuyaient l’horreur franquiste, les bombes et la misère, furent parqués dans les camps de concentration sur la plage où les femmes creusaient des trous dans le sable, les premières nuits, pour protéger les enfants, où des milliers moururent de leurs blessures, de maladie, de désespoir, où des gendarmes à cheval chassaient ceux qui s’approchaient des barbelés pour leur venir en aide.

Nos parents, si maltraités, si humiliés par la France officielle, furent ensuite parmi les premiers à se lever contre l’occupant nazi. Dés 1941, les guérilleros espagnols entrèrent dans la lutte armée. C’est La Nueve, la compagnie de la 2ème DB, composée de Républicains espagnols, qui entra la première dans Paris. En même temps qu’au général Leclerc, c’est à un brigadiste français, le colonel Rol Tanguy, que le général nazi commandant la place de Paris, restitua les clefs de la capitale. Depuis, nous mêmes, par notre travail, notre amour pour la France, avons largement remercié la solidarité que le peuple et ses organisations témoignèrent aux nôtres.

Aujourd’hui, 350 000 mille migrants, chassés par les bombes et la misère, sont sur notre sol. A Calais, des femmes, des nourrissons, dorment à même le sol, cachés dans des buissons, quelles que soient les conditions climatiques. Il est interdit aux associations de leur distribuer des vivres en ville. A Paris, 500 mineurs ont dormi dans la rue, à la veille de la rentrée scolaire. Le dernier rapport de la Cimade souligne que de plus en plus d’enfants sont placés derrière les barreaux des centres de rétention.

Les Moussa, Mamadou, Siaka, Fatima, tous les « sans papiers », les clandestins, sont nos amis. Pendant le confinement, nous les avons vus prendre le métro, le train, le bus, pour aller entretenir les rues et les bureaux déserts, faire la plonge et le ménage dans les maisons de retraite, poursuivre les travaux sur les chantiers, ramasser nos poubelles. Et puis, rentrer dans des squats surpeuplés et insalubres. Ils vivent ici, ils travaillent ici, ils sont et seront d’ici.

Enfants des maçons, journaliers, femmes de ménage, médecins, enseignants et intellectuels espagnols, enfants des volontaires des Brigades Internationales, notre mémoire française est emplie des souffrances et humiliations des nôtres, de leur espoir invaincu. Elle ne se confine pas au musée, elle ne se contente pas de témoigner, de commémorer. Elle est vivante et solidaire, elle interprète le présent et anticipe l’avenir. Nous refusons que d’autres générations grandissent parmi nous, la mémoire pleine de cicatrices.

Avec les 230 associations et les syndicats qui les soutiennent, nous exigeons :

 la régularisation de tous les « sans papiers ».

 la fermeture des centres de rétention.

 Un logement pour tous.

Nous affirmons que, pour mettre fin aux trafics d’être humains, il faut aller chercher ceux qui se noient en mer, ceux qui, début septembre, ont vu brûler le camp grec de Moria (12 700 personnes dont 4 000 enfants). Alors que l’hiver approche, les pays de l’Union Européenne négocient misérablement lequel en accueillera 10 ou 50.

L’Europe, la France, qui, au fil des siècles, ont envoyé des millions de migrants se réfugier au « Nouveau monde », coloniser l’Afrique, dont les ports se sont enrichis avec le commerce d’esclaves, traitent les migrants d’aujourd’hui comme des chiens. Nous ne laisserons pas faire.

Derrière chacun des maltraités, humiliés d’aujourd’hui, nous voyons se dresser l’ombre de nos parents. La négation des droits des « sans-papiers », de leur humanité, est telle qu’elle autorise un commentateur comme Zemmour à affirmer sur CNews que « tous » les enfants migrants sont « violeurs, sont assassins, sont voleurs ».

Nous avons été ces enfants, sommes leurs enfants et petits-enfants. Nous sommes emplis d’effroi et de chagrin. Nous sommes en rage, la mémoire nous brûle. Cela suffit !
Nous espérons que ceux qui partagent nos souvenirs, celles et ceux qui connaissent, s’indignent et s’émeuvent encore devant ce chapitre de l’histoire signeront et relaieront cet appel. D’ores et déjà, des amis de l’Espagne Républicaine ont tenu à s’y associer.

Sylvie Allouin. Administratrice de « Réfugiés Espagnols En France ».

Marie Thérèse Anton. Traductrice-interprète.

Diego Arrabal. Écrivain.

Aline Barbier. Enseignante d’arts plastiques.

Francisco Barreira. Administrateur de « Réfugiés Espagnols en France ».

Georges Bartoli. Photographe.

Cali. Auteur, compositeur, interprète.

Pierre Carles. Réalisateur.

Raymond Cubells. Président de l’Amicale Du Camp De Concentration Du Vernet.

Gonzalo Dorado. Cadre Territorial.

Geneviève Dreyfus Armand Auvray. Historienne.

Claudine Ducol. Journaliste.

Céleste Escudero. (veuve de Lény Escudero)

Henri Farreny. Président De l’Amicale Des Anciens Guérilleros Espagnols En France-FFI.

José Fort. Journaliste.

Geneviève Feixas. Psychologue.

José Gonzàlez. Infirmier psychiatrique.

Anna-Maria Guerrero. Éclairagiste spectacle.

Maria Lorente. Administratrice de « Réfugiés Espagnols En France ».

Eloy Martinez Monegal. Président de l’ASEREF (Association Pour Le Souvenir De L’exil Républicain En France).

Jean Ortiz. Universitaire.

Joachim Pano. Administrateur de « Réfugiés Espagnols En France ».

Maité Pinero. Journaliste. Écrivaine.

Sabine Reynosa. Informaticienne.

Madeleine Riffaud. Résistante, poétesse, correspondante de guerre.

Claire Rol Tanguy. Militante associative.

Olivia Ruiz. Auteure-compositrice-chanteuse. Réalisatrice. Écrivaine.

Raymond San Geroteo. Directeur commercial.

Marie-Françoise Sanchez. Cadre action sociale de l’énergie.

Laurent Sanchis. Éducateur spécialisé.

Émile Turlan. Cadre territorial.

Maxime Vivas. Écrivain. Administrateur du site legrandsoir.