Un adepte du « en même temps » macroniste ? Mardi 22 juin dans l’après-midi, le maire socialiste de Montpellier Michaël Delafosse annonçait sur son compte Twitter la suspension de la réforme de l’assurance chômage en commentant : « c’est la mise à l’arrêt d’une réforme injuste, violente pour les plus fragiles, inacceptable dans le contexte de crise économique que nous traversons ». Mercredi 23 juin au matin, le même édile communiquait qu’une plainte serait déposée contre des agents municipaux, en grève la veille contre l’augmentation à 1607 heures annuelles de leur temps de travail.
L’objet de l’indignation de celui qui se verrait bien un destin national : la « violence », qualifiée d’intolérable par Michaël Delafosse, que ses agents, principalement des femmes occupant des emplois précaires d’Atsem dans les écoles, ont exercé sur la grille de l’Hôtel de Ville. Grille derrière laquelle la municipalité de gauche s’était barricadée préventivement pendant le rassemblement de 300 grévistes mardi. Un brin revancharde, la mairie socialiste a aussi annoncé mercredi matin aux organisations syndicales que les vidéos de surveillance seraient utilisées afin de lancer des procédures disciplinaires internes. Avec pour résultat de décrocher l’UNSA de l’intersyndicale (CGT, FO, CFDT) qui appelait la veille à la grève contre les 1607 heures.
Le divorce semble bien consommé entre les femmes travaillant dans les écoles ou les crèches et la nouvelle équipe municipale. La mairie dans son communiqué osant écrire à leur propos « cette posture est d’autant plus inacceptable pour des fonctionnaires tenus à un devoir d’exemplarité et qui exercent notamment auprès des enfants ». Déjà, le 8 février 2021, la majorité municipale (PS, EELV, PCF, PRG, Génération écologie) votait en conseil municipal la limitation du droit de grève des agents territoriaux, sur fond de mobilisation à répétition dans les cantines scolaires.
Mais le fossé se creuse aussi avec une partie des organisations syndicales de la mairie. La limitation du droit de grève a été dénoncée par les syndicats, en même temps qu’un « simulacre de dialogue ». Des syndicats déjà échaudés par la privatisation au forceps du service de livraison des repas des cantines. Après la communication du maire, la CGT et FO se sont fendues d’une déclaration commune lors d’un comité technique ce jeudi. Dans celui-ci, elles reviennent sur la journée de mardi : « Mais de quoi parlons-nous ? D’un portail déjà défectueux qui a été sorti de ses rails et remplacé dans la journée. La violence n’est pas exercée par les premiers de corvée, mais bien par l’administration qui voudrait gérer la collectivité comme une entreprise privée ».
Et de poursuivre : « l’action que notre collectivité souhaite engager contre le personnel est démesurée et n’a pour but que d’exercer une pression afin de neutraliser toutes revendications et manifestations de mécontentement des agents ». Ambiance pour un maire qui avait commencé son mandat en assurant aux syndicats vouloir s’inscrire dans le dialogue.