Demain Le Grand Soir
NI DIEU, NI MAITRE, NI CHARLIE !

Le Site de Demain le Grand Soir est issu de l’émission hebdomadaire sur "Radio Béton", qui fut par le passé d’informations et de débats libertaires. L’émission s’étant désormais autonomisée (inféodé à un attelage populiste UCL37 (tendance beaufs-misogynes-virilistes-alcooliques)/gilets jaunes/sociaux-démocrates ) et, malgré la demande des anciens adhérent-es de l’association, a conservé et usurpé le nom DLGS. Heureusement, le site continue son chemin libertaire...

Le site a été attaqué et détruit par des pirates les 29 et 30 septembre 2014 au lendemain de la publication de l’avis de dissolution du groupe fasciste "Vox Populi".

Il renaît ce mardi 27 octobre 2014 de ses cendres.

" En devenant anarchistes, nous déclarons la guerre à tout ce flot de tromperie, de ruse, d’exploitation, de dépravation, de vice, d’inégalité en un mot - qu’elles ont déversé dans les coeurs de nous tous. Nous déclarons la guerre à leur manière d’agir, à leur manière de penser. Le gouverné, le trompé, l’exploité, et ainsi de suite, blessent avant tout nos sentiments d’égalité.
(....)Une fois que tu auras vu une iniquité et que tu l’auras comprise - une iniquité dans la vie, un mensonge dans la science, ou une souffrance imposée par un autre -, révolte-toi contre l’iniquité, contre le mensonge et l’injustice. Lutte ! La lutte c’est la vie d’autant plus intense que la lutte sera plus vive. Et alors tu auras vécu, et pour quelques heures de cette vie tu ne donneras pas des années de végétation dans la pourriture du marais. "

Piotr Kropotkine -

Face à la pandémie, le camp des luttes doit sortir du déni.
Article mis en ligne le 15 février 2022

par siksatnam

Alors que la pandémie de Covid-19 fait rage et touche en premier lieu les catégories les plus discriminées de la société, le gouvernement français laisse filer et des centaines de milliers de nouvelles contaminations ont lieu chaque jour. En cette journée de mobilisation interprofessionnelle, le collectif Cabrioles appelle à sortir du covidonégationnisme, et à nous emparer enfin des moyens de l’autodéfense sanitaire, en nous appuyant sur l’histoire des luttes populaires en faveur de la santé communautaire : pratiques de prévention et de réduction des risques, grève, autoréductions de masques FFP2, etc.

Des centaines de personnes meurent chaque jour du Covid-19 depuis le début de l’année. Chaque jour. Des centaines de personnes sont admises chaque jour en soins critiques. Chaque jour. Des centaines de milliers de personnes se font infecter. Dont une part importante sera touchée par des formes persistantes de la maladie. Ces chiffres ne sont pas des chiffres. Ce sont des vies. Nous le savions encore lors de la première vague. Nous le ressentions. Mais les vagues se sont succédé. Et nous avons oublié. Le gouvernement brandit les chiffres. Et allège le protocole. Nous sommes désormais au cœur de la vague. Encore.

De nombreux·ses scientifiques nous avaient averti·es : étant donnée la contagiosité de ce nouveau variant, quelle que soit sa virulence, cette vague serait un tsunami. Elle trouve en face d’elle un système sanitaire qui s’écroule, c’est-à-dire des soignant·es, des hommes et des femmes épuisées, évidées par la dévastation managériale, par deux ans de pandémie, et par son déni. Déni de l’enfer de leurs conditions de travail, déni de la gravité de l’épidémie et de celle de cette maladie qu’est le Covid-19. Et ce déni n’est pas, en France, le seul apanage d’un gouvernement qui mène une politique de darwinisme social assumée, ni de sa fausse opposition fascisante qui réclame à corps et à cris que ce programme crypto-eugéniste soit libéré de toute entrave. Ce déni est également partagé par une bonne part du camp des luttes, qui depuis deux ans accepte que dans le « monde d’après » 300 personnes parmi les plus précarisées de la population meurent chaque jour pendant des mois, d’une maladie dont les moyens de prévention sont désormais connus.

Ce déni du camp des luttes a d’importantes conséquences politiques et constitue sûrement la principale source de notre sidération et de notre impuissance. Car ce déni de la réalité de l’épidémie nous rend inaptes. D’une part à comprendre comment celle-ci structure profondément la fascisation exponentielle qui l’accompagne. Et d’autre part à attaquer avec nos camarades zapatistes la gestion criminelle et irresponsable des gouvernements en proposant nos propres programmes d’autodéfense sanitaire inspirés de l’histoire des luttes – notamment celle du Sida – et des mesures autonomes de santé communautaires mises en place partout à travers le monde par des communautés populaires et des réseaux de lutte qui n’ont jamais eu le luxe de se lover dans le déni.

