Paris a dénoncé un "système de répression institutionnalisé" de la Chine à l’encontre des musulmans ouïghours dans la région du Xinjiang. Les preuves s’accumulent.
Paris hausse le ton contre Pékin sur le dossier des Ouïghours. Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a dénoncé mercredi un "système de répression institutionnalisé" de la Chine à l’encontre des musulmans ouïghours dans la région du Xinjiang (nord-ouest), devant le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU. "De la région chinoise du Xinjiang, nous parviennent des témoignages et des documents concordants, qui font état de pratiques injustifiables à l’encontre des Ouïghours, et d’un système de surveillance et de répression institutionnalisé à grande échelle", a-t-il déclaré lors d’une intervention par visioconférence.
Selon des études d’instituts américains et australien, au moins un million de Ouïghours ont été internés dans des "camps" du Xinjiang et certains ont été soumis à du "travail forcé" ou à des "stérilisations forcées". La Chine, de son côté, dément catégoriquement les deux dernières accusations et affirme que les "camps" sont des "centres de formation professionnelle" destinés à éloigner la population de l’extrémisme religieux et du séparatisme. Mais les preuves s’accumulent.
Des centaines de camps identifiés
La Chine compte 380 "centres de détention présumés" au Xinjiang (nord-ouest), un réseau qui s’est étoffé avec le renforcement de la politique de sécurité, selon une enquête publiée en septembre par un institut de recherche australien.
L’Institut de politique stratégique (ASPI), un cabinet de recherche basé à Canberra et créé par le gouvernement australien, dit avoir identifié grâce à des images satellites, des témoignages, des articles de presse et des appels d’offres publics dans le BTP "plus de 380 lieux de détention présumés" au Xinjiang. Les chercheurs présentent ces établissements, qui auraient des fonctions et des tailles parfois très différentes, comme des "camps de rééducation", des "centres de détention" ou encore des "prisons".
Paris hausse le ton contre Pékin sur le dossier des Ouïghours. Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a dénoncé mercredi un "système de répression institutionnalisé" de la Chine à l’encontre des musulmans ouïghours dans la région du Xinjiang (nord-ouest), devant le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU. "De la région chinoise du Xinjiang, nous parviennent des témoignages et des documents concordants, qui font état de pratiques injustifiables à l’encontre des Ouïghours, et d’un système de surveillance et de répression institutionnalisé à grande échelle", a-t-il déclaré lors d’une intervention par visioconférence.
Selon des études d’instituts américains et australien, au moins un million de Ouïghours ont été internés dans des "camps" du Xinjiang et certains ont été soumis à du "travail forcé" ou à des "stérilisations forcées". La Chine, de son côté, dément catégoriquement les deux dernières accusations et affirme que les "camps" sont des "centres de formation professionnelle" destinés à éloigner la population de l’extrémisme religieux et du séparatisme. Mais les preuves s’accumulent.
Des centaines de camps identifiés
La Chine compte 380 "centres de détention présumés" au Xinjiang (nord-ouest), un réseau qui s’est étoffé avec le renforcement de la politique de sécurité, selon une enquête publiée en septembre par un institut de recherche australien.
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L’Institut de politique stratégique (ASPI), un cabinet de recherche basé à Canberra et créé par le gouvernement australien, dit avoir identifié grâce à des images satellites, des témoignages, des articles de presse et des appels d’offres publics dans le BTP "plus de 380 lieux de détention présumés" au Xinjiang. Les chercheurs présentent ces établissements, qui auraient des fonctions et des tailles parfois très différentes, comme des "camps de rééducation", des "centres de détention" ou encore des "prisons".
Ce chiffre constitue une augmentation d’environ 40% des estimations précédentes et "au moins 61 sites de détention ont fait l’objet de nouvelles constructions et de travaux d’agrandissement entre juillet 2019 et juillet 2020", d’après l’étude. Ces informations semblent contredire les déclarations de la Chine, selon laquelle l’ensemble des personnes ayant suivi une "formation" ont été "diplômées" et ont quitté les "centres de formation professionnelle".
