Lancé par P. Besnard et signé en février 1921, mais rendu public par La Bataille syndicaliste le 15 juin 1922, ce document manifestait l’organisation des anarchistes en tendance secrète ayant pour but de prendre le contrôle des CSR (Comités syndicalistes révolutionnaires) puis de la CGT. Besnard (1886-1947) et ses amis prirent effectivement mais brièvement la direction de la CGTU jusqu’au premier congrès de celle-ci à St-Étienne où ils furent mis en minorité. Ce document est instructif sur les méthodes d’un groupe que Pierre Monatte lui-même combattait, méthodes qui n’ont rien à envier aux bureaucrates de tous poils sur la question pourtant centrale de la démocratie ouvrière dans les organisations syndicales. Source : Archives Monatte (Maspero, 1968)
En acceptant ce pacte, les membres des C.S.R. soussignés, prenons l’engagement d’observer à la lettre l’esprit de ce qui suit :
1° – Ne révéler à personne l’existence de notre comité.
2° – Être présents à toutes les réunions du comité à moins de cas imprévus et sérieux. Fournir des explications justifiées aux camarades.
3° – Pratiquer entre nous une solidarité effective, matérielle et morale sans limite. Se défendre mutuellement contre toute attaque et répondre l’un de l’autre comme de soi-même. Se prêter aide et protection réciproque en se réclamant solidaire l’un de l’autre.
4° – S’astreindre à une discipline très sévère en vue de coordonner tous nos efforts dans la même direction.
5° – Notre seule direction et notre constante préoccupation doit être de faire éclore la Révolution, pour cette cause nous nous engageons à donner nos biens et notre vie.
6° – Représentant individuellement et collectivement le syndicalisme révolutionnaire, nous nous engageons en notre âme et conscience à défendre le fédéralisme et l’autonomie du mouvement syndicaliste.
7° – Nous nous engageons à œuvrer par tous les moyens en notre pouvoir pour qu’à la tête et dans tous les rouages essentiels du C.S.R., principalement à la tête de la C.G.T. quand elle sera en notre pouvoir et sous notre contrôle, nous assurions l’élection, aux postes les plus en vue et responsables, tant au point de vue des conceptions théoriques qu’à celui de l’action pratique, des camarades purement syndicalistes révolutionnaires, autonomistes et fédéralistes.
8° – Nous nous engageons à ne poursuivre la lutte quotidienne générale que sur le terrain du syndicalisme révolutionnaire, à ne nous inspirer que de ses conceptions propres et à ne subir aucune influence extérieure.
9° – Producteurs, notre action et notre espoir se placent dans la vie économique et dans le changement économique de la société. Le syndicat étant la base de la société future, le syndicalisme doit être son couronnement.
10° – Toute critique qui pourrait surgir des personnes ou des idées du Comité doit être formulée au sein du Comité et rien n’en doit transpirer.
11° – Pour l’admission des nouveaux membres, les candidats doivent être présentés par l’un de nous sans qu’il s’en doute, et, en cas d’admission, en principe, les candidats doivent être préparés et travaillés d’avance avant la rentrée, afin d’obtenir leur consentement pour le Pacte et pour toutes ses conséquences et ensuite être amenés au Comité.
Verdier, Besnard, Marie, Bische, M. Relenque, Churin, Macheboeuf, Scheiber, Pothion, Jouve, Ferrand, Daguerre, Maison, Gaudeaux, Sirolle, Varlot, Totti, Fourcade.