Demain Le Grand Soir
NI DIEU, NI MAITRE, NI CHARLIE !

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Il renaît ce mardi 27 octobre 2014 de ses cendres.

" En devenant anarchistes, nous déclarons la guerre à tout ce flot de tromperie, de ruse, d’exploitation, de dépravation, de vice, d’inégalité en un mot - qu’elles ont déversé dans les coeurs de nous tous. Nous déclarons la guerre à leur manière d’agir, à leur manière de penser. Le gouverné, le trompé, l’exploité, et ainsi de suite, blessent avant tout nos sentiments d’égalité.
(....)Une fois que tu auras vu une iniquité et que tu l’auras comprise - une iniquité dans la vie, un mensonge dans la science, ou une souffrance imposée par un autre -, révolte-toi contre l’iniquité, contre le mensonge et l’injustice. Lutte ! La lutte c’est la vie d’autant plus intense que la lutte sera plus vive. Et alors tu auras vécu, et pour quelques heures de cette vie tu ne donneras pas des années de végétation dans la pourriture du marais. "

Piotr Kropotkine -

Guillaume Peltier, la déloyauté est un métier
Article mis en ligne le 27 février 2022
dernière modification le 23 février 2022

par siksatnam

Le vice-président de Reconquête, le parti créé pour installer le zemmourisme dans le paysage politique français, a derrière lui un long parcours de girouette et quelques casseroles. Elles tranchent avec l’image qu’il se donne sur les plateaux TV, prompt à dénoncer le laxisme de la justice, alors qu’il est visé par une enquête préliminaire sur son utilisation très trouble de fonds publics. Pour mesurer l’ampleur des dégâts, il faut prendre la route du Loir-et-Cher. La terre d’élection que l’ancien porte-parole de Nicolas Sarkozy s’est choisie. Enquête et reportage.

Cela devait être une formalité. Devenir maire d’abord, puis député, ensuite ministre et enfin président de la République. Un parcours tout tracé dans l’esprit du député Peltier, cet « enfant de Sologne » en réalité... né à Paris il y a 45 ans.

Pour le moment, l’ancien n°2 des Républicains a franchi haut la main les deux premières étapes de ce plan destiné à écrire un destin français. La suite de la belle histoire promet d’être plus compliquée, d’autant qu’elle pourrait s’écrire devant les tribunaux : le lundi 24 janvier, la justice a ouvert une enquête préliminaire qui vise le parlementaire. Les soupçons portent « sur l’utilisation de fonds publics » à des fins personnelles et politiques. L’initiative du parquet de Blois fait suite à des révélations de Mediapart. En novembre dernier, nos confrères avaient raconté les combines de la nouvelle tête de gondole du zemmourisme pour faire marcher sa petite entreprise personnelle.

Imprévue sur le plan de vol initial, cette étape judiciaire menace au minimum de retarder l’ascension espérée, même si l’intéressé a écarté cet accroc d’un revers de main : « c’est une manœuvre, j’avais déjà déposé plainte pour diffamation », a-t-il répliqué sur les réseaux sociaux. Et l’ami de Patrick Buisson de prévenir : « Aucun procès politique ne nous fera taire. »

Cette rhétorique qui consiste à crier au complot et à la manipulation politique quand on est approché par la patrouille, on la connaît bien sur les terres empruntées dans tous les sens et depuis des années par le très offusqué Guillaume Peltier. Elle est un lieu commun à droite. Le député de Loir-et-Cher n’avait pas trop le temps de s’occuper de ces petits problèmes au moment où la mauvaise nouvelle lui est tombée dessus : il préparait en effet la venue d’Éric Zemmour dans sa circonscription.

Un parcours

Balkanisé chez les Républicains, où sa cote était devenue aussi plate que les grandes plaines agricoles de la Beauce, l’ex-« numéro 2 » a donc claqué la porte des LR en début d’année. En réalité, la suite était annoncée depuis qu’il avait pris position en faveur du polémiste d’extrême droite, en décembre, avant de devenir dans la foulée vice-président du tout nouveau parti Reconquête. Un retour aux sources pour celui qui a débuté au Front National (à bonne école, aux côtés des Samuel Maréchal, Jean-Yves le Gallou et autres Bernard Anthony), a ensuite rejoint « le félon » Bruno Mégret, comme Jean-Marie Le Pen avait surnommé son ex-lieutenant, pour rallier un temps le panache vendéen du vicomte Philippe de Villiers et de son Mouvement pour la France (MPF). Il avait dirigé la campagne des européennes de 2004 de l’ancien sous-préfet, qu’il retrouve autour d’Éric Zemmour. Une bataille menée avec un certain Thierry Coste - le lobbyiste des chasseurs qui provoquera en 2018 la démission de Nicolas Hulot du ministère de la Transition écologique et solidaire. Jamais en manque d’une opportunité et sentant le vent tourner, Guillaume Peltier avait investi en 2009 une nouvelle maison, en adhérant à l’UMP. Il sera vice-président des Républicains jusqu’en décembre 2021. Christian Jacob a finalement accéléré son transfuge, le congédiant après son tweet de soutien à Éric Zemmour.