Pourtant, de part en part, l’épidémie est politique. Partout, le Covid-19 a infecté et tué majoritairement des personnes pauvres, des personnes racisées, et des femmes. Ce sont les femmes, et pour beaucoup des femmes racisées, qui constituaient le gros des « troupes » envoyées se faire infecter en premières lignes lors des vagues successives de contamination et de mort. Les classes populaires sont celles qui connaissent les plus forts taux de maladies chroniques, celles dont les métiers essentiels et manuels ne peuvent être exercés à distance, mais également celles dont l’accès au soin est le plus entravé. Entraves toujours renforcées par le racisme et le sexisme institutionnel. Les territoires les plus paupérisés sont ceux qui ont été le plus touchés par le Covid-19, mais ce sont également les derniers à bénéficier du vaccin. Vaccins qui sont toujours réservés à l’usage exclusif des pays riches. La pandémie est entièrement structurée selon les rapports de domination qui gouvernent ce monde 1. Son déni est un luxe bourgeois, patriarcal, raciste et validiste.

Aucune vague épidémique n’est une fatalité. Chaque vague est un choix politique. Il y a des gouvernements et des communautés populaires qui ont fait le choix d’agir systématiquement avant qu’une vague ne se forme, en menant des politiques de prévention proactives. Et d’autres, comme le gouvernement français, qui, passée la surprise de la première vague, ont systématiquement fait le choix de laisser la population se faire infecter massivement. Appliquant en cela la feuille de route des réseaux climatonégationnistes 2 de l’extrême-droite libertarienne qui prônent la politique eugéniste du « vivre avec ». « Vivre avec », c’est accepter que toute la population, mais plus particulièrement les classes populaires, et parmi elles ses franges les plus fragilisées que sont les femmes et les personnes racisées, mais aussi les personnes immunodéprimées, atteintes de maladie chronique ou handicapées, vivent dans la peur, se fassent infecter, contractent des Covid longs, ou en meurent.

Les sophismes du déni

Du côté des luttes, passé l’émoi de la première vague et les envolées lyriques sur le « monde d’après », la réaction à la crise sanitaire a été étonnamment faible. Alors que la circulation du virus mettait à nu les rouages des rapports de domination et le caractère criminel de la logique capitaliste, peu de collectifs et de mouvements ont pris à bras-le-corps ce qu’impliquait la situation épidémique. Bon nombre ont au contraire minimisé sa gravité pour se focaliser uniquement sur la critique du gouvernement, assimilant bien souvent sans nuance tout moyen de prévention à de la répression autoritaire.

Le déni du Covid en milieu militant s’est structuré autour d’un certain nombre de sophismes, ces sortes de raisonnements qui n’ont de logique que l’apparence. Deux d’entre eux ont pris une importance particulière.

Le premier de ces sophismes dit ceci : les mesures de prévention comme le confinement ont été nécessaires à cause de la destruction du système sanitaire par les politiques néolibérales. Si tant de lits de réanimation n’avaient pas été fermés par la rationalisation managériale, l’hôpital aurait encaissé le choc et nous aurions poursuivi une vie normale. Ce raisonnement conduit à penser que la pandémie n’est pas intrinsèquement grave, mais qu’elle l’est devenue parce qu’elle s’est abattue sur un système sanitaire ravagé. S’il est indéniable que la destruction du système de soin a amplifié considérablement la violence pandémique, et d’abord pour les personnes les plus précarisées, ce raisonnement repose sur des implicites inquiétants : le rejet du principe de précaution face à une maladie inconnue dans ses effets à moyen et long terme, une banalisation des prises en charges en réanimation qui pourtant conduisent à plus d’un tiers de décès, sont toujours traumatisantes et entraînent de nombreuses séquelles, et enfin l’invisibilisation des Covid longs qui touchent au moins 10 % des personnes infectées mêmes asymptomatiques et ont des conséquences gravement incapacitantes.

Cette lecture problématique, qui nie la gravité intrinsèque de la pandémie, a conduit les mobilisations à se focaliser exclusivement sur la juste exigence de moyens pour l’hôpital public, mettant complètement de côté la revendication, ainsi que la diffusion auto-organisée, de moyens de prévention efficaces visant à l’élimination du virus. Une politique émancipatrice et populaire d’autodéfense sanitaire ne devrait pas accepter que nous nous fassions infecter massivement, et encore moins que nous finissions en réanimation, mais devrait avoir pour objectif d’agir en amont, d’empêcher toute infection par un pathogène dangereux.

Le second sophisme, peut-être le plus important, est celui-ci : face à la vague de révoltes mondiales qui a fait rayonner l’année 2019, les gouvernements occidentaux, fidèles à leur habitude d’agiter la terreur pour pacifier les populations indisciplinées, auraient sciemment exagéré la menace du Covid-19 pour discipliner les soulèvements populaires. Le virus offrirait une occasion de renouveler l’usage des techniques contre-insurrectionnelles de gestion des populations précédemment employées dans le cadre de l’antiterrorisme. Au vu de l’usage intensif de ces méthodes de gouvernement ces dernières années, il est compréhensible que cette suspicion ait saisi celleux qui les combattent. Partant de là, un grand nombre de camarades en ont tiré cette conclusion fallacieuse : la gravité de l’épidémie n’est pas réelle, c’est un prétexte à l’accroissement du contrôle.

