Demain Le Grand Soir
NI DIEU, NI MAITRE, NI CHARLIE !

Le Site de Demain le Grand Soir est issu de l’émission hebdomadaire sur "Radio Béton", qui fut par le passé d’informations et de débats libertaires. L’émission s’étant désormais autonomisée (inféodé à un attelage populiste UCL37 (tendance beaufs-misogynes-virilistes-alcooliques)/gilets jaunes/sociaux-démocrates ) et, malgré la demande des anciens adhérent-es de l’association, a conservé et usurpé le nom DLGS. Heureusement, le site continue son chemin libertaire...

Le site a été attaqué et détruit par des pirates les 29 et 30 septembre 2014 au lendemain de la publication de l’avis de dissolution du groupe fasciste "Vox Populi".

Il renaît ce mardi 27 octobre 2014 de ses cendres.

" En devenant anarchistes, nous déclarons la guerre à tout ce flot de tromperie, de ruse, d’exploitation, de dépravation, de vice, d’inégalité en un mot - qu’elles ont déversé dans les coeurs de nous tous. Nous déclarons la guerre à leur manière d’agir, à leur manière de penser. Le gouverné, le trompé, l’exploité, et ainsi de suite, blessent avant tout nos sentiments d’égalité.
(....)Une fois que tu auras vu une iniquité et que tu l’auras comprise - une iniquité dans la vie, un mensonge dans la science, ou une souffrance imposée par un autre -, révolte-toi contre l’iniquité, contre le mensonge et l’injustice. Lutte ! La lutte c’est la vie d’autant plus intense que la lutte sera plus vive. Et alors tu auras vécu, et pour quelques heures de cette vie tu ne donneras pas des années de végétation dans la pourriture du marais. "

Piotr Kropotkine -

Ibtissame Betty Lachgar : « Le féminisme fondé sur l’Islam est une imposture. Ni plus ni moins. »
Article mis en ligne le 7 juillet 2021
dernière modification le 19 juin 2021

par siksatnam

Avertissement : Ceci est un document de travail d’une traduction pour anglophones, il devait figurer à l’origine sous le texte traduit en anglais mais pour des raisons de mise en page et de présentation il était plus lisible de séparer les deux versions. Il s’agit d’extraits d’articles et/ou entrevues, afin d’introduire les idées des autrices au grand public, mais en aucun cas d’un compte rendu exhaustif de leurs pensées… Afin de mieux les connaître n’hésitez pas à acheter leurs livres ! Merci pour votre compréhension.

Psychologue clinicienne, militante féministe et laïque, Ibtissame Lachgar, surnommée Ibtissame « Betty » Lachgar, est l’une des premières marocaines à assumer publiquement son athéisme. Née en 1975 au Maroc, elle est la fille d’un syndicaliste et militant des droits de l’homme, qui la sensibilise dès son enfance à la question des libertés individuelles. Elle fait ses études secondaires dans le lycée français de Rabat, puis part à Paris pour y faire des études de psychologie clinique, criminologie et victimologie. De retour au Maroc, elle cofonde en 2009 avec Zineb El Rhazoui, le Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (MALI) qui a pour but de défendre les libertés individuelles au Maroc. Depuis, le mouvement a mené plusieurs actions, dont un pique-nique en pleine journée de Ramadan ou un Kiss-In public à Rabat pour protester contre l’arrestation de jeunes adolescents qui avaient posté sur Facebook une photo en train de s’embrasser. Ces actions ont fait scandale au Maroc, et ont permis d’ouvrir le débat sur les libertés individuelles dans ce pays. Courageuse, Betty y défend aussi ouvertement la communauté LGBT, le droit au mariage homosexuel et la légalisation de l’avortement. En aout 2018, elle est arrêtée à Rabat et passe 24h en garde à vue alors qu’elle se rendait dans un commissariat pour dénoncer une agression dont elle avait été victime. Également militante abolitionniste, elle est membre du collectif APP. On aime beaucoup cette militante dynamique et généreuse, qui ne ménage pas son énergie pour défendre les droits des femmes !

