A l’heure où certains "anarcho-gauchistes" veulent nous vendre une improbable réunification syndicale, on constate plutôt l’institutionnalisation complète de certaines centrales syndicales. Depuis plusieurs mois, Force Ouvrière est parcourue par des dénonciations de l’éviction de Pascal Pavageau, sous fond de refus d’audit interne et d’intérêts financiers croisés.
Nous reproduisons ci-dessous le courrier envoyé aux adhérent-e-s de cette centrale par Frédéric Vuillaume, qui vient de se présenter à la candidature au secrétariat général lors de son congrès à venir (ce 30 mai 2022).
Vous connaissez tous et toutes mon engagement à Force Ouvrière pour défendre les intérêts des salariés, vous connaissez mon attachement à la Charte d’Amiens texte fondateur du syndicalisme de lutte des classes.
C’est pour ça que j’ai décidé avec l’accord de mon syndicat de base, d’essayer modestement de redonner de la crédibilité à cette belle organisation Ouvrière qu’est le syndicat libre indépendant
Besançon le 27 avril 2022
Chères et chers camarades,
Je suis un militant de base, Secrétaire Général du syndicat Force Ouvrière Conseil régional Franche-Comté Bourgogne. Je me mets à disposition de l’organisation syndicale Force Ouvrière pour présenter ma candidature pour le mandat de Secrétaire général, au terme du prochain congrès confédéral, convoqué du 30 mai au 3 juin prochain, à Rouen, et du comité confédéral national qui procédera à l’élection.
Syndiqué à Force Ouvrière depuis plus de 20 ans, je me nomme Frédéric Vuillaume. Attaché aux valeurs de liberté et d’indépendance, j’ai souvent montré ma combativité et ma détermination à défendre nos droits. Ainsi le 5 décembre 2020 j’ai participé à une manifestation contre la proposition de loi "sécurité globale", loi qui bafoue les libertés fondamentales. J’ai été arrêté violemment, plaqué au sol, menotté et placé en garde à vue 44 heures ! Alors que j’usais de mon droit fondamental de manifester, j’ai été accusé du délit d’attroupement. J’ai risqué un an de prison et 15.000 euros d’amende. Le 20 mai dernier, j’ai été relaxé, Amnesty International était venue assister à ce procès pour dénoncer cet acharnement judiciaire, ce jour-là J’ai reçu des milliers de soutiens de militants et d’autres personnes, j’ai vécu concrètement la fraternité de classe.
Cette dérive autoritaire du gouvernement est très inquiétante et doit nous alerter, militer, revendiquer, manifester va devenir de plus en plus difficile.
Si aujourd’hui je présente ma candidature, alors qu’il y a déjà deux autres candidats qui sont deux responsables nationaux, c’est que j’ai mal à ma Force Ouvrière.
J’ai mal pour nous les syndicats de base qui nous crevons la paillasse pour défendre les salariés, nous qui sommes sans cesse sur le terrain pour combattre au jour le jour les mesures liberticides et de casse sociale de ce gouvernement et du patronat, nous qui avons comme porte étendard les valeurs de la Chartes d’Amiens, nous qui refusons cette co-construction, cette compromission, cette trahison.
J’ai mal de voir comment s’est comporté depuis 3 ans notre confédération, oubliant les résolutions du congrès de 2018, allant de trahison en compromission comme ça a été le cas pour la validation de l’accord sur le télétravail, pour la décote à 64 ans…
C’est indigne de Force Ouvrière !!!
À la base, dans les entreprises, les militants, les travailleurs refusent que Force Ouvrière, qui a toujours combattu les décotes, ait signé la décote à 64 ans : de quel droit nous obliger, nous, travailleurs, à travailler jusqu’à 64 ans ? Alors que la vraie, l’unique revendication de Force Ouvrière est et a toujours été, y compris par la résolution générale du congrès de 2018 la retraite à 60 ans à taux plein.
Cette décision totalement éloignée de la réalité des conditions de travail et des conditions de vie des salariés, montre que la confédération est devenue une bureaucratie du syndicalisme, se comportant comme une direction patronale qui méprise la notion du mandat donné.
Malheureusement, Force Ouvrière ne ressemble plus à notre belle CGT FORCE OUVRIÈRE !
C’est pour toutes ces raisons que nous devons ensemble mettre un terme à la dérive politico-financière de Force Ouvrière, remettre en place l’audit financier qu’avait commencé Pascal Pavageau, quitter la lutte des places pour revenir à la lutte des classes, construire un véritable rapport de force qui nous sortirait du pseudo dialogue social dans lequel nous nous sommes tous enfermés et qui nous conduit à établir des diagnostics partagés, pour enfin faire aboutir nos revendications légitimes pour faire reculer le gouvernement et le patronat.