Et pourtant, à bien y regarder, on ne peut pas dire que les gouvernements se soient précipités sur l’occasion pour nous terrifier, c’est au contraire un déni sans nuance qui a dominé les premiers temps épidémiques. Macron nous invitant a nous rendre au théâtre, Trump nous assurant que la pandémie était un canular, et Johnson se vantant de serrer les mains des malades. Ce n’est qu’acculés, face à l’accumulation exponentielle des corps malades, qu’ils se sont vus forcés de réagir dans la plus grande improvisation.

Mais faut-il vraiment choisir entre négation et stratégie du choc ? Les gouvernements capitalistes le font-ils ? L’histoire de l’écocide et du bouleversement climatique nous apprend que non. Bien que la gravité de la menace du chaos climatique soit immense, le libéralisme autoritaire a très bien appris à s’en servir comme prétexte pour accélérer son programme liberticide, et notamment la numérisation du monde et l’expansion du contrôle qu’elle induit, tout en ne faisant absolument rien en pratique pour l’enrayer si ce n’est mimer l’action en empilant des mesures cosmétiques. Tout ce qui se joue depuis des dizaines d’années dans le rapport du commandement capitaliste à la menace climatique s’est rejoué en accéléré face à la menace épidémique. Discours de façade, négation en pratique et usage opportuniste.

Le principal piège dans lequel sont tombés les milieux militants est d’avoir cru aux écrans de fumée dressés par les gouvernant·es, d’avoir pris pour argent comptant leurs discours de façade qui les posaient en dirigeant·es rationnel·les suivant les recommandations scientifiques. Ce qu’ils et elles n’ont jamais fait. Et c’est ainsi que nous avons vu fleurir de mauvaises lectures de Foucault allant jusqu’à qualifier d’« hyper-rationaliste » un gouvernement qui affirme que les écoles ne sont pas des lieux de contamination, nie pendant plus d’un an le mode principal de transmission du Covid-19, l’aérosolisation, et prétend combattre l’épidémie par des moyens moqués de tous·tes : le couvre-feu, le masque en extérieur, et l’interdiction d’être debout dans les bars.

Mais un autre signal de ce déni dans les milieux militants nous a semblé particulièrement alarmant : la reprise dans la bouche de certains camarades de la ritournelle eugéniste affirmant que le Covid-19 ne serait pas si grave car il n’affecterait « que les personnes âgées et les personnes vulnérables », les constituant de fait comme des quantités négligeables. Si l’on se rappelle qu’en France 20 millions de personnes souffrent de maladies chroniques, soit un tiers de la population, et que 20 % des Français·es ont plus de 65 ans, on mesure combien le nombre de vies négligeables n’a, lui, rien de négligeable. Quand bien même cela ne concernerait qu’une poignée de personnes, l’argument n’en serait pas moins abject, et la reprise d’une antienne d’extrême-droite du côté des luttes, un signal qui devrait nous inquiéter au plus haut point.

Le covidonégationnisme, carburant impensé de la fascisation

De manière assez étonnante le phénomène majeur qui structure nos sociétés depuis deux ans, aussi bien sur les plans économique et géopolitique que dans ses dimensions existentielles et psychopolitiques, demeure largement absent des analyses qui tentent de comprendre la progression fulgurante du fascisme ces deux dernières années. La pandémie, puisque c’est elle, est comme l’éléphant au milieu de la pièce. Et cet éléphant détermine les mouvements de tous·tes, car tous·tes se contorsionnent pour ne pas le voir.

Si les dynamiques de fascisation des sociétés occidentales gouvernées par le libéralisme autoritaire étaient bien avancées avant la pandémie 3, il semble que celle-ci a partout agi comme un catalyseur. Avec la centralité de la frontière dans les politiques de quarantaine, les réponses étatiques ont provoqué une accélération des nationalismes et des politiques racistes déjà fortement engagées. Mais ce sont les stratégies covidonégationnistes qui ont le plus contribué à nourrir ces forces funestes en réunissant gouvernant·es et fascistes dans une même célébration morbide.

Dès le début de la pandémie, les forces de l’extrême-droite libertarienne se sont mises en branle pour nier la réalité de la pandémie. À l’avant-garde de ces mouvements, on trouve notamment les vastes réseaux libertariens de Koch Industries 4, multinationale pétrolière et deuxième plus grande entreprise privée des États-Unis. Les frères Koch comptent parmi les premières fortunes mondiales et sont connus pour injecter des milliards dans les mouvements climatonégationnistes et les réseaux fascistes de l’alt-right.

