Article sur le partouzeur de Cheverny (41700) au combien d’actualité...
"Éric Zemmour, lui, se livre dans Le Premier Sexe à un exercice de compensation. Le premier sexe, c’est le sien. Un plaidoyer pour les vrais mâles, les durs de durs, les carrés de la mâchoire, les rebondis du biscotto, les géants à poil dur, les bruts de décoffrage, ceux auxquels nulle femme ne saurait résister, les seuls qu’elles désirent vraiment, même si elles disent le contraire, ces fausses jetonnes. Les féministes sont en train d’anéantir la virilité triomphante vitale à la survie du monde. Tout s’écroule et c’est leur faute. La nostalgie de notre pleurnicheur est si intense qu’il se perd dans des démonstrations cro-magnonesques sur l’homme en prédateur naturel et la femme en castratrice pathologique.
Il pleure le paradis perdu d’avant la mixité, rêve de charia et de Tarzan. Il a enquêté à la fois chez les Télétubbies et au zoo de Vincennes. Il fait remonter à Verdun le début de la décadence. Cette apothéose de la barbarie a eu une conséquence pire encore que le massacre des poilus : la féminisation du monde. Autant dire sa fin. Pour notre gesticulateur précoce, il n’y a plus que les islamistes et les loubards qui savent se faire respecter. Décodons : il n’y a plus qu’eux pour faire rêver Zemmour.
« Ce besoin de surjouer (la virilité) est une preuve de faiblesse », écrit-il page 85. Une ligne de lucidité dans un océan de cynisme. Comme un aveu. Il n’y a pas a priori de lien entre l’aspect physique d’un auteur et sa production. Ça ne se fait pas de remarquer ce genre de choses. Si je le fais, c’est pure gentillesse de ma part, pour trouver une excuse à la brutalité et à la hargne de ses écrits. En effet, avec sa carrure de fourchette à fondue et sa carence capillaire, l’auteur de ce lamento du chromosome présente la fragilité des nécessiteux de la musculature, ceux qui éprouvent quelque difficulté à émouvoir les hormones de leurs concitoyennes. Il parle de virilité comme une pucelle parle de bite. Il sait que ça existe, il aimerait bien savoir quel effet ça fait d’en être pourvu. On perçoit en tournant les pages de son opus comme un chant désespéré : Être une heure, une heure seulement, être une heure, une heure quelquefois, Clooney et Chabal à la fois…
Pour les pleurnicheurs, point besoin d’écouter les féministes, ni de les lire. Il s’agit juste de les dénoncer. Pour ce faire, il suffit de les mettre en accusation globalement, en vrac. De répéter ad nauseam qu’à cause d’elles le monde va à sa perte.
Elles ne disposent d’aucun mandat, d’aucun ministère et d’aucun budget et pourtant elles signifient la fin de la civilisation, l’écroulement des valeurs et la décadence de l’Occident. Elles sont partout ! Ils ont peur. Ils sont terrifiés, ces vieux gamins, à l’idée de partager un pouvoir dont ils abusent depuis toujours. Toute autonomie féminine leur est castration. Pas question de partager, ça leur coupe le sifflet. Ils croient défendre le monde, ils ne défendent que leur petite personne et leurs vieux privilèges."
(extrait de "Même pas mâle". Paris, Robert Laffont, 2007)