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La colonie d’Aymare (1939-1967) - [ Demain Le Grand Soir]
Demain Le Grand Soir
NI DIEU, NI MAITRE, NI CHARLIE !

Le Site de Demain le Grand Soir est issu de l’émission hebdomadaire sur "Radio Béton", qui fut par le passé d’informations et de débats libertaires. L’émission s’étant désormais autonomisée (inféodé à un attelage populiste UCL37 (tendance beaufs-misogynes-virilistes-alcooliques)/gilets jaunes/sociaux-démocrates ) et, malgré la demande des anciens adhérent-es de l’association, a conservé et usurpé le nom DLGS. Heureusement, le site continue son chemin libertaire...

Le site a été attaqué et détruit par des pirates les 29 et 30 septembre 2014 au lendemain de la publication de l’avis de dissolution du groupe fasciste "Vox Populi".

Il renaît ce mardi 27 octobre 2014 de ses cendres.

" En devenant anarchistes, nous déclarons la guerre à tout ce flot de tromperie, de ruse, d’exploitation, de dépravation, de vice, d’inégalité en un mot - qu’elles ont déversé dans les coeurs de nous tous. Nous déclarons la guerre à leur manière d’agir, à leur manière de penser. Le gouverné, le trompé, l’exploité, et ainsi de suite, blessent avant tout nos sentiments d’égalité.
(....)Une fois que tu auras vu une iniquité et que tu l’auras comprise - une iniquité dans la vie, un mensonge dans la science, ou une souffrance imposée par un autre -, révolte-toi contre l’iniquité, contre le mensonge et l’injustice. Lutte ! La lutte c’est la vie d’autant plus intense que la lutte sera plus vive. Et alors tu auras vécu, et pour quelques heures de cette vie tu ne donneras pas des années de végétation dans la pourriture du marais. "

Piotr Kropotkine -

La colonie d’Aymare (1939-1967)
Article mis en ligne le 28 mai 2021
dernière modification le 29 mai 2021

par siksatnam

1939-1967 (1) : La Colonia de Aymaré – Colonie d’Aymare (2) se situe dans le Lot en Pays de Haute-Bouriane, à Gourdon-Le-Vigan. Il s’agit d’une exploitation de moins de 120 ha (3) (dont 28 ha de bonnes terres) qui jouxte un château en ruines. Il y a de nombreuses dépendances (qui sont remises en état et parfois rajoutées ultérieurement), des greniers et granges, une bergerie, des poulaillers, une ancienne chapelle qui contient un four à pain et un silo à grains. L’exploitation agricole a fonctionné jusqu’à l’été 1939. Encore aujourd’hui (2016) les bois et prairies sont dominants dans tout le secteur, et le site pas simple d’accès ; on comprend qu’il a pu servir de refuge.

L’avocat de gauche André BERTHON (1882-1968), en février 1939, accepte de vendre sa propriété à un représentant du CG-Conseil Général du MLE-Mouvement Libertaire Espagnol et à l’entrepreneur libertaire marseillais Jean ROUMILHAC (1892-1949), membre de la Franc-maçonnerie et de la SIA-Solidarité Internationale Antifasciste, qui sert volontiers de prête-nom. L’achat se réalise au milieu de l’année, en mai. Les fonds proviennent essentiellement du CAER-Comité d’Aide à l’Espagne Républicaine, du SIA et de la CNT. Les liens sont forts avec Pedro HERRERA (1909-1969) chargé d’aider des réfugiés espagnols libertaires à s’insérer dans le tissu économique français, et avec Jacques RAMBAUD (né en 1898) qui a créé une coopérative de réfugiés espagnols. Les premiers réfugiés, sans doute provenant du Barcarès puis du Vernet d’Ariège, arrivent fin juillet et début août 1939 ; il y aurait 36 hommes établis au Vigan en septembre 1939 (4), voire plus (71 ?)(5). La plupart sont aragonais, cénétistes et membres de la 26° division, ex-Colonne DURRUTI. Beaucoup ont eu l’expérience des collectivités de 1936-38 et du travail agricole. Très vite ils remettent en état l’exploitation. Femmes et enfants arrivent pratiquement tous plus tard. En fin 1939 on compte 90 personnes : 31 hommes, 24 femmes, 33 enfants et 2 personnes âgées (6). En janvier 1940 le total des présents atteint les 71 personnes selon les autorités françaises (7). Ainsi Aymare est d’abord un lieu d’accueil et de prise en charge de réfugiés libertaires ; en fin 1939, Jean ROUMILHAC devient propriétaire et se lance dans la création d’une coopérative agricole. Mais la préfecture ordonne les reclassements et le travail forcé des réfugiés (loi du 27 septembre 1939) et ne laisse à Aymare qu’une quinzaine de personnes ; la plupart des hommes valides sont employés dans l’agriculture et le travail du bois. Le projet de coopérative est donc reporté.

