Demain Le Grand Soir
NI DIEU, NI MAITRE, NI CHARLIE !

Le Site de Demain le Grand Soir est issu de l’émission hebdomadaire sur "Radio Béton", qui fut par le passé d’informations et de débats libertaires. L’émission s’étant désormais autonomisée (inféodé à un attelage populiste UCL37 (tendance beaufs-misogynes-virilistes-alcooliques)/gilets jaunes/sociaux-démocrates ) et, malgré la demande des anciens adhérent-es de l’association, a conservé et usurpé le nom DLGS. Heureusement, le site continue son chemin libertaire...

Le site a été attaqué et détruit par des pirates les 29 et 30 septembre 2014 au lendemain de la publication de l’avis de dissolution du groupe fasciste "Vox Populi".

Il renaît ce mardi 27 octobre 2014 de ses cendres.

" En devenant anarchistes, nous déclarons la guerre à tout ce flot de tromperie, de ruse, d’exploitation, de dépravation, de vice, d’inégalité en un mot - qu’elles ont déversé dans les coeurs de nous tous. Nous déclarons la guerre à leur manière d’agir, à leur manière de penser. Le gouverné, le trompé, l’exploité, et ainsi de suite, blessent avant tout nos sentiments d’égalité.
(....)Une fois que tu auras vu une iniquité et que tu l’auras comprise - une iniquité dans la vie, un mensonge dans la science, ou une souffrance imposée par un autre -, révolte-toi contre l’iniquité, contre le mensonge et l’injustice. Lutte ! La lutte c’est la vie d’autant plus intense que la lutte sera plus vive. Et alors tu auras vécu, et pour quelques heures de cette vie tu ne donneras pas des années de végétation dans la pourriture du marais. "

Piotr Kropotkine -

L’imposture Bernard-Henri Lévy
Article mis en ligne le 1er novembre 2022
dernière modification le 26 octobre 2022

par siksatnam

Bernard-Henri Lévy, qui aime beaucoup l’Amérique, connaît sans doute l’expression « work in progress ». Elle signifie, grosso modo, chantier en construction. On sait que chacun des ouvrages de cet auteur suscite un déluge d’articles louangeurs présentant ses propos ou analyses comme autant de fulgurantes transgressions de l’idéologie dominante. Par conséquent, plutôt que de s’obliger à commenter chaque année cet invraisemblable tintamarre qui a pour mérite involontaire de rappeler à intervalle régulier le caractère mafieux de la critique « littéraire » en France, « Le Monde diplomatique » a préparé un dossier… en construction. Davantage que sur un personnage relativement accessoire, il espère informer ainsi sur un épiphénomène significatif de la vie intellectuelle. Son acteur principal et ses très nombreux complices.

Les voyages de « BHL »

« BHL, historien de l’Iran », par Serge Halimi et Pierre Rimbert, mars 2019.

En 1935, raconte Bernard-Henri Lévy, « l’Allemagne nazie propose aux Persans le deal du siècle. » Et la Perse changea de nom pour devenir l’Iran, pays des Aryens — « une histoire incroyable que très peu de gens savent ». Et pour cause.

« La “passion rouge-brune” de Bernard-Henri Lévy », par Benoît Bréville, mars 2014.

Bernard-Henri Lévy est revenu tout ébahi de la soirée de gala donnée par l’ambassadeur de France à Copenhague début février 2014.

« L’homme qui ne s’est jamais trompé » ( P. R.), janvier 2010.

Le temps passe, les sornettes sédimentent, il demeure. Un narcissisme inoxydable et un talent de metteur en scène lui valent cette indulgence résignée qu’éveillent à la comédie italienne les facéties trop appuyées de Polichinelle. Bernard-Henri Lévy se réduirait à un personnage sans portée et donc sans importance ? Erreur de perspective.

« Bernard-Henri Lévy en Amérique », par Glyn Morgan, et « Enfin la brigade d’acclamation se lasse... » (S. H.), mars 2006.