Parallèlement à cette trajectoire partisane zigzagante, il y a le local. Il y a une dizaine d’années, Guillaume Peltier s’est trouvé une terre d’accueil. Sur place, son ralliement à l’extrême-droite n’étonne personne. En effet, l’arrivée dans le Loir-et-Cher de ce Zebulon a pulvérisé les habitudes, mettant sens dessus dessous la droite locale. Mais avant de se stabiliser, l’ancien du FN, du MNR, du MPM, de l’UMP et de LR a fait un petit crochet, propulsé dans un premier temps en Indre-et-Loire. A Tours, son passage a laissé un souvenir contrasté, et l’image d’un « diviseur ». Peltier y a encaissé une série de défaites avant de disparaître et tenter sa chance un peu plus loin, en Loir-et-Cher. Où « l’enfant de Sologne » s’est fait élire coup sur coup maire de Neung-Sur-Beuvron (en 2014), puis député de la 2è circonscription (en 2017). Sans oublier de semer la zizanie.

« J’ai toujours été réticent vis-à-vis de son parcours », confie à Blast Richard Pichet. Cet élu local bon teint a affronté Peltier l’année dernière, aux départementales. « Je me suis présenté contre lui car quand on voyait bien ses positions : il est clairement d’extrême droite, on ne pas être étonné de ce retour vers la droite dure ». Face à cette candidature (de droite) dissidente, Guillaume Peltier a enlevé le canton de Chambord de 40 voix, avec sa colistière Virginie Verneret. Face au nouveau ralliement de son binôme, celle-ci essaie de faire bonne figure. Dans la presse locale, qui l’interrogeait, Virginie Verneret a tenté une pirouette, pour se sortir de son embarras : « Je suis un peu surprise par sa prise de position mais je sais qu’il a des convictions et qu’il va jusqu’au bout. » Des convictions sans doute, mais des fidélités à géométrie variable à coup sûr. Et peu importent les dégâts et les conséquences, autour de lui. Viré des LR, Guillaume Peltier siège désormais parmi les non-inscrits au conseil départemental, où il a dû abonner son titre de président de groupe.

Gueule de bois dans le Loir-et-Cher

Il faut se méfier des raccourcis, et ne pas regarder seulement la fin de l’histoire. Car l’ancien prof d’histoire-géo sait aussi se montrer séducteur quand il arrive quelque part. A Neung-sur-Beuvron, les habitants l’ont d’abord trouvé affable, souriant et de bonne compagnie. Jusqu’à en faire leur maire donc, choisi dès le premier tour. Depuis, les commentaires sont moins amènes dans le village. « Il est arrivé par l’intermédiaire d’anciens ténors de la droite locale comme Patrice Martin-Lalande ou Maurice Leroy, rappelle une habitante très au fait des affaires locales, qui a travaillé avec lui. Il disait qu’il venait d’un milieu ouvrier (1) alors que n’y a pas plus versaillais que ses parents. Il a gagné la mairie mais il était là pour être député. Il s’en fout du village : dès qu’il a gagné les législatives, il est parti ! ».

Venir, repartir... Une instabilité qui semble quasi pathologique. « C’est une horreur, il ne fait les choses que pour son propre intérêt, poursuit notre habitante, chez qui le charme semble définitivement rompu. Il a introduit la politique politicienne dans le village, à la communauté de communes, dans le Loir-et-Cher et a bousillé la Sologne. C’est dramatique ». Le ton est donné, les avis tranchés et visiblement partagés. Sébastien Ravier a observé l’action de l’ex-maire de l’intérieur de sa majorité, dont il était membre : « Zemmour va se faire avoir », prévient l’ancien conseiller municipal. « Peltier ? On l’appelle la girouette ou le fonctionnaire de la politique, je me souviens qu’il m’a dit « un jour, je serai à l’Elysée et vous serez avec moi dans la décapotable sur les Champs-Elysées ! » A force, moi je crois qu’il va tomber de haut. Les gens l’ont déjà compris, ici ». D’après cette grille d’analyse solognote, le rapprochement avec le candidat admirateur de Pétain serait donc un détour de plus pour gravir les échelons de la carrière.