Son engagement :

« Nous (le M.A.L.I) menons toujours des actions symboliques. On met en place des campagnes et on organise quelques événements qui ont pour but de s’adresser à l’ensemble du peuple marocain. Ce qu’on reproche aux associations, c’est que celles-ci ne font que des rencontres, des tables rondes, des vernissages… qui n’intéressent et ne concernent qu’une petite partie de la population, souvent déjà convaincue. Nous, nous visons les personnes qui sont loin de tout ça, qui vivent dans les campagnes, qui viennent de milieux défavorisés, qui ne sont jamais allées à l’école… Et ça fonctionne. Qu’on soit d’accord ou non avec nous, toutle monde parle de nos campagnes, que ce soit dans un taxi, au travail, au hammam, chez le coiffeur, en famille…. Ce n’est pas en faisant des petites manifestations ou des tables rondes que les gens vont être au courant, c’est vraiment en lançant un pavé dans la mare. Par exemple, deux semaines après notre création, pendant le mois de Ramadan en 2009, nous avons organisé notre première action qui était un pique-nique en pleine journée. Cette action avait pour but de dénoncer l’article 222 du code pénal marocain qui condamne à de la prison ferme toute personne notoirement connue musulmane et qui rompt le jeune en public. Beaucoup de personnes ne savaient pas que des musulmans faisaient le choix de ne pas jeuner, pour beaucoup, quand on naît musulman, on le reste forcément toute sa vie. Il s’agissait aussi de mettre en lumière le fait que la liberté de conscience n’existe pas au Maroc. D’exiger cette liberté fondamentale. Ce qui est important pour nous, c’est de faire des actions symboliques, des campagnes coups de poing aux slogans chocs pour faire passer des messages, dénoncer toutes les lois et les pratiques liberticides, les injustices comme on a pu le faire en 2013 avec le Kiss-in organisé devant le parlement de Rabat en soutien à un adolescent et une adolescente (plus un de leur camarade) incarcérés en raison d’une photo de bisou postée sur FB ou encore lorsque nous avons coloré en rouge les fontaines de la capitale pour dénoncer les violences faites aux femmes. Ce sont des choses qui marquent et qui font réfléchir, qui peuvent ouvrir la voie à un certain changement. »

« Mon engagement a pris un tournant à la puberté, en raison des harcèlements sexistes et autres agressions sexuelles dont j’ai été victime. Durant cette période, je me suis interrogée sur la misogynie dans les religions, sur la place de l’islam dans la société et la place donné par celui-ci aux femmes. (…) En tant que femme, je me suis très rapidement rendu compte que l’espace public est fait par les hommes pour les hommes. De même, les femmes font face à une société machiste et à une justice masculiniste. Les stéréotypes à l’égard des femmes découlent de valeurs, normes et préjugés profondément enracinés, qui façonnent des idées et des opinions servant à justifier et maintenir la domination des hommes sur les femmes. Tout cela m’a fait comprendre que le sexisme, tout comme le racisme ou l’antisémitisme est une idéologie ».

« En tant que féministe universaliste laïque, j’ai regretté, avec d’autres camarades, l’absence (au Maroc) de revendications féministes et/ou en référence à la laïcité. C’est encore très complexe, dans une monarchie absolue de droit divin. Réclamer la séparation du religieux et du politique est un sujet sur lequel beaucoup sont frileux (…) Il y avait parfois des affrontements. Dans une société foncièrement conservatrice et machiste, les militantes et militants font partie de cette société (…) Que des progressistes prônant la liberté, la dignité et la justice sociale puissent hiérarchiser les luttes et les droits, je ne le comprends pas. Je me souviens ne pas avoir été prise au sérieux lorsqu’une de mes pancartes évoquait l’égalité en héritage. On nous parlait de priorités. Vraiment ? Où est passée l’égalité, entre femmes et hommes, dans les revendications comme dans l’espace public ? La non-mixité dans certaines manifestations – certes de mouvance islamiste – et la prise de parole à dominante masculine ? Un appel au changement démocratique est impossible en rendant invisible la moitié de l’humanité. »

Sur le « féminisme islamique » :