Terrorisés par la mise à l’arrêt de l’économie et la possible revalorisation des systèmes de protection collective que la crise sanitaire pouvait provoquer, ils ont réorienté toutes leurs expériences, leurs relations et leurs stratégies forgées pour nier la crise climatique vers la négation de la pandémie. Inondation d’internet avec de la désinformation, production de pseudo-études de « scientifiques indépendant·es », promotion de traitements dangereux comme l’hydroxychloroquine, ces réseaux n’ont ménagé aucun effort pour exercer et diffuser leur savoir-faire. Et c’est jusqu’aux moindres éléments de langage du lexique viriliste des climatonégationnistes qui vont être accommodés à la sauce Covid : « hystérie alarmiste », « propagande anxiogène », « fanatiques du virus », les « carbocentristes » deviennent des « virocentristes », et les « réchauffistes » des « enfermistes ».

Le Zetkin Collective a relevé trois formes de déni climatique 5 qui s’appliquent tout aussi bien à la pandémie. Le déni pur et simple prôné par les groupes les plus fascisants dénonçant une « plandémie ». Le déni interprétatif porté par la droite libertarienne qui tout en reconnaissant l’existence d’un problème en minimise l’importance et la gravité : grippette, rhume, « seules les personnes vulnérables sont concernées », « la prochaine vague n’existe pas ». Et enfin le déni implicatoire du néolibéralisme moderniste qui, tout en prétendant avoir une haute conscience du problème, ne fait absolument rien pour y répondre. L’extrême-droite libertarienne va soutenir et financer la promotion de ces trois formes de déni qui convergent toutes vers un même objectif : faire tourner l’économie et continuer à démanteler toute forme de protection collective.

En octobre 2020, alors que les États-Unis d’Amérique culminent à plus de 600 000 mort·es du Covid-19, paraît la Great Barrington Declaration 6 – véritable Appel de Heidelberg de la crise pandémique. Rédigé par des scientifiques proches des réseaux Koch 7, ce texte qui revendique plusieurs milliers de signatures scientifiques, dont des « Dr Baguette de Pain » 8, est un manifeste pour l’« immunité collective » par l’infection de masse. Minimisant la gravité de l’épidémie qui, selon elles et eux, ne concernerait que « les personnes vulnérables », iels dénigrent toute forme d’intervention et de protection collective, et préconisent les écoles ouvertes et le « vivre avec ». C’est cette ligne qui sera propagée en continu par les organes médiatiques du libéralisme autoritaire en renouvelant leurs « expert⋅es » négationnistes au fur et à mesure que celleux-ci se voyaient démenti⋅es par les faits : après les Perrone et les Toubiana, viennent les Blachier et les Kierzek. C’est cette ligne qu’adopteront la plupart des gouvernements capitalistes, gouvernement français en tête : faire tourner l’économie quoi qu’il en coûte en termes de morts et de formes persistantes de la maladie, continuer à détruire le système de soin en fermant des milliers de lits, en profiter au passage pour intensifier le traçage numérique de la population. Aucune « imbécilité » des têtes gouvernementales derrière ce choix, mais un programme, une stratégie. Aucun pari non plus, si ce n’est sur la colère.

Et ce pari sur la colère, iels vont le remporter, grâce au déni de la gauche radicale et des mouvements autonomes et libertaires, et avec une stratégie simple : laisser se constituer comme seul mouvement d’opposition un mouvement qui réclame, à corps et à cris, la fin de toute forme de protections collectives qu’il appelle « restrictions », un mouvement qui affirme tout haut un covidonégationnisme que le gouvernement applique déjà tout bas, un mouvement qui au fond demande au gouvernement d’aller plus loin dans son propre programme eugéniste et ultralibéral : le mouvement antimasque, anticonfinement, antivaccin, bref : provirus et antiprévention.

C’est que la France n’occupe pas une place anodine dans le lancement mondial de l’offensive covidonégationniste. En février 2020 un microbiologiste marseillais, très implanté dans les réseaux de la droite ultralibérale et connu pour son climatonégationnisme assumé, se lance dans un coup marketing d’envergure. Quelques jours après avoir affirmé que le coronavirus ne ferait pas plus de morts que les accidents de trottinette, Didier Raoult annonce sur la base d’une étude frauduleuse qu’il a découvert le remède au Covid-19 : l’hydroxychloroquine. Ce contre-feu médiatique typique des marchands de doute va être unanimement salué par les réseaux internationaux de l’extrême-droite libertarienne, qui vont partout relayer la nouvelle pour nier la pandémie… et s’enrichir avec ce traitement inefficace et dangereux 9.