Durant la Seconde guerre mondiale, le groupe s’étiole ; il ne compterait plus qu’une douzaine de personnes, dont 9 résidents (8). Francisco DIEZHANDINO (né en 1904) semble désormais le vrai coordinateur du milieu libre. Les autres familles ont été dispersées, mais certaines vivent à proximité d’Aymare et parfois y travaillent et viennent y passer leurs congés. La vie économique est rude, la production restreinte, l’élevage dérisoire ; on tente cependant l’élevage des porcs à plus grande échelle. On trafique également avec l’entreprise marseillaise de ROUMILHAC, ce qui est une forme déguisée d’entraide. En 1940 Aymare accueillerait des militants blessés ou handicapés qui nécessitent une aide immédiate. Le lieu fonctionnerait un peu également comme base d’appuis ou de refuges de résistants, réfractaires ou clandestins : des maquisards du Lot s’y réfugient en 1943. Mais s’il admet le côté refuge, Olivier HIARD affirme que l’activité résistante parfois évoquée n’est pas prouvée (9).

Dès 1944 et dans l’après-guerre, c’est la reprise par le MLE. Le responsable anarcho-syndicaliste Juan GÓMEZ CASAS évoque en 1992 l’appui des militants et la visite très positive que font à Aimare (sic) au sortir de la Seconde guerre mondiale Fausto et Aurora, les héros du roman ; dans ce court extrait l’auteur relie cette expérience « à échelle réduite » et les collectivités de 1936 (10). Mais le mouvement libertaire, divisé entre « orthodoxes » (majoritaires en France, minoritaires en Espagne) et « politiques ou collaborationnistes » (minoritaires en France, majoritaires en Espagne), fait d’Aymare un enjeu. La situation juridique devient stupide, conflictuelle et désespérante, d’autant que Francisco DIEZHANDINO appartient au deuxième courant et qu’il a l’appui de la CNT d’Espagne. La communauté accueille cependant malades et handicapés, d’où le nom de Colonia de Enfermos y Mutilados qu’on lui attribue parfois ; ce qui explique d’autres appuis ou interventions comme ceux du SIC-Section des Invalides Confédérés (Roque LLOP), de LM-La Liga de Mutilados de la Guerra de España (avec Antonio TRABAL), ou de l’IRO-Organisation Internationale des Réfugiés alors animée par Mme Suzanne BOREL-BIDAULT, femme d’un des responsables de la IV° République. Les productions céréalières et l’élevage reprennent, avec une production animale relativement développée, mais « toujours dans une économie de subsistance, les rendements restant assez faibles » (11).

La communauté du Vigan compte 51 personnes en 1946 dont 46 réfugiées, mais une dizaine d’entre elles seulement vivent au château (12). En fin 1947, près d’une vingtaine de personnes y logent. Elle accueille une douzaine de valides plus les malades vers 1948, et atteint la bonne trentaine de personnes vers 1953 (13). On le voit, les statistiques sont difficiles à réaliser, car il y a pas mal de passages, et la comptabilité entre résidents, compagnons extérieurs réguliers, compagnons extérieurs irréguliers… n’est pas simple.

Après 1947, les anciens quittent la place ; de nouveaux libertaires espagnols exilés en France (dont Vicente SÁNCHEZ MIGALLÓN 1915-1993 et son épouse Miguela) veulent transformer la Colonia de Aymaré – Colonie d’Aymare (14) en une vraie collectivité libertaire autogérée (une forme de coopérative agricole). Ils sont une petite vingtaine en 1949. La Colonie se dote de Statuts (Cooperativa de producción de la Colonia de Mutilados de Aymare (15) le 18/09/1948, et vote ses règlements (Plan de Derechos y Necesidades (16) et ses plans de travail tous les ans ; des contrôles de trésorerie ont lieu tous les 3 mois. Le tout est approuvé par CNT, SIC, LM, SIA. 5 administrateurs se succèdent : Vicente SÁNCHEZ (1948-54), Antonio MORALES GÚZMAN (54-56), José ROMERO (56-58), LÓPEZ GALI (58-60) et José VERGARA (jusqu’en 1963) (17).

