Demain Le Grand Soir
NI DIEU, NI MAITRE, NI CHARLIE !

Le Site de Demain le Grand Soir est issu de l’émission hebdomadaire sur "Radio Béton", qui fut par le passé d’informations et de débats libertaires. L’émission s’étant désormais autonomisée (inféodé à un attelage populiste UCL37 (tendance beaufs-misogynes-virilistes-alcooliques)/gilets jaunes/sociaux-démocrates ) et, malgré la demande des anciens adhérent-es de l’association, a conservé et usurpé le nom DLGS. Heureusement, le site continue son chemin libertaire...

Le site a été attaqué et détruit par des pirates les 29 et 30 septembre 2014 au lendemain de la publication de l’avis de dissolution du groupe fasciste "Vox Populi".

Il renaît ce mardi 27 octobre 2014 de ses cendres.

" En devenant anarchistes, nous déclarons la guerre à tout ce flot de tromperie, de ruse, d’exploitation, de dépravation, de vice, d’inégalité en un mot - qu’elles ont déversé dans les coeurs de nous tous. Nous déclarons la guerre à leur manière d’agir, à leur manière de penser. Le gouverné, le trompé, l’exploité, et ainsi de suite, blessent avant tout nos sentiments d’égalité.
(....)Une fois que tu auras vu une iniquité et que tu l’auras comprise - une iniquité dans la vie, un mensonge dans la science, ou une souffrance imposée par un autre -, révolte-toi contre l’iniquité, contre le mensonge et l’injustice. Lutte ! La lutte c’est la vie d’autant plus intense que la lutte sera plus vive. Et alors tu auras vécu, et pour quelques heures de cette vie tu ne donneras pas des années de végétation dans la pourriture du marais. "

Piotr Kropotkine -

« LE CONVOI LE PLUS LONG ! » ✊🖤❤️
Article mis en ligne le 13 mai 2022
dernière modification le 11 mai 2022

par siksatnam

A l’attention de tous nos soutiens, quelle que soit la forme, voici le compte-rendu en photos du convoi solidaire en Grèce de janvier à mai 2022. Un grand moment de solidarité internationale et de convergence de luttes contre l’adversité et la résignation.

POURQUOI UN CONVOI DE JANVIER À MAI ?

(préparation du convoi, anecdotes et voyage en quatre phases)

Ce convoi fut le plus long de ces dernières années : de janvier à mai, aux côtés des principaux collectifs de lutte et de solidarité en Grèce. Pourquoi ?

Tout d’abord, les contraintes sont beaucoup plus dures qu’avant et nous conduisent à être un peu plus discrets. Nous évitons de voyager en trop grand nombre à la fois, nous ne circulons plus en longues colonnes de fourgons et nous ne sortons nos drapeaux (divers, à l’image de notre diversité) qu’à de rares occasions. Aux contraintes frontalières liées à la pandémie durant l’hiver s’ajoute la répression accrue depuis le retour de la droite au pouvoir. Certains d’entre nous en ont fait les frais ces derniers mois : intimidations, interpellations, gardes-à-vue, violences… Le régime de Mitsotakis est vraiment le pire de ces dernières années à l’égard du mouvement social en Grèce comme à l’égard des précaires grecs et exilés. Idem pour les solidaires venus d’ailleurs.

Plusieurs parmi nous ont également des soucis réguliers avec des organisations fascistes en France comme en Grèce (menaces, embuscades…). Entre les deux, la traversée de l’Italie s’avère de plus en plus compliquée et les contrôles se multiplient, accompagnés de commentaires parfois racistes et suspicieux. En Grèce, nous sommes dans le collimateur en tant que soutien principal du mouvement social au fil des années. Lors d’un précédent convoi, nous faisions la couverture de plusieurs journaux de l’extrême-droite grecque en tant qu’ennemis à stopper. Une autre fois, notre colonne de fourgons un peu trop visible avait été stoppée par une énorme opération de police juste avant d’arriver à Athènes, mais avait pu finalement repartir et livrer les lieux et collectifs qui nous attendaient avec impatience. Sans oublier les médias grecs qui prétendent encore que nous transportons des kalachnikovs, y compris au journal télévisé ! Pfff !

À cela s’ajoutent des disponibilités compliquées pour beaucoup d’entre nous : certains ne sont pas disponibles ces temps-ci (santé, boulot, soucis financiers…) et d’autres ne peuvent pas venir tous en même temps. D’où un convoi réparti en 4 phases : en janvier, février-mars, début avril, puis début mai, avec 4 groupes différents.

Ce convoi a également été plus long que les précédents parce que nous avons effectué beaucoup de travaux dans plusieurs lieux : rangement, menuiserie, peinture, plomberie, électricité, sécurité anti-incendie… Nous sommes souvent restés plus longtemps qu’à l’habitude, en particulier à Athènes et en Crète, pour des actions en profondeur.
Au total, 16 fourgons et 33 personnes ont fait le voyage durant ces quatre mois. Sans compter les centaines de personnes qui nous ont aidé à préparer, qui ont soutenu le projet ou qui nous ont au moins aidé à partager l’appel.

