Demain Le Grand Soir
NI DIEU, NI MAITRE, NI CHARLIE !

Le Site de Demain le Grand Soir est issu de l’émission hebdomadaire sur "Radio Béton", qui fut par le passé d’informations et de débats libertaires. L’émission s’étant désormais autonomisée (inféodé à un attelage populiste UCL37 (tendance beaufs-misogynes-virilistes-alcooliques)/gilets jaunes/sociaux-démocrates ) et, malgré la demande des anciens adhérent-es de l’association, a conservé et usurpé le nom DLGS. Heureusement, le site continue son chemin libertaire...

Le site a été attaqué et détruit par des pirates les 29 et 30 septembre 2014 au lendemain de la publication de l’avis de dissolution du groupe fasciste "Vox Populi".

Il renaît ce mardi 27 octobre 2014 de ses cendres.

" En devenant anarchistes, nous déclarons la guerre à tout ce flot de tromperie, de ruse, d’exploitation, de dépravation, de vice, d’inégalité en un mot - qu’elles ont déversé dans les coeurs de nous tous. Nous déclarons la guerre à leur manière d’agir, à leur manière de penser. Le gouverné, le trompé, l’exploité, et ainsi de suite, blessent avant tout nos sentiments d’égalité.
(....)Une fois que tu auras vu une iniquité et que tu l’auras comprise - une iniquité dans la vie, un mensonge dans la science, ou une souffrance imposée par un autre -, révolte-toi contre l’iniquité, contre le mensonge et l’injustice. Lutte ! La lutte c’est la vie d’autant plus intense que la lutte sera plus vive. Et alors tu auras vécu, et pour quelques heures de cette vie tu ne donneras pas des années de végétation dans la pourriture du marais. "

Piotr Kropotkine -

Manifestation de policiers : l’honneur de la gauche, c’est de ne pas y aller
Article mis en ligne le 20 mai 2021
dernière modification le 19 mai 2021

par siksatnam

Ce mercredi, devant l’Assemblée, ils seront nombreux à venir apporter leur soutien aux policiers : le Rassemblement national, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et... plusieurs responsables de gauche.

Ce 19 mai 2021 restera dans les annales de la police républicaine. À l’appel d’une intersyndicale – exceptés la CGT-Police, qui a appelé à participer mais sans adhérer à tous les mots d’ordre, et SUD-Intérieur qui ne participera pas –, une manifestation se tiendra devant l’Assemblée nationale, de 13h à 15h. Le choix du lieu est des plus symboliques et n’a qu’un seul but inavoué : mettre la pression sur les représentants du peuple français.

Pourquoi une telle manifestation ? Pour « soutenir la police », notamment après le meurtre du policier Éric Masson, le 5 mai à Avignon. Mais il apparaît clairement que cet hommage n’est qu’un prétexte, un slogan derrière lequel se cache un autre agenda, bien plus politique. Il suffit de lire le communiqué de l’intersyndicale. Il y est question de « renforcer la réponse pénale pour les agresseurs et meurtriers des Forces de l’Ordre », de « simplification de la procédure pénale » ou encore de « la mise en œuvre de peines minimales pour les agresseurs de Forces de l’Ordre » (cette dernière serait même « la revendication la plus importante de l’intersyndicale »).

« Il faut changer de logiciel… », lit-on, sans plus de précision sur ledit logiciel.

Il faut appeler un chat un chat : la pression des idées d’extrême droite est forte, si forte, que plus rien d’autre ne résonne dans la politique française. Il suffit de regarder ce qui a fait l’actualité ces derniers jours : la loi Séparatisme, des tribunes de militaires et de policiers se mettant, sans fard, à disposition des prochains putschistes du pays, une polémique autour de Sara Zemmahi, candidate LREM pour les départementales et... qui porte un voile (avouez que vous n’aviez jamais entendu son nom et ne la connaissiez que sous le pseudonyme de « la femme voilée »).

Qui mène la danse, si ce n’est l’extrême droite ? Comment se dire étonné du récent sondage qui montre que 74% des policiers en activité voteraient Marine Le Pen ?