Ce lieu est en grande partie auto-construit, les militants de passage donnant de nombreux coups de mains, surtout pour les récoltes et pour rénover les bâtiments et surtout pour les travaux d’adduction d’eau ; on fait appel parfois à une coopérative du bâtiment composée en partie par des libertaires de la région bordelaise dont Federico GALLAGO (Coopérative Pessacaise du bâtiment). Par exemple le Pavillon pour les mutilés (7 chambres et 14 lits), soutenu par l’OIR, est inauguré en 1950. Des militants se cotisent pour l’achat d’un tracteur (1948) ce qui permet d’épauler les 2 bœufs et le cheval qui étaient alors les seules vraies forces motrices (18). Le nouveau tracteur acheté en août 1955 est dû au succès d’une souscription lancée par la CNT. L’agronome libertaire bulgare Georges BALKANSKI (né GRIGOROFF 1906-1996) est sollicité pour donner des conseils. Il semble que le géologue libertaire Alberto CARSÍ LACASA (1876-1960) a également été sollicité ; ses remarques sont sans doute fondées, il avait en son temps étudié le système hydraulique de la région catalane.

À Aymare on peut ainsi noter une volonté de réaliser une application à petite échelle du « communisme libertaire » note José BORRÁS (19) (ou de « liberté collectiviste » nous dit Augustin SOUCHY (20), un peu à l’image des collectivités de la guerre civile que tous les deux connaissent très bien. Les responsabilités sont assumées collectivement (une assemblée générale mensuelle), elles sont tournantes (en général la durée est de 6 mois). La ferme doit produire pour assurer l’autosuffisance, et chacun y met ce qu’il y peut et théoriquement peut puiser au tas-tomar del montón (« de chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins », si on rappelle l’antique formule communiste). La paie n’y existe pas au début.

Un potager, le petit élevage, les cultures diversifiées (légumes, tabac…) avec une grande étendue en blé, le travail du bois, les cueillettes dans les proximités d’Aymare permettent d’obtenir le minimum. La vie y est dure, dans des conditions difficiles, et le travail important : longues journées et peu de vacances (12 jours par an). Les aides et dons permettent cependant de s’équiper en gros matériel et en animaux, de capter l’eau, et de rénover les dépendances ou d’en créer de nouvelles (lapinière, poulaillers (21)…). L’irrigation tardive (l’eau courante n’est possible que vers 1954) permet de diversifier les cultures (tout en améliorant le confort). À côté de la centaine de moutons et des porcs de plus en plus nombreux en semi-liberté, les colons décident de tenter une production semi-industrielle de poules et de lapins. Il est donc à noter qu’ils ne sont pas antiproductivistes, car l’urgence c’est d’obtenir si possible l’autonomie et de pouvoir mieux vivre.

Quelques activités propagandistes sont mises en place, notamment un essai de radio libertaire (liée au MLE) en juin 1948 avec le célèbre intellectuel anarchiste Felipe ALÁIZ (1887-1959) et avec l’artiste et intellectuel Téodoro MONGE. Mais la radio est vite interdite par le gouvernement français de Maurice SCHUMANN ; elle ne dure que 3 semaines. Le 18 juin 2016 les causeries d’Aymare se sont faites auprès du lieu de l’émetteur proche du château dont il reste une partie de socle.

Entre autogestion et autoproduction, cette Colonie va vivoter jusqu’en 1961. L’apogée de la production semble se situer au milieu des années 1950. Après, mauvaises récoltes, épizooties, climat rigoureux, manque d’agriculteurs… ne permettent plus l’autosuffisance. Aymare ne peut survivre que grâce aux aides extérieures, qui persistent et même parfois s’organisent, comme avec l’association Les Amis d’Aymare créés en 1956. La colonie donne alors une mauvaise image des réalisations libertaires, et prive la CNT espagnole et la lutte clandestine des subsides qu’elle immobilise. Des 1955-56, CNT et MLE, tout en maintenant une aide minimale, pensent abandonner l’expérience. La colonie se vide progressivement, et le désastre et la fraude comptables révélés vers 1960 sonnent le glas. En 1961, la CNT réunifiée décide l’abandon de cette expérience communautaire, qui manque de fonds et d’hommes, et qui ne permet qu’un confort minimal à ses occupants. De 1961 à 1963 trois couples autour de José VERGARA tentent de remettre sur pied une ultime société d’exploitation. En été 1963 les matériels sont vendus. Il faut attendre décembre 1967 pour que l’exploitation soit vendue avec l’appui du fils du maire du Vigan (et à son profit – Familles DELCHIÉ), et dans de bonnes conditions grâce aux descendants de ROUMILHAC, mais en laissant bien des amertumes pour celles et ceux qui poursuivaient le rêve communautaire libertaire.