Patrice Martin-Lalande a lui rompu avec son poulain. Dans un communiqué publié le 9 janvier, l’ancien député LR prend « acte avec une profonde déception et une grande tristesse du fait que [nos] chemins politiques se séparent ». En précisant qu’il ne se résoudra « jamais à accepter que la droite se dilue dans l’extrême droite ».

La politique de la terre brûlée

Sur les traces du député Peltier, les braises restent chaudes, partout où il passe. Au cours de cette enquête, les témoignages ont abondé et les langues se sont déliées. Au téléphone, un de ses anciens collaborateurs ne retient pas sa colère. Lui aussi a demandé l’anonymat, par crainte de représailles. « Au bout d’un an ou deux, les électeurs en avaient déjà marre, attaque-t-il d’entrée. Il (Guillaume Peltier, ndlr) fait croire qu’il travaille mais il se fout (sic) de ce dont les gens ont besoin. J’ai dû arrondir les angles à chaque fois, comme pour les subventions pour le projet de transformation de viande de gibier dans le parc de Sologne ou pour le réseau d’aide à la personne ADMR41 ». A l’autre bout du fil, l’exaspération est palpable. « Il faut d’abord que ça lui soit utile, pour sa carrière. C’est un menteur, un profiteur, un beau parleur, il sait embobiner les gens. Cette dérive ne me plaisait pas. »

Christina Brown, elle, a pu apprécier toutes les qualités de celui qui était il y a peu l’homme fort des Républicains dans le Loir-et-Cher. En octobre 2020, avec l’ex-vice-présidente du département, cette ancienne élue LR a porté plainte pour agression sexuelle contre Jacques Marier, un autre élu du département.

Avant de se tourner vers la justice, elle a d’abord cherché du soutien autour de soi, s’ouvrant sur ce sujet délicat. Ce qui lui vaudra d’être... démise de ses fonctions de secrétaire départementale du parti. Une nouvelle apprise dans le journal. « Guillaume Peltier a fait un communiqué de presse expliquant qu’il était obligé de se séparer de moi par manque de confiance, et qu’il me remplaçait par une autre personne, raconte-t-elle à Blast. Il a outrepassé ses droits : le secrétaire départemental est nommé par le président du parti, c’est-à-dire Christian Jacob ». Pas de quoi à l’époque remettre en cause l’influence et les décisions du vice-président délégué. « Un mois plus tard, j’ai eu un appel de Christian (Jabob, ndlr) qui m’a dit « je ne comprends pas, je reçois un courrier du bureau de Loir-et-Cher mais ça ne te correspond pas. Si tu veux, on va dire que tu démissionnes. » Ils n’ont pas voulu faire de vagues. Je n’ai jamais eu d’explications en face, rien ».

On le voit, la méthode est expéditive. Pas question de verser dans la sensiblerie.

Avec son indéfectible bras droit Matthieu Spiesser, Guillaume Peltier a tissé une véritable toile sur le département. Sa grande capacité à tout mémoriser est une de ses forces. Comme Jacques Chirac en son temps, l’élu à la poignée de main facile et vous appelle par votre nom. Grâce à ce talent et cette proximité qu’il installe tout de suite, il a pu lever d’importantes sommes d’argent au profit de son association Les Amis de Guillaume Peltier

Et surtout, il s’est appuyé sur le travail de ses collaborateurs. Dans cette histoire, ceux-là ont joué un rôle central. « Ce n’était pas un travail d’assistant parlementaire, détaille un ancien de son équipe, juste une course à l’argent, pour son asso ». Le Monde a décrit l’année dernière cette mécanique de récoltes de dons, qui a aussi profité aux micropartis Ensemble Avec Guillaume Peltier et Les Populaires. C’est justement sur les moyens de financement de ces structures que le parquet de Blois a ouvert une enquête préliminaire. « Il y avait des donateurs comme vous et moi, avec un minimum de 20 euros jusqu’à 7 500 euros, précise à Blast son ex-collaborateur. Ça servait à financer son train de vie, on y passait nos nuits, week-end et jours fériés. Cette asso existe toujours. »