Après s’être attaqué au communisme, au monothéisme, à l’existentialisme, à l’islamisme, Bernard-Henri Lévy s’intéresse aux Etats-Unis. Comme Tocqueville avant lui ? A en juger par la réaction des Américains, le livre les a plus divertis qu’il ne les a instruits.

« Le douteux bricolage de Bernard-Henri Lévy », par William Dalrymple, et « BHL : “Romanquête” ou mauvaise enquête ? » (S. H.), décembre 2003.

L’atroce assassinat de Daniel Pearl méritait qu’on relate le courage et le professionnalisme de cet enquêteur du Wall Street Journal. Pourtant, quand Bernard-Henri Lévy a publié son ouvrage, les raisons d’être inquiet ne manquaient pas. Le principal problème que pose Qui a tué Daniel Pearl ? est l’amateurisme du travail de recherche effectué par son auteur.

« BHL en Afghanistan ou “Tintin au Congo” ? » (initialement publié dans Le Monde), par Gilles Dorronsoro, décembre 2003.

Le reportage de Bernard-Henri Lévy chez Massoud (Le Monde du 13 octobre) laisse un goût amer à ceux, nombreux en France, qui portent un intérêt à l’Afghanistan. Dans l’un des plus longs articles publiés par Le Monde en vingt ans de guerre afghane, Bernard-Henri Lévy accumule les erreurs et, surtout, les complaisances.

« Les généraux d’Alger préfèrent un reportage de BHL à une enquête internationale » (initialement publié dans Le Canard Enchaîné), par Nicolas Beau, décembre 2003.

En Algérie, Bernard-Henry Lévy a reçu le meilleur des accueils de la part des plus hautes autorités de l’Etat. Malgré les critiques justifiées qu’il formule contre l’armée, ses impressions de voyage ont été fort appréciées par la presse officielle algérienne. Et pour cause, il ne dit rien sur l’autre aspect de la violence dans ce malheureux pays, celle qu’exerce l’Etat.

« La Colombie selon Bernard-Henri Lévy », par Maurice Lemoine, Cahier Amérique latine, juin 2001.

Après avoir sévi en Algérie, avec la pertinence que l’on sait, puis en Angola, au Burundi, au Soudan et au Sri Lanka, « Tintin »-Henri Lévy (THL) a atterri en Colombie. Recensement de quelques approximations et sérieuses inexactitudes.

Dans les salons parisiens

« Parade de l’oligarchie à Saint-Germain-des-Prés », par Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, février 2011.

La revue fondée par Bernard-Henri Lévy, La Règle du Jeu, a fêté en 2010 ses vingt ans au Flore. Cet anniversaire met en évidence un capital culturel de grande ampleur par la présence d’une « intelligentsia » dont les qualités peuvent être éventuellement discutées, mais qui représente un pouvoir considérable dans les structures de production des biens culturels.

« Bernard-Henri Lévy contre “Le Monde diplomatique” », octobre 2009.

Quand Bernard-Henri Lévy regrette le temps du « Monde diplomatique » de Claude Julien, il peut être utile de rappeler ce que l’ancien directeur du journal disait de lui…

« L’oligarchie, le Parti socialiste et Bernard-Henri Lévy » (S. H.), novembre 2007.

La stratégie d’alliance au centre du Parti socialiste, et son soutien solennel au marché, ont replacé au centre du débat idéologique français un intellectuel au crédit entamé mais à la présence médiatique envahissante : Bernard-Henri Lévy.

« Tous nazis ! » et « Deux précédents » (S. H.), novembre 2007.

Dans son dernier livre, Ce grand cadavre à la renverse (Grasset, Paris, 2007), Bernard-Henri Lévy entend dresser un « relevé des laboratoires où fermente le pire ». Le Monde diplomatique y figure ; plutôt en bonne compagnie.

« Les intellectuels éternels » (S. H.), La valise diplomatique, 21 février 2007.

Combien d’intellectuels la France compte-t-elle ? Une dizaine, guère plus. Qui sont-ils ? A peu près les mêmes qu’il y a dix ans, c’est-à-dire presque ceux d’il y a un quart de siècle. Que font-ils ? De la télévision. Quoi d’autre ? Ils virent à droite.