« En tant que féministe universaliste laïque, je ne cautionne nullement le féminisme dit islamique ni musulman. Féminisme musulman si on parle des militantes musulmanes qui ne sont pas en « terre d’Islam » et féminisme islamique lorsque les femmes sont dans un pays qui applique les lois issues de la charia. Je crois pleinement en une universalité des droits qui ne sauraient reconnaître de couleur de peau, de frontières, de religion, de sexe ou de classe sociale. Et cela vaut pour les droits des femmes. Je rejette cette dichotomie entre pays du nord et du sud ou entre orient/occident qu’on constate trop souvent. Les droits sont les mêmes pour toutes, ou du moins devraient l’être. Je ne peux accepter des arguments du style : oui, mais…. Mais on est dans – tel pays -, mais la culture n’est pas la même, mais c’est un pays musulman, mais ce sont leurs traditions, mais… mais… Autant avec des si on peut faire des choses autant avec les mais, on ne fera rien. (…) Avant toute chose, je ne dirais pas qu’elles sont islamistes mais elles sont sur un terrain glissant dans le sens où, souvent, leur discours et leurs justifications rejoignent les propos des Frères musulmans ou de certaines personnalités rétrogrades. Et il y a leurs accointances directes avec des féministes obscurantistes, avec le mouvement « manif pour tous », avec des militant-e-s anti IVG… Bien sûr, la question du voilement des femmes est essentielle dans la lutte universaliste laïque. Le voilement des femmes vient d’une interprétation ou plutôt d’une prescription rigoriste. Et surtout, c’est tout sauf un simple vêtement, c’est un vêtement sexiste ET politique. Comme c’est une injonction vestimentaire qui renvoie au pouvoir masculin, le voile va à l’encontre de ce que prône le féminisme ; à savoir l’égalité des sexes. C’est un symbole de l’oppression des femmes. En faire une revendication principale est très dangereux, en plus d’être (à mon sens) parfaitement anti-féministe. Lallab (association « féministe musulmane » basée en France NDLT) en fait son drapeau, or le voile est l’étendard du modèle islamiste, dont elles soutiennent par là même les injonctions machistes. Le féminisme a pour but de garantir l’égalité politique, économique, culturelle, personnelle, sociale et juridique entre les femmes et les hommes. Il vise à lutter contre toutes les discriminations et les inégalités dont sont victimes les femmes et a pour objectif leur émancipation. Alors que Lallab est censée défendre et faire entendre les voix des femmes victimes d’oppressions racistes et sexistes, le cœur de sa lutte participe à un ensemble de violences patriarcales. Quels sont concrètement les sujets féministes traités par l’association ? Qui et que défendent-elles ? Une émancipation qui n’en n’est pas une et des femmes qui n’existeraient pas en tant que telles, mais qui resteraient des objets d’appropriation. Alors que Lallab est censée défendre et faire entendre les voix des femmes victimes d’oppressions racistes et sexistes, le cœur de sa lutte reste bel et bien centré sur l’ensemble des injonctions patriarcales. Dans le fait de militer en faveur d’un féminisme des valeurs musulmanes contre un féminisme « occidental » et « blanc », il y a une résonance indigéniste (et indigeste) raciste – en plus de renvoyer à une idéologie inégalitaire et islamiste. C’est ce que dénonce le mouvement laïque et universaliste – dont je fais partie – et qui a été pour cela—de façon oh combien facile — qualifié de fasciste. Ne nous trompons pas de fascisme. Victime d’une dictature religieuse, je parle bien là de fascisme religieux »

« En tant que féministe universaliste laïque, je m’oppose aux accommodements religieux ou culturels qui nuisent à l’émancipation des femmes(…)Que certaines femmes subissent des discriminations multiples qui se combinent ne fait aucun doute. Or, mettre en avant des catégories d’oppressions fondées sur la classe sociale ou la couleur de peau, c’est nier la lutte commune contre la domination masculine et minimiser les violences dont pourraient être victimes ce que certaines intersectionnelles nomment « les femmes bourgeoises blanches ». C’est un féminisme contre-productif. »