Aymare a pourtant énormément rayonné bien au-delà de ses membres. C’est une colonie qui intrigue le voisinage, mais qui sait très bien se lier avec lui ; l’entraide, les visites… semblent nombreuses et les rapports seraient « excellents » avec les paysans proches (22). La Colonie, très liée à la CNT, à la SIA et à La ligue des mutilés, a souvent été citée dans les organes militants (comme Solidaridad Obrera, CNT ou Cénit). Elle a même accueilli des réunions officielles : en juillet 1951 le 1° regroupement CNT de Montauban et Fumel, ou en juillet 1952 le III° Plenum Intercontinental de la CNT en Exil, avec présence de John ANDERSON, secrétaire général de l’AIT. La colonie propose à ses membres, aux amis et soutiens et aux voisins des fêtes, expositions (de photographies en février 1953), conférences et charlas, séances de théâtre et de cinéma à ciel ouvert, soirées conviviales, « jiras » (excursions) et « concentraciones » (pique-niques et regroupements souvent militants)… Elle ouvre une assez copieuse bibliothèque, et héberge bien des compagnons de passage, parfois sous la forme de camping militant, par exemple, notamment avec les Jeunesses Libertaires, dès 1952. La collectivité reçoit un grand nombre d’aides et/ou de vacanciers solidaires. Nombreux sont les libertaires parfois célèbres qui y séjournent quelque temps : Diego ABAD DE SANTILLÁN, Felip ALAÍZ, Federica MONTSENY, Valentin MONTANÉ, José BORRÁS CASCAROSA, Juan FERRER, Alberto CARSI, le français Paul LAPEYRE, l’allemand Augustin SOUCHY, la sympathisante étatsunienne Nancy MACDONALD fondatrice en 1953 du SRA-Spanish Refugee Aid, le bulgare Georges BALKANSKI ou le fameux GANDHI connu par son seul surnom, le suédois de la SAC Nils LÄTT… Les docteurs militants répondent aussi présents, comme le local RABAL, l’anarchiste José PUJOL GRÚA sur Toulouse, ou la responsable de Mujeres Libres Amparo POCH Y GASCÓN (1902-1968). Il semble que des militants de l’intérieur (Espagne) aient été parfois discrètement accueillis. Si des responsables et des militants de la lutte armée y passent occasionnellement, Aymare n’est vraisemblablement pas une base arrière, ni une école de cadres.

En 1996-1997 le propriétaire Roland DELCHIÉ accepta que se tiennent deux journées rétrospectives dans l’exploitation. Il faut dire qu’il était le fils de l’ancien maire qui avait été très solidaire avec les réfugiés espagnols. En 2009 sort le DVD Aymare collectivité libertaire chez Iris-Le Coquelicot. En 2012 le CTDEE avec Jean REVERTER organise une visite-commémoration à Aymare. Avec les livres de José VERGARA (1996), du SIA (2005), de Vicente SÁNCHEZ (2007), celui très bien construit d’Olivier HIARD (2014), et le dossier du REHIC (2015) la collectivité est enfin sortie de l’oubli. En juin 2016 y sont programmées des discussions sur l’autogestion. Elles aboutissent à une belle rencontre sur l’exil, les collectivités et colonies libertaires, le retentissement local, et une évocation du cas argentin. Malgré un temps médiocre, le site, la qualité de l’accueil et des intervenants et une superbe paella ont permis de passer une fort belle journée. L’eau abondante n’a pas gaché la journée, et même cela renvoyait de manière amusante au dessin satirique de CALL de 1954 qui montrait déjà un lieu quasiment sous l’eau (23).

Pour tenter de conclure Aymare reste « un objet unique dans l’histoire du mouvement anarchiste » (24) car elle ne fut ni un milieu libre, ni une collectivité comme celles de 1936, ni un simple lieu sanitaire pour anciens ou handicapés. Elle fut un peu tout cela. Dépendant de l’extérieur, ne parvenant pas à l’autosuffisance, elle n’en demeure pas moins une collectivité qui a tenté d’appliquer au mieux les principes libertaires d’égalité et de solidarité, tout en veillant à promouvoir cette culture chère aux anarchistes pour ses membres, ses amis et tous les visiteurs.

Michel Antony