« On en est là… », par Jacques Bouveresse, et « Le règne des livres sans qualités » par Antoine Schwartz, mai 2006.

L’universitaire britannique Perry Anderson, après avoir constaté que la mort a rattrapé à peu près tous les grands noms de la pensée française, observe qu’aucun intellectuel français ne s’est acquis une réputation internationale comparable à la leur, et que ce qui donne l’idée la plus exacte du niveau auquel nous sommes descendus est probablement l’importance démesurée accordée à un intellectuel comme Bernard-Henri Lévy.

« Cela dure depuis vingt-cinq ans » (S. H.), et « Dans les cuisines du Bernard-Henri Lévisme » (initialement publié dans le Nouvel Economiste), par Nicolas Beau, décembre 2003.

Le « système BHL » a été disséqué cent fois. Au point que les critiques se voient désormais opposer que « tout ça on le sait déjà », en particulier par ceux qui s’emploient à ce que « tout ça » se perpétue quelques années de plus. Comme avant, voire un peu plus fort : le rendement de chaque surface de vente médiatique ayant un peu décliné, le système BHL a multiplié le nombre de ses comptoirs de promotion.

« Loyaux services » (S. H.), janvier 2003.

En 2001, M. Bernard-Henri Lévy avait salué en M. Jean-Marie Messier l’homme qui, face à la « pusillanimité franchouillarde (...), s’ouvre au vent du large, force le destin, inverse l’ordre prescrit des choses ». Désormais, pour défendre un « grand groupe français » des appétits des « fonds financiers anglo-saxons » désireux de faire « main basse sur des pans entiers de notre patrimoine culturel », « BHL », responsable éditorial chez Grasset (Hachette), fustige avec des accents (presque) populistes des « capital-risqueurs, animés par la logique de plus-value financière à court terme qui a mené Messier au bord de la faillite ».

« Les nouveaux réactionnaires », par Maurice T. Maschino, octobre 2002.

Naguère en première ligne pour défendre avec courage, contre les pouvoirs et l’opinion publique, des causes désespérées, beaucoup d’intellectuels français semblent désormais s’aligner sur les thèses dominantes les plus frileuses et les plus conservatrices.

« Quand les philosophes se font amuseurs », par Nicolas Truong, septembre 2001.

Sale temps pour les philosophes ! De la vogue éthique et toc des années 1980 à la nouvelle vague des « piètres penseurs » de l’an 2000, jusqu’aux représentants de la vénérable confrérie s’affairant dans les coulisses du pouvoir, cela fait quelque temps que la discipline vacille. Analyse à travers le compte rendu de trois ouvrages.

« Les “philo-américains” saisis par la rage » (S. H.), mai 2000.

Pour nombre d’essayistes et d’éditorialistes français, de Bernard-Henri Lévy à Jean-François Revel, la critique des Etats-Unis ne relève plus du débat politique. Il s’agit d’une déformation mentale.

« La nausée » (S. H.), février 2000.

Jean-Paul Sartre, qui défendait des militants révolutionnaires pourchassés par la police, voulait servir « la cause du peuple » ; Bernard-Henri Lévy relate qu’il tutoie M. Nicolas Sarkozy et il s’affiche en compagnie des plus grands patrons (MM. Pinault et Lagardère). Jean-Paul Sartre fuyait les plateaux de télévision, Bernard-Henri Lévy les adore : « La loi sous le coup de laquelle nous tombons tous, c’est la loi du narcissisme. Médiaphobie ou pas, rapport difficile à son corps ou à son visage ou non, il y a là une espèce de came. »

« Des prophètes pour intellectuels », par Louis Pinto, septembre 1997.

Au moment où d’autres groupes font l’objet d’études plus ou moins poussées et rigoureuses qui tendent à dévoiler les mécanismes de recrutement, les liens avec la politique, la finance, etc., la population des intellectuels dispose d’un monopole du discours sur elle-même, et c’est pourquoi une vision critique dans ce domaine a peu de chances de voir le jour.