Quelques jours plus tard, Emmanuel Macron apporte son soutien à Didier Raoult en lui rendant visite chez lui, à l’IHU-Méditerranée. En septembre 2021, alors qu’au Brésil la mafia étatique de l’hydroxychloroquine liée à Raoult est poursuivie pour crime contre l’humanité 10, Macron renouvelle son soutien en déclarant : « Il faut rendre justice à Didier Raoult qui est un grand scientifique. » Ce soutien du président français à l’icône mondiale de la désinformation médicale ne s’est jamais démenti, il est même avéré que Macron a régulièrement pris son conseil auprès du « guru da cloroquina », comme disent les Brésilien·nes.

Dans un incroyable retournement de sens, rendu possible par le déboussolement pandémique, ce mandarin de l’industrie médicale va être transformé en héraut de la contestation, si bien que – comble du paradoxe – l’on trouva même un certain nombre de publications de la gauche radicale et du mouvement révolutionnaire pour relayer une défense du personnage et de son traitement.

Les mouvements de désinformation antiprévention deviennent alors les seuls à s’organiser et à manifester pour contester le gouvernement sur le terrain de la gestion épidémique, et donc les seuls à même de capter la colère qui sourd de toutes parts ainsi que la désorientation générale qui succède au confinement du printemps 2020, à la gestion chaotique du gouvernement et à ses mensonges répétés. Par ailleurs, il faut ici soulever une hypothèse psychopolitique : si le bouleversement climatique pouvait encore être vécu comme quelque chose de lointain par la petite bourgeoisie occidentale, malgré des incursions de plus en plus fréquentes dans ses territoires d’habitation, la pandémie est le premier choc total et d’une telle violence venant faire vaciller les bases mêmes de son mode de vie impérial 11. Ce choc, les affects de crispation et de défense farouche d’une position dominante qu’il secrète, devrait faire l’objet d’une attention particulière pour penser les processus de fascisation en cours.

Dès le mois de janvier 2021 ces mouvements antiprévention commencent à prendre la rue à l’appel d’une part de Florian Philippot, leader du parti d’extrême-droite Les Patriotes qui initia en France l’immonde usage de l’étoile jaune dans les manifestations antivaccination, et d’autre part, et de manière bien plus importante, du collectif de désinformation médicale Réinfocovid très lié aux catholiques intégristes, à plusieurs mouvements sectaires, mais surtout aux réseaux néonazis de la mouvance antisémite d’Alain Soral 12. Ce dernier affirme sans surprise depuis le début de la pandémie que celle-ci, à l’instar de la crise climatique, est un « complot sioniste ». Les animateur·ices de ces mouvements sont de fervent·es admirateur·ices de Didier Raoult, propagent les mythes écofascistes de l’« immunité naturelle » et l’appel à des « communautés enracinées », et sont bien souvent des rentier·es du marché ultralibéral du coaching et des médecines alternatives. Réinfocovid organisera des rassemblements contre les mesures sanitaires et la vaccination dans de très nombreuses villes de provinces, réunissant régulièrement plusieurs centaines de personnes.

C’est sur ce terreau de mobilisations antiprévention menées par des leaders d’extrême-droite qui par leur omniprésence sur les réseaux sociaux inondent internet avec leurs discours covidonégationnistes et antisémites que se constituera le mouvement contre le passe sanitaire. Ces précédents auraient dû interdire toute comparaison avec le mouvement des Gilets Jaunes qui, aussi hétérogène qu’il fût, n’était pas directement précédé d’un mouvement idéologiquement et hiérarchiquement structuré. Et pourtant, c’est ce parallèle que mirent en avant un certain nombre de critiques radicales, allant même jusqu’à voir dans les conspiracistes des révolutionnaires en devenir, tout comme d’autres avant elles avaient réussi à faire de l’antisémitisme un « anticapitalisme tronqué » 13. C’est donc avec effroi que l’on a pu voir de nombreux groupes militants défiler sans sourciller au côté d’une extrême-droite galvanisée qui trouva là l’occasion d’exprimer son antisémitisme de manière débridée.

Si attaquer ce nouvel avatar du contrôle et de la ségrégation numérique, qui n’a de sanitaire que le nom, était évidemment d’une nécessité absolue, penser le faire en rejoignant ce mouvement fut un pari pour le moins périlleux, si ce n’est suicidaire. Un mouvement qui, loin de s’en prendre aux dispositifs de contrôle, affublait des médecins de moustaches d’Hitler, agressait et menaçait de mort des soignant·es, attaquait des pharmacies, envahissait des hôpitaux et brûlait des centres de vaccination, sans jamais se faire inquiéter par un gouvernement trop content de se voir ainsi seconder dans son déni de la pandémie et sa tâche de destruction du système de soin. Parallèlement, le nombre d’agressions fascistes et de profanations antisémites bondirent, et l’on dénombra parmi les réseaux et groupuscules armés d’« ultradroite », démantelés quasi hebdomadairement à l’automne 2021 pour préparation d’attentats, de nombreuses personnes mobilisées dans les mouvements antiprévention proches des réseaux antisémites de Réinfocovid 14.

