Avec 51 matchs programmés pendant un mois, l’Euro va occuper le quotidien des fans de foot. Au bout d’une saison entière vécue au rythme du Covid, et dans un contexte de raidissement identitaire, cet Euro qui commence ce vendredi avec Italie-Turquie ne nous émoustille pas.
1/ Une coupure est plus que nécessaire
Depuis la reprise du football à marche forcée et sous cloche, il y a plus d’un an, on frôle l’indigestion. Alors qu’en France les compétitions amateurs ont été purement annulées, le football se résume à un spectacle quasi exclusivement télévisé qui nous est vendu. Un spectacle qui s’est, avec ses huis clos et ses bandes son ridicules pour remplacer les chants de supporters, encore plus éloigné de ce jeu qu’on aime tant. Ces ambiances artificielles ridicules ont envoyé le message aux supporters que la continuité du football-spectacle pouvait se passer d’eux. Même s’il y aura du public en tribunes, dans la limite des jauges, l’Euro vient ponctuer cette saison beaucoup trop longue et privée de ferveur. Il faut tourner la page. A l’heure où les longues restrictions sanitaires s’assouplissent, mettre le football télévisé sur off est une nécessité. C’est l’occasion de reprendre une vraie bouffée d’air frais. La reprise des activités sportives amateurs depuis le 9 juin, au-delà d’être la parfaite excuse pour ne pas rester vissé dans son canapé, est beaucoup plus importante. Profitez-en !
2/ Une majorité de matchs retransmis sur les chaînes payantes
Si la plupart des pays ont fait le choix de la gratuité pour la diffusion de l’Euro, en France et en Italie ce ne sera que partiellement le cas. Une décision de privatiser la diffusion des matchs qui sera forcément dommageable pour les fans qui n’ont pas les moyens de financer un abonnement. Certes, le format de la compétition ne donne pas un grand intérêt sportif à la phase de groupes, à l’issue de laquelle seulement 8 équipes sur les 24 engagées resteront sur le carreau. Les plus acharnés du foot des nations pourront toutefois se raccrocher aux plateformes de streaming pour suivre ce spectacle, mais l’occasion qui nous est donné de déserter cet Euro est trop belle pour ne pas être saisie.
3/ Le moment de boycotter un évènement au service des patriotismes
Angleterre, Hongrie, France, Turquie, Macédoine… On sait que les compétitions de type Coupe du Monde ou Euro sont l’occasion pour les gouvernements d’exalter les fibres patriotardes et nationalistes qui les animent. Les équipes nationales, quand elles gagnent, sont des outils parfaits pour unir et fédérer la population. Dans des registres bien différents, pour la France macronienne comme pour la Turquie d’Erdogan, aux relations diplomatiques tendues, les sélections nationales sont des vitrines du régime. Les joueurs turcs assument par exemple pleinement d’être les soldats sportifs de la politique va-t’en guerre de leur président. L’Ukraine n’a pas manqué l’occasion de sortir un maillot où apparait les contours d’une carte du pays avec la Crimée, ainsi que le slogan “Gloire à l’Ukraine ! Gloire aux héros !” rendant hommage aux soldats et policiers. Ce maillot ultra-politisé intervient sur fond de conflit avec la Russie de Poutine, mettant aux prises dans le Donbass des milices d’extrême-droite des deux camps. Le football n’est pas neutre, celui des nations sent la guerre.