Comme un terrible symbole pour cette “journée internationale des droits de l’Homme”, ce vendredi 10 décembre, la justice britannique vient d’annoncer qu’elle revient sur sa décision (de janvier) de ne pas extrader Julian Assange, obéissant ainsi à la volonté impériale de Washington qu’on lui livre le plus grand journaliste de notre temps*, pour avoir révélé la vérité.
Sale journée pour les droits de l’Homme et pour la démocratie.
Que va t’il se passer maintenant ?
Sur le plan juridique, nous voilà revenu un an en arrière avant que le Royaume-Uni rejette (temporairement donc) la demande d’extradition des États-Unis au vu de l’état de santé de Julian Assange et du risque de suicide. Décision qui avait été prise par la juge britannique juge Vanessa Baraitser, tout en validant les arguments de fond des États-Unis qui assimilent le journalisme à de l’espionnage. C’était dans l’attente de la prise de fonction du président Joseph Biden alors fraîchement élu qui a aussitôt relancé les poursuites contre Assange.
La défense d’Assange va faire appel de cette nouvelle décision auprès de la Cour Suprême… ce qui signifie des mois et des mois d’attente avant l’examen du dossier, des nouvelles audiences, des recours encore possible dans cet interminable marathon judiciaire mais surtout politique… Il suffirait que le président Biden décide que cette affaire doit s’arrêter pour que tout s’arrête, mais rien ne risque d’arriver sans une pression internationale, une mobilisation citoyenne et médiatique, aussi mince soit l’espoir.
Londres, Julian Assange est cyniquement assassiné à petit feu dans la prison de haute sécurité de Belmarsh… là où devraient plutôt être emprisonnés ceux qui ont commis les crimes qu’il a révélé. Nos pensées vont en priorité vers lui et ses proches, sa compagne Stella Moris, ses enfants, son père John Shipton qui vivent tous un nouvel épisode très violent.
Que pouvons-nous faire ?
Plus que jamais il faut porter les voix en défense d’Assange et éclairer ce que révèle cette affaire. Déjà pour l’aider par notre soutien à tenir encore dans cette épreuve de torture particulièrement sadique qu’il vit depuis des années dans la prison britannique (un article de Grayzone traduit ici en témoigne ou encore l’intervention de Nils Melzer lors du débat à l’Espace Saint-Michel le 25 novembre).
Continuer à éclairer cette affaire est à la fois une question de dignité et un début de résistance à ce qui semble pour beaucoup inéluctable voire même "acceptable". Le silence serait la pire des défaites. Laissons ce silence à certains journalistes qui continuent à creuser tranquillement leur tombe par complicité, peur, ignorance, incompétence… ce qui revient au même et aboutira au même résultat. Continuer à raconter ce qu’a révélé WikiLeaks et son fondateur Julian Assange, qui a fait le sacrifice de sa liberté pour la vérité, est le minimum que l’on puisse faire. Se mobiliser chacun à son niveau possible d’action pour que la France prenne officiellement position pour défendre Assange et avec lui le principe même du journalisme contre le diktat de criminels qui ne contestent pas la réalité de leurs crimes “au nom de la démocratie” mais simplement le fait de les avoir révélés aux yeux du monde.
ASILE POLITIQUE EN FRANCE POUR ASSANGE !
Comme il nous l’avait promis lors du ciné-débat à l’Espace Saint-Michel, le député Cédric Villani nous a proposé d’organiser une projection de Hacking Justice à l’Assemblée Nationale ce lundi. Nous y allons avec détermination pour essayer encore de convaincre quelques députés de plus dans l’initiative “transpartisane” de proposition de résolution pour “inviter le Gouvernement à accorder l’asile politique à Julian Assange”.
La France va t’elle défendre les droits humains et la liberté de la presse ?
Nous sommes très lucides sur la réalité de la position de soumission de la France face aux États-Unis mais il y a eu des précédents historiques (le refus de participer à la deuxième guerre de destruction de l’Irak basée sur un gros mensonge, par exemple) dont peuvent encore s’inspirer nos élus dans une contexte d’actualité particulièrement humiliant pour la France. Ne pas tout essayer ne serait pas digne de la "patrie des droits de l’Homme”. Vous pouvez bien sûr de votre côté poser des questions à vos députés sur le sujet, les interroger sur leur position et leur demander s’ils ont signé, ou compte signer et voter cette proposition de loi.
Les mutins de Pangée