Demain Le Grand Soir
NI DIEU, NI MAITRE, NI CHARLIE !

Le Site de Demain le Grand Soir est issu de l’émission hebdomadaire sur "Radio Béton", qui fut par le passé d’informations et de débats libertaires. L’émission s’étant désormais autonomisée (inféodé à un attelage populiste UCL37 (tendance beaufs-misogynes-virilistes-alcooliques)/gilets jaunes/sociaux-démocrates ) et, malgré la demande des anciens adhérent-es de l’association, a conservé et usurpé le nom DLGS. Heureusement, le site continue son chemin libertaire...

Le site a été attaqué et détruit par des pirates les 29 et 30 septembre 2014 au lendemain de la publication de l’avis de dissolution du groupe fasciste "Vox Populi".

Il renaît ce mardi 27 octobre 2014 de ses cendres.

" En devenant anarchistes, nous déclarons la guerre à tout ce flot de tromperie, de ruse, d’exploitation, de dépravation, de vice, d’inégalité en un mot - qu’elles ont déversé dans les coeurs de nous tous. Nous déclarons la guerre à leur manière d’agir, à leur manière de penser. Le gouverné, le trompé, l’exploité, et ainsi de suite, blessent avant tout nos sentiments d’égalité.
(....)Une fois que tu auras vu une iniquité et que tu l’auras comprise - une iniquité dans la vie, un mensonge dans la science, ou une souffrance imposée par un autre -, révolte-toi contre l’iniquité, contre le mensonge et l’injustice. Lutte ! La lutte c’est la vie d’autant plus intense que la lutte sera plus vive. Et alors tu auras vécu, et pour quelques heures de cette vie tu ne donneras pas des années de végétation dans la pourriture du marais. "

Piotr Kropotkine -

150ème anniversaire de la Commune : Louise Michel, une déportée pas comme les autres
Article mis en ligne le 9 septembre 2021
dernière modification le 25 août 2021

par siksatnam

Initiée le 18 mars 1871, la Commune de Paris a été matée dans le sang. Près de 4 500 communards ont été déportés en Nouvelle-Calédonie. Parmi eux, Louise Michel, figure de proue de cette insurrection, qui a soutenu les Kanak contre l’Etat colonial et fait connaître la culture mélanésienne.

Louise Michel débarque en Nouvelle-Calédonie en 1873, au bout de 4 mois et demi d’un voyage éprouvant. Sur le bateau, cette socialiste blanquiste, figure majeure de la Commune, a longuement discuté avec son amie Nathalie Lemel, qui l’a convertie aux thèses anarchistes.

La célèbre déportée, qui a refusé tout traitement de faveur, est retenue sur la presqu’île de Ducos, à Nouméa. Curieuse de tout, elle va décrocher une mission pour la Société française de botanique afin d’étudier une nature encore peu répertoriée, qui la fascine.

Bruno Sat revient sur les traces de cette icône de la Commune en Calédonie

Cyclones et révolution

L’insurgée est très intéressée par le phénomène des cyclones, qui entre dans son imaginaire global sur la révolution. Claude Rétat, directrice de recherche au CNRS, qui a publié plusieurs ouvrages sur Louise Michel, explique que pour cette révolutionnaire, « les cyclones, c’est le brassage des éléments et la promesse d’un Nouveau Monde. Donc c’est vraiment le cœur du rapport à la nature de Louise Michel en Nouvelle-Calédonie ».

La nature et les Kanak

La nature, dont elle tire de nombreux dessins, est justement au cœur de l’intérêt que Louise Michel va porter au monde kanak. Carolyn Eichner, professeure associée à l’Université du Wisconsin Milwaukee, aux Etats-Unis, a longuement étudié la vie et l’œuvre de la communarde. Elle en donne la raison : pour Louise Michel, « (la) compréhension (qu’ont les Kanak) de la nature était bien meilleure que la compréhension de la nature des Européens », « leur connexion avec la terre et la mer était très importante. »

Faire connaître la culture kanak

L’ancienne institutrice qui enseignera sur le Caillou aux enfants de colons, de déportés, comme aux Kanak, n’évitera pas cependant quelques clichés de l’époque sur les Mélanésiens. Mais avant tout, Louise Michel se plongera dans leur culture, qu’elle valorisera. Elle fera tout pour la faire connaître. Claude Rétat souligne l’importance, par exemple, de son ouvrage Légendes et chants de gestes canaques.

Le bichelamar, une langue universelle à ses yeux

L’enseignante établira aussi un glossaire de langues locales. Celles-ci la passionnent. Elle s’intéresse aussi particulièrement au bichelamar (ou bislama), une langue véhiculaire utilisée dans le commerce, parlée à l’époque par les Kanak. Une sorte de créole toujours pratiqué au Vanuatu. On y trouve des mots anglais, français, portugais, chinois...

Louise Michel y voit un prototype de la langue universelle dont elle rêve. « Une langue capable d’unifier le monde, précise Carolyn Eichner. A cette époque, les gens de gauche, les socialistes, cherchaient une langue universelle. Ils ont créé l’espéranto, par exemple. »

Soutien à la lutte des Kanak

A la différence de nombreux autres communards exilés, Louise Michel prendra fait et cause pour les Kanak contre les colons. Notamment lors de la révolte du grand chef Ataï, en 1878.

Elle aura des contacts, en Nouvelle-Calédonie, avec des Kabyles, déportés eux aussi pour s’être dressés, en Algérie, contre l’Etat colonial. Des éléments conjugués qui lui inspirent une synthèse révolutionnaire entre communards, Kanak et Kabyles. Une synthèse qui va même plus loin rappelle Claude Rétat. « Elle amalgame tous les mouvements insurrectionnels, de Spartacus à son époque contemporaine. »

Amorce de l’anti-impérialisme

Et Louise Michel amorce aussi l’élaboration d’une nouvelle théorie politique que Carolyn Eichner qualifie de « théorie anti-impérialiste », même si l’anti-impérialisme de l’époque était très différent de sa version actuelle. L’universitaire américaine estime qu’« elle était l’une des premières socialistes à développer une théorie comme ça. L’antiracisme et le féminisme étaient au centre de cette théorie. »

Séjour en Algérie

Revenue profondément changée dans l’Hexagone, en 1880, la militante anarchiste poursuit son combat en Europe. En 1904, elle séjournera même en Algérie pour défendre notamment ses idées anti-impérialistes. Certains disent que l’ancienne déportée aurait ainsi tenu une promesse faite aux Kabyles, en Nouvelle-Calédonie.

En revanche, Louise Michel n’aura pas le temps de revenir sur le Caillou comme elle l’avait souhaité. L’icône de la Commune meurt en 1905, à 75 ans, au terme d’une vie consacrée à son idéal d’émancipation humaine.