Vacance au pôle

Après son élection en 2014 à la mairie de Neung-sur-Beuvron, Guillaume Peltier s’était fait élire à la tête de la communauté de communes de la Sologne des Etangs. Créée en 2000, cette « comcom » (12 communes, 8 680 habitants) est installée au château de Villemorant, racheté par le département (aux enchères) à l’excentrique Bokassa 1er - l’ex-empereur autoproclamé de Centre-Afrique. Un Ecoparc y a également été créé afin d’y accueillir des sociétés. Pour apporter sa contribution, le président Peltier a lancé le « forum des entreprises » « Depuis la première édition, annonçait-il fin 2020 dans un journal local, 1000 solognots ont trouvé un emploi, une formation ou un apprentissage grâce à cet évènement qui a accueilli 73000 visiteurs (…). La politique de terrain avec des résultats est ce qui compte le plus pour moi. » Pour rester réaliste, ce chiffre doit être plus raisonnablement « divisé par 2 ou 3 », selon un acteur local interrogé par Blast. Pour autant, ce forum des entreprises « est une bonne idée » au départ, d’après ce témoin. En revanche, sa mise en pratique pêche, semble-t-il, selon le même : « C’est la seule chose qu’il a faite de bien ! Mais il a lancé tout ça sans rien organiser, il nous disait « ça coute rien ! » Mais chaque année ça coutait 150 000 euros, au bas mot. »

L’effort était d’autant plus important qu’il semble avoir contrarié un autre projet : la « comcom » avait mis de côté un million d’euros pour permettre l’installation d’un centre Pierre & Vacances. Il n’a jamais vu le jour. « On avait bossé, regrette notre interlocuteur, on a serré les boulons pendant de nombreuses années, pour économiser ». Ce trésor de guerre a servi à autre chose, au final. Guillaume Peltier y a puisé 700 000 euros pour mettre en place un pôle de santé, destiné à lutter contre la désertification médicale. Mais le pôle a lui-même été déserté en grande partie : « Il avait promis la lune à un médecin, mais après quelques mois d’activité celui-ci est reparti à Orléans », confie une ancienne collègue de l’ex-président de la Sologne des Etangs.

Quoi qu’il en soit, ces investissements n’ont pas été faits en vain : le « forum des entreprises » et le pôle médical ont servi en 2017 de rampe de lancement à la campagne des législatives de leur « inventeur ».

Les laborantins de l’extrême

A Paris comme en Sologne, un nom est inséparable de celui de Guillaume Peltier. Impossible de parler de l’un sans évoquer Alexandre Avril avec lequel il forme un duo de choc. Né en 1992, le maire de Salbris, la plus grande commune du département, est régulièrement invité sur les plateaux de CNews où il assume tranquillement ses idées identitaires et son appartenance à l’extrême droite.

Ce normalien, qui se présente comme « spécialiste de Friedrich Nietzsche et René Girard » sur son site personnel, a dynamité les rapports de force dans sa commune pour se faire élire en 2020 premier magistrat de la ville. Mais, à l’image de son ami Peltier, il a crispé la population. Et le vent a rapidement tourné pour le jeune maire, pourtant très apprécié au départ par les Salbrisiens, de plus en plus nombreux à penser qu’il y a eu erreur sur la marchandise. Ils ont ainsi découvert ses liens avec le sulfureux écrivain Renaud Camus sur le blog de ce dernier. On y voit le futur édile, quatre ans avant son élection, poser au cours d’un passage chez Robert Ménard à Béziers sous les doux mots du théoricien du « grand remplacement » (2)

Des liens avec l’extrême droite, Alexandre Avril en a ailleurs. Lors des municipales de 2020, Christophe Matho, conseiller d’opposition à Salbris et adversaire défait au second tour face à Avril, se souvient avoir « remarqué la forte présence de deux lieutenants de Marion Maréchal pour soutenir sa campagne ». Sur le profil Facebook du jeune élu, on relève également des commentaires et des soutiens venus du Bloc Identitaire ou de la Manif pour Tous. On peut encore y retracer des liens avec des membres de l’Action Française ou de l’Institut Iliade, deux entités clairement identifiées à l’extrême droite. « Il présente bien, c’est le gendre idéal tiré à quatre épingles qui embrasse les grands-mères, il a été l’attaché parlementaire de Jeanny Lorgeoux lorsqu’il était sénateur car les deux admirent Charles Maurras », souffle Louis de Redon, conseiller municipal de droite à Romorantin et candidat aux départementales de 2021.