Et voilà que, sans aucune surprise, le Rassemblement national annonce sa participation à la manifestation – habile, Marine Le Pen n’y sera que « par le cœur » et envoie sur place son homme de main Jordan Bardella. Plus surprenant, le ralliement du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, que l’on n’avait pas vu dans les rues depuis la Manif pour tous. Il n’est sûrement pas le « premier flic de France », mais il sera bel et bien le premier locataire de la place Beauvau à se rendre à une manifestation sur la voie publique à l’appel de policiers. Gérald Darmanin est et sera le bienvenu à cette manifestation, contrairement à son collègue du ministère de la Justice Éric Dupont-Moretti.

Le message est extrêmement clair. Et c’est là que débarquent, faussement ingénus, le premier secrétaire du Parti socialiste et député Olivier Faure, la maire de Paris Anne Hidalgo, l’eurodéputé écologiste Yannick Jadot et le patron du Parti communiste Fabien Roussel. Le malaise est instantané. Comment se fait-il que, dans un tel contexte, ces gens de gauche annoncent leur participation à cette manifestation ? Au PS et au PCF, on l’assure : on assume – tout en se cachant derrière la CGT-Police pour se justifier. Mais encore faut-il lire le communiqué de ce syndicat : https://cgtpolice75.fr/2021/05/13/appel-a-la-marche-citoyenne-pour-le-respect-la-memoire-de-nos-camarades-mortellement-touches-et-la-sauvegarde-dune-police-republicaine/

Silence radio dans les rangs d’EELV. Seule la France insoumise a déclaré ne pas participer. Dans un communiqué du groupe parlementaire, on lit : « Nous refusons de participer à l’instrumentalisation politique de celles et ceux qui, fonctionnaires de la police nationale ou militaires de la gendarmerie nationale, sont morts lâchement assassinés par des criminels. [...] La mobilisation policière du 19 mai n’est nullement une marche d’hommage aux policiers assassinés, c’est une manifestation pour un cahier de revendications corporatives comme le montre les tracts des organisations policières. [...] Tout cela ressemble à une opération d’intimidation de la Justice. [...] Le duo Gérald Darmanin et Marine Le Pen donnent le sens de cette manifestation en décidant de s’y rendre. Il est de plus intolérable qu’un ministre d’Etat participe à une manifestation de pression sur l’Assemblée nationale au mépris de la séparation des pouvoirs. Raison de plus pour nous de ne pas y aller. »

Ce clivage au sein de la gauche ne date pas de cet appel à manifester. Cela fait des semaines, des mois que la petite musique monte, que s’est créé cet arc de forces, unies lors du vote de la loi Séparatisme, qui reprenant l’improbable concept d’islamo-gauchisme et tonnant contre l’Unef pour des réunions non mixtes. Ceux qui vont manifester le 19 mai ont a peu près tous choisi d’en rajouter dans ces débats venimeux. L’annonce de leur participation n’est hélas pas un coup de tonnerre dans un ciel serein.

En participant à cette manifestation, ils légitiment la réponse sécuritaire, cercle vicieux à l’œuvre depuis des décennies. En aucune façon, ils n’avancent la vision d’une politique de sécurité dans laquelle il y a la police républicaine. Adhérer aux revendications sécuritaires des syndicats de police est un aveu d’absence de pensée de gauche, quant à la tranquillité publique en France.

En participant à cette manifestation, une partie de la gauche est en train d’acter sa coupure avec une jeunesse, des habitants des quartiers populaires, mais aussi avec les mouvements sociaux qui subissent les nouvelles doctrines de maintien de l’ordre. Et que dire du fossé qui s’élargit avec les militants des droits de l’homme qui dénoncent depuis plusieurs années la dérive sécuritaire de notre État ? Comment pourront-ils envisager un dialogue constructif voire un débouché politique dans cette gauche qui défilera mercredi ?

Il est grand temps d’arrêter de courir après l’extrême droite. Et de ne pas franchir la ligne rouge : ne pas reprendre les mots, les concepts et les symboliques de l’extrême droite. La pression est forte mais l’honneur, c’est de rester fidèle à ses valeurs. L’honneur, c’est de ne pas aller à la manifestation de syndicats de police de mercredi.

La rédaction