« En tant que laïque convaincue, je pense que la religion doit rester dans la sphère privée et que le religieux doit être séparé du politique. Les religions participent à l’asservissement des femmes, à leur soumission et à leur humiliation, elles ne peuvent pas participer à leur émancipation. Les religions sont misogynes par essence et l’Islam n’échappe pas à la règle. Ni réforme ni réinterprétation de cette religion ne permettra la libération des femmes. Nadia Yassine disait : « Moderniser l’Islam en le féminisant ». Une réinterprétation ou une réforme du Coran peut faire évoluer certaines choses dans des domaines particuliers, le domaine économique par exemple, mais pas en ce qui concerne les droits des femmes. La référence essentielle de ces femmes reste l’islam, le religieux, autrement dit une référence qui appartient au passé, un passé très conservateur, sur lequel vivent encore les hommes du présent. Des femmes libres alors ? Non. Des femmes sous emprise. Le voilement des femmes n’est pas une liberté ou un choix ; dans une culture machiste, il contribue pleinement à les invisibiliser encore davantage. Comment peut-on enrôler au service du féminisme les religions en général et l’Islam en particulier – dernière religion monothéiste – qui servent de légitimation aux systèmes phallocrates et à la suprématie masculine ? Le féminisme fondé sur l’Islam est une imposture. Ni plus ni moins. Un féminisme détourné de ses principes universalistes ne saurait en être un. Cela rappelle tout le débat autour de la question du relativisme culturel, qui fait reculer la lutte des femmes de plusieurs millénaires dans certaines contrées. Toute personne, les femmes en particuliers, a droit à son libre-arbitre et je ne saurais m’incliner face à des accommodements religieux qui nuisent à l’émancipation des femmes. Pour Asma Lamrabet, elle écrit qu ’« une réforme du religieux est importante et incontournable car elle pourra doucement mais sûrement déconstruire de façon pédagogique toute cette lecture conservatrice et former les générations à venir à puiser dans le message spirituel de l’islam à travers son éthique de l’acceptation de l’Autre, de l’ouverture d’esprit, de a clémence et de l’indulgence qui sont des valeurs clés en islam ». Dans le cas de pays comme le Maroc, tenir de tels discours nous éloigne de la lutte en faveur de la laïcité. Une telle approche cantonne toutes les personnes de nationalité marocaine à la religion musulmane. Toutes les femmes marocaines seraient alors des musulmanes – ce qui est de facto la réalité alors que nous tentons d’instaurer la liberté de conscience. Une approche réformiste ne saurait concerner que les personnes qui se considèrent musulmanes – laïques ou non. En tant que laïque, ma réponse à ces propos est que la lutte essentielle devrait être une éducation laïque en lieu et place de l’éducation islamique au sein du système scolaire. De rappeler l’importance d’une pédagogie de la laïcité comme principe fondamental au bon fonctionnement de l’école publique. Une laïcité où les professeur-es de philosophie par exemple doivent pouvoir former l’esprit critique des élèves et mettre l’apprentissage de la pensée au centre des préoccupations éducatives. Une laïcité, ainsi que le respect des droits humains qui lui sont étroitement liés, que l’école devrait avoir pour mission de partager, et où l’instruction religieuse, en contradiction avec l’universalité des droits humains, n’a pas sa place. »

Sur les violences masculines envers les femmes au Maroc :

« 63% des femmes sont victimes de violences masculines selon le HCP. Selon l’ONU femmes, 62% des hommes marocains déclarent ne pas voir d’inconvénient à violenter leurs épouses. Il y a beaucoup à dire sur le sujet. Les violences machistes intra-familiales sont malheureusement monnaie courante au sein de la société. Non seulement de la part du père, mais cela peut-être aussi le grand frère ou toute figure masculine. Toutes les femmes peuvent en être victimes : grand-mère, mère, fille, sœur. Il peut s’agir de violences verbales, d’humiliations, de violences physiques et sexuelles et parfois de séquestration. Les raisons principales de ces violences, en ce qui concerne les jeunes femmes, ce sont souvent le mode vestimentaire, les sorties nocturnes et la fréquentation du sexe opposé. Et malheureusement, lorsque celles-ci tentent de porter plainte, elles sont renvoyées manu-militari à leur famille par une police tout aussi machiste et rétrograde. Le père est toujours, au sens littéral de l’expression, le « chef de famille » de manière officieuse et officielle. Il existe des articles de lois qui minimisent certaines violences en prévoyant des circonstances atténuantes en cas de crimes d’honneur comme lorsque le « chef de famille » (sic) surprend son épouse en flagrant délit d’adultère. (art. 420 du code pénal). Le viol demeure le crime le plus impuni et le viol conjugal n’est pas condamnable et est plutôt considéré comme le devoir conjugal des épouses. Cela revient à dire que des milliers de femmes sont violées tous les jours au Maroc. Sans compter les mariages forcés. Qu’attendons-nous pour condamner le viol au sein du couple ? La justice marocaine est complice et réduit les femmes à des objets sexuels. Il faut savoir que les relations sexuelles hors mariage sont interdites par les articles 490 et 491 (adultère) du code pénal. De ce fait, ce sont les femmes qui sont les plus souvent condamnées pour motif de prostitution. Ainsi, les relations sexuelles hors mariage consenties sont condamnables mais un viol conjugal n’est pas considéré comme tel. »