À celleux qui peignent le combat antifasciste comme dépassé à l’heure de la cybernétisation du monde, nous rappellerons seulement que les deux géants de la Silicon Valley et cofondateurs de Paypal, Elon Musk et Peter Thiel, à l’instar d’autres patron·nes de la Valley, se sont farouchement opposés depuis le début de la pandémie à toutes mesures de protection. Le premier a maintenu ses usines ouvertes illégalement et en a profité pour rallier le trumpisme. Le second, proche conseiller de Trump et vieil ami de l’un des rédacteurs de la Great Barrington Declaration, est un partisan et grand soutien financier du suprémacisme blanc de l’alt-right 15 et des projets cybereugénistes du transhumanisme. En Thiel 16 et en l’alt-right, cette extrême-droite libertarienne qui sert de modèle à l’empire Bolloré, l’accélérationnisme suprémaciste et l’accélérationnisme cybernétique s’imbriquent parfaitement. Le chaos, tout les cybernéticien·nes le savent, produit de l’information, la valeur suprême.

D’ailleurs, la société de renseignements par analyse de big data Palantir Technologies 17, notamment connue pour soutenir technologiquement l’administration américaine dans sa traque des migrant·es clandestin·es, a offert gracieusement ses services pour la supervision de l’épidémie et le déploiement des vaccins dans plusieurs pays, dont le Royaume-Uni et les États-Unis, mettant ainsi la main sur les données de santé de millions de citoyen·nes. Peter Thiel est le fondateur et l’actionnaire principal de cette société.

Le covidonégationnisme a donc deux faces qui mettent en scène leur opposition pour mieux nous mener dans une impasse ultralibérale, eugéniste et raciste. Le capitalisme du désastre, à l’instar de ses politiques en faveur du dérèglement climatique, mène des politiques provirus et se réjouit du chaos pandémique. La crise, on commence à le savoir, est devenue son mode normal de gouvernement, sa manière de provoquer la sidération pour extraire encore de la valeur en étouffant les milieux vivants, et nos vies. Face à cela, nous n’avons qu’une issue : prendre au sérieux la pandémie.

Bâtir l’autodéfense sanitaire

Abandonner le terrain de la lutte contre la pandémie, c’est donc laisser l’extrême-droite porter le flambeau de la contestation, mais c’est aussi offrir à l’État le confort de se présenter, face à ces mouvements antiprévention qu’il a sciemment laissés prospérer, comme le seul acteur raisonnable, et ainsi de rendre désirable, pour la majorité de la population, les fausses solutions cybernétiques qu’il nous impose.

Combattre le passe sanitaire et le monde qu’il produit, les combattre véritablement, ne pourra se faire sans combattre la négation de l’épidémie qui, d’où que vienne cette négation, nourrit les forces fascisantes. Combattre la gestion autoritaire du gouvernement ne pourra donc se faire sans élaborer, positivement, nos propres pratiques d’autodéfense sanitaire. Pour cela, nous avons le trésor de l’histoire des luttes populaires qui, loin de faire de la science une religion, ont su tirer le meilleur parti des connaissances scientifiques et médicales pour combattre les systèmes de domination et soigner la croissance des forces révolutionnaires.

De même que nous ne pouvons raisonnablement envisager d’attaquer les politiques écocidaires qui ravagent la planète sans, dans le même temps, œuvrer à construire des mondes habitables ; nous ne pourrons combattre le « vive la mort » des fanatiques de l’économie sans élaborer nos propres manières de soigner les vies. À commencer par celles que le capitalisme invisibilise et tient pour quantités négligeables.

Les mouvements de luttes et d’émancipation sont riches d’histoires de réappropriations collectives des pratiques de soin et des savoir-faire médicaux. Des Free Clinics des Black Panthers et des Young Lords aux réseaux clandestins d’accompagnement à l’avortement du mouvement féministe et à ses pratiques de self-help, de l’épidémiologie de combat développée par Act-Up aux actuels centres de santé communautaire, les luttes populaires ont su inventer un rapport politique au soin qui, partant des conditions sociales vécues et prenant pour base les connaissances scientifiques, décloisonne les positions d’expertise pour faire du soin un objet commun d’élaboration.

C’est cet héritage vivant de la santé communautaire que des réseaux de luttes et des communautés populaires, partout dans le monde, ont su brandir dès les premiers temps de la pandémie. Dans de nombreux pays des Brigades de solidarité populaires se sont organisées pour fournir du matériel de protection sanitaire aux travailleur·euses en première ligne. Des milliers de femmes se sont mises à coudre des masques pour combler l’incurie étatique et approvisionner les soignant·es. Dans des favelas brésiliennes des habitant·es en lien avec des associations et des médecins ont mis en place leurs propres procédures de tester-tracer-isoler et ont obtenu des résultats édifiants 18. Au Chiapas, nos camarades zapatistes ont dès mars 2020 annoncé leurs propres mesures de confinement communautaire 19 et appelé les peuples du monde entier à organiser l’autodéfense sanitaire face à la négligence criminelle des gouvernements capitalistes.