Grand remplacement en Sologne ?

Jeanny Lorgeoux, inamovible maire de Romorantin-Lanthenay depuis 1985, est un soutien sans faille du député Peltier. Cet ancien sénateur socialiste proche de Mitterrand est surnommé le « Lion de Sologne », du fait de sa longévité. « Il n’y a plus de frontières droite/gauche, constate et regrette Christophe Matho à Salbris, mais d’un côté le triangle Peltier/Avril/Lorgeoux et de l’autre les « anti-systèmes » comme le maire de La Motte-Beuvron Pascal Bioulac. Et les tensions sont très vives ». « A la base, on est dans un département modéré, reprend de son côté Louis de Redon. Je préfère la droite normale à des personnes qui parlent de caillassage de pompiers alors que ça n’est jamais arrivé, ou de « grand remplacement » quand les trois seuls noirs ici jouent au club de foot. On a des sujets plus urgents. Par ailleurs, je suis le petit-fils d’une résistante déportée, l’extrême droite et le pétainisme, c’est non pour moi ! ».

On s’en doute, avec son ami Alexandre Avril et son allié Jeanny Lorgeoux, Guillaume Peltier n’a que faire de ces critiques. Tout à son destin, il regarde devant. La suite, le député de la 2e circonscription de Loir-et-Cher l’imagine déjà. En juin prochain, il compte rempiler pour une nouvelle législature. Pour y parvenir, il a préparé le terrain et le... casting. Pour se faire (ré)élire, rien de mieux qu’avoir un adversaire à sa main. Avec le président UDI du Loir-et-Cher Philippe Gouet et son prédécesseur LR Nicolas Perruchot, le sortant a imaginé un plan magistral. D’après nos informations, le trio a manœuvré en coulisses pour que la candidate qui défendra les couleurs des Républicains s’appelle... Virginie Verneret. Qui n’est autre, pour mémoire, que la colistière de Guillaume Peltier aux dernières départementales !

Ce choix n’a pas encore été officialisé par la commission nationale d’investiture de l’ancien parti du sortant. Mais Blast a eu la confirmation, en off. Sauf surprise, c’est donc cette adversaire sur mesure qu’il affrontera. Le Loir-et-Cher devrait continuer à servir la carrière de celui qui s’est fixé comme objectif personnel l’Elysée.

Le coup de l’aspirateur

En attendant d’être le premier sur l’affiche pour l’élection suprême, l’ambitieux doit déjà essayer de forcer la porte du palais des chefs d’Etat français pour son nouveau champion. En venant porter la parole d’Éric Zemmour, Guillaume Peltier n’est pas arrivé les mains vides. Aux équipes de Reconquête, il a offert un cadeau inestimable : le fichier des adhérents LR. Du national au local, on retrouve là aussi une certaine constance dans ses pratiques. Après avoir déserté la mairie de Neung-sur-Beuvron, l’ex-maire était venu jouer les troubles fêtes lors des municipales de 2020 : trois jours avant les élections, il avait envoyé un mail à ses anciens administrés. Objectif : barrer la route à une ancienne adjointe (qui se présentait) avec laquelle il entretenait une relation houleuse – elle s’était notamment opposé à lui en 2014. Les adhérents LR, eux, ont eu droit à un message début décembre. « Unissons tous les patriotes et tous les républicains ! », clamait-il. A la fin de cette harangue, un bouton, et une invite explicite : « Je fais un don ». Un clic plus tard, on se retrouvait sur le site de l’association Les Amis de Guillaume Peltier. Malin ! Même son ralliement à sa nouvelle cause actée, les mails ont continué à parvenir aux militants encartés chez Les Républicains, au grand dam de ses responsables, comme le député du Vaucluse Julien Aubert. Selon Christian Jacob, son ancien vice-président a utilisé un fichier récent de 200 000 noms. Jacob a saisi la CNIL.

Si les faits se révèlent avérés, le député risque jusqu’à 5 ans de prison et 300 000 euros d’amende.

Maxime Carsel

(1) La bio officielle de Guillaume Peltier indique qu’il a grandi à Paris Porte de Vanves, dans un HLM, avec un père plombier et une mère laborantine.

(2) La cour d’appel d’Agen vient de confirmer ce jeudi 17 février la condamnation de Renaud Camus pour provocation à la haine raciale.

Le OFF de l’enquête

Ni Guillaume Peltier, ni Alexandre Avril, ni Jeanny Lorgeoux, n’ont répondu à nos sollicitations.