« Le harcèlement sexiste et sexuel est un problème majeur dans la société marocaine. Il fait partie des violences contre les femmes et est le fruit d’une misère sexuelle patente. (…) Le caractère machiste et la particularité des violences masculines sont négligés, elles sont invisibilisées et exclues de la réflexion politique (les violences contre les femmes et les femmes elles-mêmes !) On est encore loin d’une véritable reconnaissance de ces violences. D’où l’urgence de briser ce continuum qui existe entre les violences, qui prend naissance dans l’éducation ou plutôt dans l’absence d’éducation en général et sexuelle en particulier, et plus généralement dans la domination masculine et le système patriarcal engendrant une construction de stéréotypes sexistes et de genre. On ne peut être dans l’indignation face aux violences physiques et rester dans l’indifférence face aux stéréotypes de genre et au sexisme ordinaire – parce que les stéréotypes genrés nourrissent les inégalités. L’espace public est fait par les hommes pour les hommes (comme le reste d’ailleurs…). Et dès le plus jeune âge, on inculque aux enfants des différences de traitement entre les filles et les garçons et donc une différence dans leur place dans l’espace public : les filles et les femmes n’y ont pas leur place. Pourtant le sexisme ordinaire, et moins ordinaire, ne fait pas bondir. Le sexisme est pourtant une attitude discriminatoire – tout comme le racisme – fondée sur le sexe et les stéréotypes qui y sont associés. Il existe au Maroc des lieux interdits aux femmes ou des endroits dans certains lieux interdits aux femmes (le comptoir des cafés par exemple). Une ségrégation qui est de mise en toute impunité et dont personne ne semble s’indigner. Et de ce sexisme naît un espace machiste qui, sous couvert d’une supposée et assumée domination des hommes, entraîne des attitudes qui s’expriment par le harcèlement et de manière plus extrême par la violence sexuelle. Des attitudes visant à contrôler et dominer les femmes. Un imaginaire où le corps des femmes ne leur appartient pas, c’est un objet désirable et désiré pour un homme désirant, les femmes–étant sans désir–ne sauraient exprimer un quelconque refus ou consentement. »

« Beaucoup de femmes au Maroc s’obligent à ne pas s’habiller ni faire ce qu’elles veulent, car on est confronté à des regards, des réflexions insupportables. Par exemple, c’est très compliqué pour beaucoup de femmes de se balader en débardeur dans la rue. Une femme ne peut pas s’asseoir dans un coin de parc pour lire. Ce sont des remarques continuelles, du harcèlement sexiste et sexuel, toutes les deux minutes. C’est insupportable. Il y a clairement des endroits où les femmes n’ont pas leur place, en 2018. Des bars, des cafés où l’on ne peut pas rentrer. Des gamins, mineurs qui viennent te voir dans la rue en te disant ‘couvre-toi’. » (…) à Rabat, sur une plage populaire, on était deux à être en maillot. Les autres sont habillées, ou en burka. Les hommes sont en maillot, torse nu. »

Sur la répression des personnes homosexuelles au Maroc :

« Au Maroc, les libertés individuelles sont étouffées, nous vivons une inquisition socio-religieuse et subissons des articles liberticides. En ce qui concerne la liberté sexuelle, l’homosexualité, comme les relations sexuelles hors mariage et/ou adultérines sont interdites. Respectivement par les articles 489, 490 et 491 du code pénal marocain, dont M.A.L.I. demande l’abrogation. De nombreux homosexuels sont encore condamnés à trois ans de prison. Les conditions d’arrestation, les interrogatoires et les conditions de détention ne se font pas sans violence et se passent dans des conditions archaïques. L’homosexualité est encore considérée comme un péché. Dans les prisons, les homosexuels se retrouvent souvent par exemple en cour de promenade avec des détenus atteints de maladie contagieuse. Les personnes homosexuelles sont victimes de harcèlement, d’intimidations, de menaces et d’actes de violences homophobes. Les arrestations sont fréquentes, souvent en raison de délation comme dans l’affaire des deux jeunes mineures de Marrakech. Les homosexuel.le.s vivent leur sexualité loin des regards. Il ne faut pas oublier qu’en plus d’être une société patriarcale, la société marocaine est profondément conservatrice et la religion y est de plus en plus prépondérante au fil des années.(…)Dans un pays qui pratique l’homophobie d’État, la lutte pour la dépénalisation de l’homosexualité (et en faveur de la liberté sexuelle en général) est un combat de longue haleine. Pour cela, une éducation sexuelle, qui passerait nécessairement par une révolution sexuelle est nécessaire : une révolution sexuelle qui garantirait l’égalité entre les femmes et les hommes, qui lutterait contre les violences faites aux femmes et en faveur des droits sexuels et reproductifs pour tou.te.s. »