Un logiciel chargé de repérer les comportements suspects
La répression s’appuie aussi sur des outils technologiques. Des musulmans ont été arrêtés dans la région chinoise du Xinjiang après avoir été "signalés" par un logiciel qui repère les comportements suspects, a affirmé en décembre dernier Human Rights Watch (HRW).
Selon l’organisation de défense des droits humains, près de 2000 détenus se sont retrouvés dans le collimateur des autorités après avoir été repérés par un logiciel baptisé "Plateforme intégrée d’opérations conjointes", qui analyse les mégadonnées collectées par l’énorme dispositif de surveillance électronique en place au Xinjiang.
L’association en déduit que "l’immense majorité" des personnes dénoncées l’ont été sur la base de comportements parfaitement légaux, comme recevoir des coups de téléphone de l’étranger, ne pas avoir d’adresse fixe ou bien éteindre fréquemment son téléphone portable. Les accusations de "terrorisme" ou "extrémisme", utilisées pour justifier la répression au Xinjiang, n’apparaissent que pour environ 10% des personnes figurant sur la liste, selon HRW.
Au moins 570 000 Ouïghours enrôlés dans le travail du coton
Alors que le Xinjiang représente environ 20% de la production mondiale de coton, des documents mettent en lumière le travail forcé dans cette région. Au moins 570 000 membres de l’ethnie musulmane des Ouïghours ont été enrôlés dans un programme coercitif de ramassage du coton au Xinjiang, accuse une étude américaine en décembre dernier.
En 2018, trois zones du Xinjiang ont enrôlé au moins 570 000 personnes pour la cueillette du coton dans le cadre d’un programme obligatoire géré par l’État, affirme le Center for global policy (CGP). Ce cabinet de réflexion américain affirme se baser sur des documents des autorités chinoises, publiés sur Internet. D’après lui, le nombre réel pourrait même être bien plus élevé.
En réaction, le Royaume-Uni et le Canada ont dévoilé en janvier des mesures pour empêcher les marchandises liées au travail forcé présumé de cette minorité musulmane dans la région du Xinjiang d’arriver jusqu’aux consommateurs britanniques. Des directives vont être émises en direction des entreprises britanniques, qui encourront des amendes si elles ne peuvent démontrer que leurs approvisionnements ne sont pas liés au travail forcé dans le Xinjiang.
Le Canada a annoncé de son côté "l’interdiction d’importer des biens issus en tout ou en partie du travail forcé". Quelques semaines auparavant, les États-Unis avaient interdit certaines importations de coton provenant du Xinjiang. Et début janvier, la chaîne britannique de grands magasins Marks & Spencer s’est engagée à ne pas utiliser dans les vêtements qu’elle vend du coton provenant du Xinjiang. Il s’agit de la première grande entreprise britannique à avoir rejoint un "Appel à agir" pour les Ouïghours, lancé par quelque 300 ONG.
Un reportage de la BBC censuré par la Chine
L’autorité de régulation de l’audiovisuel chinois a annoncé le 11 février avoir interdit la diffusion de BBC World News en Chine. Dans un communiqué, l’autorité estime que la chaîne d’information en continu a notamment enfreint le principe selon lequel "les informations doivent être véridiques et justes" et "ne portent pas préjudice aux intérêts nationaux de la Chine". Aussi, elle "n’autorise pas à la BBC à continuer d’émettre en Chine".
Ces interdictions interviennent après que la BBC a diffusé le 3 février un reportage contenant des récits poignants de tortures et de violences sexuelles contre des femmes ouïghours dans des camps d’internement chinois.
Dans son enquête au long cours basée sur de nombreux témoignages, la BBC avait fait état d’allégations de viols systématiques, d’abus sexuels et de tortures sur des femmes détenues par la police et des gardiens dans la région du Xinjiang.