Et c’est pourquoi un retour à la base s’impose. C’est pourquoi la candidature d’un militant de base comme la mienne s’impose : je suis agent d’entretien travaillant dans un lycée depuis plus de 20 ans, élu secrétaire de mon syndicat de base. À ce titre je veux être le candidat de la liberté, de l’indépendance, portant haut et fort les valeurs de la Charte d’Amiens, mais aussi du strict respect du mandat donné lors des résolutions générales des congrès confédéraux. Je suis candidat pour que notre belle organisation Force Ouvrière retrouve sa crédibilité auprès des salariés, pour qu’ils puissent s’organiser pour combattre les mauvais coups du patronat.
– Soyons revendicatifs déterminés, combattons les lois antisyndicales, refusons toutes ces compromissions, cette co-construction qui nous mène vers un dialogue social imposé par le gouvernement et le Medef.
Organisons le vrai rapport de Force qui fera aboutir nos revendications
Je peux, si vous l’acceptez, contribuer avec vous, syndicats de bases, à faire renaître notre belle CGT-FORCE OUVRIÈRE.
– Respectueux dans ses orientations et son action des résolutions générales du congrès confédéral, des statuts et de l’histoire de Force Ouvrière.
– Favorable à la mise en place d’un programme revendicatif de classe que Force Ouvrière proposera en préalable dans toutes les négociations nationales, de branches, en entreprises.
– Ce programme, base de l’indépendance, est la garantie qu’ensemble Force Ouvrière ne pratiquera jamais le « diagnostic partagé » ni les « renoncements forcés » avec le gouvernement comme avec le patronat.
– Force Ouvrière ne sera jamais l’allié compromis du syndicalisme d’accompagnement de la CFDT
– Dans ce cadre, nous défendrons la retraite à 60 ans à taux plein avec 37,5 annuités de cotisation et contre toutes les décotes, à 62, 64 ou 65 ans.
– Dans ce cadre, nous défendrons inconditionnellement la Fonction publique, le statut des fonctionnaires et combattrons la gestion à flux tendus de la santé et des services publics. Nous demanderons la levée de toutes les sanctions contre les personnels de santé.
– Dans ce cadre, nous combattrons les lois antisyndicales de 2008 (sur la « représentativité »), de 2016 (nous revendiquerons le rétablissement du principe de faveur) comme les ordonnances Macron.
– En interne à Force Ouvrière, nous exigerons la mise en place de l’audit, afin de clarifier la situation financière de l’organisation et mettre un terme à l’opacité, et aux pressions et chantages internes à l’appareil. Nous demanderons que tous les acteurs et complices des actes délictueux soient mis face à leurs responsabilités et que toutes les conséquences en soient tirées.
– Nous refusons que le bureau confédéral ressemble plus à une direction patronale s’entourant de laquais au service de leurs maîtres, qu’à une organisation Ouvrière.
– Notre organisation syndicale doit renouer avec la démocratie Ouvrière et mettre un terme aux tactiques d’appareils et/ou de courants politiques.
– Nous souhaitons que notre organisation redevienne une organisation de camarades qui débattent ensemble, même parfois vivement, mais que nous gardions cette fraternité, cette solidarité, cette camaraderie qui nous permettra de retrouver notre militantisme d’action directe caractère essentiel de notre syndicalisme.
– Nous redonnerons une véritable autonomie aux UD, qui est une constante du syndicalisme confédéré.
– Nous serons sans compromission avec nos adversaires de classes à la botte des 1% les plus riches, je mettrai toute mon énergie au service des militants et des travailleurs.
– Alors que la mise en place de la réforme des retraites à 64 ans est imminente, que la casse des services publics est toujours plus d’actualité, que nos salaires sont au plus bas, que le gouvernement et le patronat continuent de dépecer les conquis sociaux la classe Ouvrière.
Nous en tant que militants syndicalistes nous avons la lourde responsabilité de défendre les intérêts des salariés, nous sommes tous responsables du devenir de notre société, c’est à nous organisation syndicale de combattre dans nos entreprises dans la rue les politiques mortifères des gouvernements et du patronat, nous ne sommes pas un syndicat d’accompagnement, de co-construction, nous ne sommes pas des partenaires sociaux, refusons cette dérive céfdetiste et revendiquons nous comme syndicat de lutte des classes issu de la Charte d’Amiens, comme nous l’avons toujours été.
Frédéric Vuillaume