Pour combattre la pandémie et sa gestion autoritaire, nous devrons réussir à articuler plusieurs plans.

D’abord, il nous faut dès à présent faire émerger de multiples fronts de lutte contre la politique provirus du gouvernement, ses injonctions moralisatrices individualisantes et sa tentative de diversion qui voudrait faire des non-vacciné⋅es les principaux responsables d’une situation criminelle qu’il a entièrement produite. Comme pour la lutte climatique, tous les moyens de pression populaires doivent être jetés dans la bataille. Il en va de nos vies, de celles des personnes immunodéprimées et celles atteintes de maladies chroniques, mais aussi de celles des enfants qui sont aujourd’hui massivement exposés au virus. Car il ne faut jamais l’oublier : les conséquences à long terme d’une infection par ce virus sont encore inconnues, et à côté du nombre inacceptable de formes graves et de décès, il y a le continent, volontairement invisibilisé par le pouvoir, des Covid longs qui touchent une part considérable des infecté·es, à tout âge.

Demain, 13 janvier 2022, un grand mouvement de grève est annoncé dans l’Éducation nationale pour lutter contre l’absence de protocole sanitaire et la destruction de l’école par Jean-Michel Blanquer. Ce mouvement doit tout aux enseignant·es, parents et associations qui depuis des mois alertent sur la mise en danger de millions d’enfants et de personnels scolaires, et combattent cet organe majeur de désinformation qu’est la Société française de pédiatrie. Ce sera la première fois, en deux ans de pandémie, que des syndicats appellent à une action d’envergure pour que la santé des travailleur·euses et des usager·es soit protégée. En cela, elles et ils marchent dans les pas des premier·es à avoir construit un rapport majeur à l’épidémie : les lycéen·nes qui à l’automne 2020 multipliaient les blocages pour exiger « la fermeture des lycées et écoles tant que des fonds assurant la sécurité des enseignants, de l’administration et des élèves ne seront pas débloqués, avec mise à disposition de masques et matériel ainsi que la mise en place d’un réel protocole sanitaire 20 ».

Les grèves et les blocages sont en effet particulièrement indiqués pour lutter contre les politiques provirus : ils font chuter les taux de contamination tout en faisant pression sur le gouvernement. Les camarades enthousiastes du journal CQFD résument : « La grève générale, best mesure antiCovid ever. Tous les principaux lieux de transmission du virus sont fermés (transports, écoles et facs, entreprises, commerces), réduction des risques en étant dehors, au grand air, pour manifester et cerise sur le gâteau, on destitue Macron. » Sans attendre la fameuse grève générale nous pouvons initier partout des grèves et des blocages pour refuser collectivement de travailler et d’étudier dans des lieux non protégés. On peut faire grève contre un virus et ses complices au pouvoir, définitivement, il en va même d’une nécessité vitale.

Ensuite, il nous faudra élaborer une approche globale de lutte contre la pandémie qui vienne soutenir et nourrir ce mouvement offensif. Cette approche globale, si elle veut se tenir à distance de toute gestion autoritaire, pourra s’inspirer de la plus grande expérience française de lutte pour la santé communautaire : celle d’Act-Up et la lutte contre l’épidémie de Sida 21. En avril 2020 des acteur·ices de la lutte contre le Sida, interpellant le Conseil scientifique 22, attaquaient « une politique qui pénalise, culpabilise, exclut » et nous rappelaient que ce qui avait fait le succès de cette lutte était « la révolution du rapport entre savoirs et pouvoirs » qu’elle avait opérée en faisant des malades les premier·es acteur·ices de l’élaboration des politiques sanitaires.

« La seule lutte efficace : celle qui lie de manière indissociable santé publique et droits humains, qui refuse de confier le pouvoir aux seuls scientifiques ou aux seuls politiques, qui fait de la participation des citoyens et de l’inclusion des populations minoritaires, démunies ou ostracisées, la clef du succès. » Iels donnaient à penser ce qui aurait pu être une guerre véritable contre le Covid-19 : réquisitions des stocks et des chaînes de production de matériels sanitaires, réquisitions de bâtiments publics et d’hôtels, pour loger les SDF et proposer un isolement aux personnes infectées, fermeture des centres de rétentions administratives… mais surtout : implication des communautés à tous les niveaux de la réponse sanitaire et multiplication des approches spécifiques aux contextes sociaux.

C’est suivant la même volonté de penser une approche globale anti-autoritaire qu’un collectif soutenu par des acteur·ices des luttes a proposé il y a un an une importante synthèse intitulée « Zero Covid solidaire » 23. Refusant « le darwinisme social qui nous demande de sacrifier les personnes les plus fragiles face au Covid-19 » et « convaincus que l’on ne parviendra réellement à endiguer le virus que si les mesures mises en œuvre le sont de manière sociale, solidaire et volontaire », cet appel mêle avec intelligence une approche communautaire et un objectif « zero Covid ». Contrairement à la politique eugéniste du « vivre avec », l’objectif « zero Covid » vise l’élimination complète du virus région par région.