Nous ne faisons jamais de plan com dans les médias du pouvoir. Notre démarche est totalement indépendante, de mouvement social à mouvement social, en convergence de luttes, sans subvention de l’État ni d’aucune entreprise en recherche de publicité (social-washing, green-washing). Nous avons refusé un partenariat avec une chaîne de télé pour un reportage qui serait passé en deuxième partie de soirée. Comme nos camarades et compagnons en Grèce : nous sommes résolument irrécupérables, loin des paillettes et du spectacle abrutissant.

Dans des dizaines de villes, des camarades et compagnons de luttes ont collecté toutes sortes de choses utiles. Cette année, la palme va sans doute à Port-Saint-Louis, près de Marseille, où les cartons se sont multipliés, parfois avec le soutien des élèves du secteur. Dans le Sud-Ouest aussi, la collecte a été bonne et l’acheminement vers Martigues a parfois été compliqué. Tout a été vérifié, trié, recompté (jusqu’aux pièces des puzzles pour ne pas décevoir les enfants à l’arrivée).

Pour la petite histoire, on a écarté un jeu de cartes du MEDEF, des jouets McDonalds, des manuels « pour la parfaite femme au foyer » (sic) et, après une discussion drolissime, une horloge à l’effigie de Johnny Halliday. Pas mal de proches sont venus nous aider à mobiliser, comme Pia Klemp à Martigues, et bien d’autres dans plusieurs lieux de collectes, de Montreuil à Toulouse et de Montpellier à Grenoble.

Parmi les convoyeurs, comme à chaque fois, se mélangeaient des nouveaux et des anciens pour lesquels c’était le troisième ou le quatrième convoi. Sans oublier plusieurs nouveaux partants qui nous avaient déjà aidé à préparer une dizaine de convois sans jamais partir jusqu’ici ! L’occasion pour eux d’aller enfin voir de l’autre côté et rencontrer nos collectifs sur place.

La troisième phase du convoi, début avril, a été dédiée à notre ami José Bengala, décédé le 8 mars dernier. José avait participé à trois de nos voyages et nous avait rejoint pour la dernière fois à Athènes durant le procès de Giorgos et Nikos en novembre. Conformément à ses dernières volontés, José était revêtu de son tee-shirt en soutien à Exarcheia lors de son incinération. Nos camarades grecs lui ont également rendu hommage et nous avons trinqué à sa mémoire.

À chaque départ, il est également important de former et d’informer au plus vite les nouveaux venus à la montagne de tâches qui nous attend. Car on ne fait pas que livrer une cargaison : on fait beaucoup d’autres choses : politiquement, matériellement, physiquement, y compris du bricolage et des travaux pour celles et ceux qui le souhaitent. En vu de cela, on s’entraide. Des anciens viennent conseiller, aider durant la préparation et parfois accueillir quelques idées nouvelles. Tout ce beau monde est hébergé localement, le plus souvent à Martigues et aux alentours, grâce au soutien de nombreux habitants qui se font un plaisir de proposer une chambre et un repas du soir à nos convoyeurs de passage, avant chaque départ.

Nous parlons du voyage, mais pas trop : nous avons décidé, comme à l’habitude, de ne pas raconter tous nos plans de route, même à nos soutiens. Inutile de risquer la circulation de rumeurs. On cloisonne l’info pour la sécurité de tous et du chargement. On classe puis on récupère les cartons dans des espaces de rangement principalement situés dans le Tarn et les Bouches-du-Rhône, grâce à des camarades qui ont de grands garages ou des pièces disponibles pour stocker. On règle aussi quelques soucis mécaniques, avec l’aide de camarades connaisseurs comme Charlie du garage solidaire du Var qui est parti avec nous en convoi il y a trois ans.

Puis, on part, par vagues successives et on se tient au courant sur la route… Les conducteurs et conductrices se relaient. Après les tunnels et les viaducs de la côte, la plaine du Pô est interminable… It’s a long way to Ancona ! On traverse même le fleuve Rubicon en Italie, avec une petite pensée pour nos camarades de Rouvikonas, avant de monter dans le ferry Ancona-Patras.

22 heures de traversée nous attendent ensuite, sur la mer Adriatique, avant les derniers kilomètres de route dans le nord du Péloponnèse. Quand on approche de Corinthe puis d’Athènes, le téléphone ne cesse de sonner : « Vous êtes où ? Vous arrivez bientôt ? » Nos camarades grecs et migrants s’impatientent. Nous trépignons également. Plus que quelques kilomètres ! C’est ça aussi les convois : une belle histoire d’amour et d’utopie entre sœurs et frères humains !

Pas question de baisser les bras, ni en France ni en Grèce. Pas question de laisser faire. Pas question de rester chacun dans notre coin d’Europe face à la violence du capitalisme qui nous opprime, détruit le bien commun et saccage nos vies. Pas question de subir sans agir de toutes les façons possibles : insoumission, résistance, création, solidarité…

Cette action n’est peut-être pas grand-chose face à l’ampleur du désastre, mais elle encourage à poursuivre nos luttes qui convergent toutes vers un même but : reprendre nos vies en mains et montrer ce dont nous sommes capables ensemble, par-delà nos différences.
Hauts les cœurs ! Encore merci à toutes celles et ceux qui ont participé à la préparation de ce convoi, d’une façon ou d’une autre.

Yannis Youlountas