
Depuis le mois de juillet 2021 et la mise en place d’un pass sanitaire dans des lieux du quotidien (malgré les promesses faites au printemps que cela n’arriverait jamais), le gouvernement mène une dangereuse politique ségrégationniste à l’encontre d’une partie de la population.
Un grand nombre de citoyens s’est brutalement vu privé de droits élémentaires et ce dès l’âge de 12 ans. Avec la mise en place du pass vaccinal, l’accès aux loisirs et à la culture seront désormais interdits à plusieurs millions de personnes devenues des parias. Des lieux, pourtant essentiels aux plus modestes, aux plus isolés, pour accéder à l’information, à la culture, au port, au lien social, ferment à présent complètement leurs portes aux "sans pass".
Même l’accès équitable aux soins est remis en cause, ce qui est sans doute le plus grave.
Qui n’a pas encore en tête ces déclarations aussi méprisantes que méprisables de ministres, d’élus et d’éditorialistes ?
« Rendre la vie impossible aux non-vaccinés », « Il faut aller les chercher avec les dents et avec les menottes », « les personnes qui refusent le vaccin, ces jusqu’au-boutistes, sont une faille dans notre système », « faire porter le poids des restrictions aux non-vaccinés », « les non-vaccinés nous pourrissent la vie », « une minorité de connards » etc...
Des propos outrageants et discriminants qui ont largement trouvé écho auprès des médias.
Ces stigmatisations atteignent un point culminant lorsque le Président de la République déclare : « Les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire jusqu’au bout, c’est ça la stratégie ! » Il va même jusqu’à ajouter qu’un « responsable n’est plus un citoyen ». Il dresse ici un mur entre les Français, désigne les coupables, et appelle ni plus ni moins à la déchéance de citoyenneté pour ceux qu’il accuse de « saper la solidité d’une nation » et d’incarner « le mensonge et de la bêtise, qui sont les pires ennemis en démocratie ».
Le « nous sommes en guerre » semble aujourd’hui prendre un nouveau sens, celui d’une incitation à la haine.
En mai 2019, face au traitement médiatique du mouvement des Gilets jaunes et à la répression sans précédent qui s’exerçait sur les manifestants, nous affirmions que nous n’étions pas dupes dans une tribune parue dans Libération.
Aujourd’hui, le gouvernement cherche à désigner des boucs émissaires dans la population alors qu’il se défausse systématiquement de toutes ses responsabilités dans la gestion de la crise. Dans le même temps, il orchestre la casse de l’hôpital public depuis des années en plus de la fermeture de lits en pleine crise.
Nous ne sommes toujours pas dupes, la dérive autoritaire se poursuit et se démasque de plus en plus.
Le pass est avant tout un outil puissant de division, de discrimination de la population, de stratification de la société. C’est une véritable porte ouverte vers le contrôle social d’État et entre citoyens.
Aujourd’hui, le statut vaccinal comme marqueur de citoyenneté. Et demain ? Aujourd’hui, l’exclusion sociale, culturelle et sanitaire comme mesure répressive. Et demain ?
Comment ne pas se souvenir qu’à chaque fois qu’un État a souhaité stigmatiser et attaquer une partie de sa population, le totalitarisme est alors sorti de l’ombre ?
Le gouvernement bafoue actuellement la Constitution française, le secret médical, le serment d’Hippocrate, la loi Kouchner et le code de Nuremberg dans le but d’imposer son "obligation vaccinale déguisée". Il trahit la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen qui stipule que « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits » et que "tout ce qui n’est pas défendu par la Loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu’elle n’ordonne pas ».
Il va même totalement à l’encontre de la Résolution 2361 du parlement européen votée par la France le 27 janvier 2021 qui prévoit "de s’assurer que les citoyens et citoyennes sont informés que la vaccination n’est pas obligatoire et que personne ne subit de pressions politiques, sociales ou autres pour se faire vacciner, s’il ou elle ne souhaite pas le faire personnellement" et "de veiller à ce que personne ne soit victime de discrimination pour ne pas être vacciné, en raison de risques potentiels pour la santé ou pour ne pas vouloir se faire vacciner."
Refusons d’être désignés comme "vaccinés" ou "non vaccinés" et d’être poussés au rejet de l’autre.
Nous ne voulons être ni les acteurs ni les complices de ce séparatisme forcé.
Nous, artistes, professionnels et acteurs de la culture sommes révoltés par la répression, la manipulation et l’idéologie de ce gouvernement. C’est un moment charnière de notre histoire.
Utilisons notre pouvoir, celui des mots, de la parole, de la musique, de l’image, de la pensée, de l’art, pour dire non à ce projet de société. Nous appelons toutes et tous à entrer en résistance face à ce discours de haine et de division et à être tous solidaires pour que « liberté égalité fraternité » ait encore un sens.
Les sous-marins jaunes (collectif.yellow.submarine@gmail.com)
Avec le soutien du collectif Lesessentiels.org et des bibliothécaires en lutte.
Premiers signataires :
Ark, musicien
Swann Arlaud, comédien
Céline Azorin, autrice-illustratrice-graphiste
Edmond Baudoin, auteur-dessinateur
David Benmussa, réalisateur
Julien Billaudeau, auteur-illustrateur
Marc-Antoine Boidin, auteur-illustrateur BD
Patrick Boriès, cinéaste, scénartiste libre
Emilie Caillon, productrice, autrice, réalisatrice et coach
Sophie Caillat, éditrice (Editions du Faubourg)
Arnaud Cance, musicien