Pour ce faire, la stratégie « zéro Covid solidaire » implique de faire chuter drastiquement les taux de contamination, notamment en mettant temporairement à l’arrêt les activités économiques non essentielles ainsi que les lieux d’apprentissage, pour arriver à une situation « où chaque cas puisse être tracé individuellement ». Plutôt que par des mouchards technologiques, ce suivi des cas pourrait être effectué par des équipes d’arpentage épidémiologique mobiles qui prendraient en charge les tests ainsi qu’un véritable travail d’information et de prévention. Cette stratégie nécessite de mettre en œuvre une coordination inter-régionale à une échelle transnationale, ainsi que l’expropriation de financements auprès des grandes fortunes, des entreprises et des transactions financières pour garantir à tous·tes un revenu minimum. Cette proposition ne se présentait pas comme un programme définitif, mais comme une invitation au débat et à la discussion. Celle-là même que nous devons poursuivre.

Enfin, il est désormais plus que nécessaire que le camp des luttes, la gauche radicale et les mouvements autonomes et libertaires, se place à l’avant-garde de la lutte contre la pandémie, en se réappropriant les outils de prévention et de réduction des risques et en les intégrant dans ses pratiques quotidiennes, ses espaces de vie et d’organisation. Pour cela, il sera nécessaire de multiplier les ateliers d’éducation populaire et de diffuser massivement les connaissances scientifiques et les pratiques adéquates à la lutte contre le virus. Seule l’émergence de forces qui mettent le soin et la prévention au cœur de leur pratique et qui portent un discours clair et fondé scientifiquement nous permettra de trancher dans la confusion, et donc de combattre la désinformation et la séduction des récits négationnistes.

Aujourd’hui, orienter nos pratiques de prévention impose de partir des connaissances les mieux établies : les vaccins existant sont efficaces contre les variants connus, et l’immense majorité des contaminations se font par voie aérienne. Pour reprendre les mots d’une récente et importante « Lettre ouverte par temps de pandémie 24 » : « Le vaccin est nécessaire mais non suffisant. Que nos milieux soient ambigus, voire carrément antivaccins, est un naufrage. Le vaccin est nécessaire, car il réduit les formes graves et le risque d’hospitalisation. Il est insuffisant, car il n’annule pas la nécessité des autres mesures (masque, ventilation). »

Il nous faut donc d’une part nous battre pour que tout le monde puisse avoir accès aux vaccins qui sont aujourd’hui exclusivement réservés aux pays riches, et surtout aux riches des pays riches. Mais il nous faut également développer une juste compréhension du principal mode de contamination du virus : celui-ci se transmet comme de la fumée que l’on inhale par le biais des aérosols que l’on émet lorsque l’on mange, parle, ou simplement respire. Ces aérosols s’accumulent dans l’air en l’absence d’aération, et leur taux de concentration ainsi que le temps d’exposition augmente le risque de contamination. Notre effort devra donc porter sur l’importance de l’usage des masques en intérieur et sur celle d’une aération régulière.

Il y a là tout un champ de recherche low-tech à explorer pour produire nos propres purificateurs d’air et nos systèmes de ventilation de manière autonome. Mais il y a aussi des caisses de mutuelles sanitaires à créer pour pouvoir s’équiper en matériel de protection, soutenir les personnes isolées, et appuyer les mouvements de grève. Et pour lutter efficacement pour la gratuité des seuls masques réellement protecteurs, les masques de type FFP2, rien de tel que de s’organiser pour arracher cette gratuité dès maintenant, en lançant par exemple des campagnes coordonnées d’autoréduction dans les supermarchés.

Tout nous indique que cette pandémie ne sera pas la dernière. La victoire du pouvoir est de nous anesthésier. De faire de nos vies des chiffres. De transformer nos mort·es en une macabre comptabilité. De nous rendre sourd·es aux peurs et aux douleurs de celleux qui nous entourent. Notre tâche est d’affûter notre sensibilité. Seules des forces prenant soin de leur faiblesses seront à même de mener des assauts conséquents.

Face au capitalisme du désastre et à ses convergences fascistes et cybernéticiennes, il s’agit de faire exister, dans nos villages et nos quartiers, des formes ouvertes de communauté, mues par l’attention portée à la vulnérabilité. Un communisme du soin.

Le collectif de la Parole Errante Demain définit ce communisme comme « une approche élargie du soin, où la communauté sociale elle-même se fait soignante – le “potentiel soignant du peuple” disait le psychiatre Lucien Bonnafé – à l’opposé de toute gestion de la population 25 ».

Même le communisme est quotidien.

Cabrioles, le 12 janvier 2022.

Carnet de recherche pour l’Autodéfense Sanitaire face au Covid-19

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@CabriolesDouze