La soirée annuelle de Valeurs actuelles qui a rassemblé 3 500 personnes, tout de même, commence par une salle hilare au récit de l’expulsion violente de militantes féministes par les vigiles, quatre ans plus tôt avant que Geoffroy Lejeune, le médiatique directeur de la rédaction du magazine, vienne chatouiller une guitare, et le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, parle d’intelligence artificielle.
Dans les couloirs, on croise Jean-Eudes Gannat, ce militant angevin dont le collectif fut dissous pour violences, et dont Valeurs actuelles s’est attaché les services charcutiers. Il y a aussi des grappes de députés du Rassemblement national (RN), venus faire la claque pour le président Bardella ; nombre d’artisans de la campagne présidentielle d’Eric Zemmour ; les vedettes de CNews ; la pasionaria identitaire et masculiniste Thaïs d’Escufon ; le dessinateur réactionnaire Marsault... et Manuel Valls.
L’ancien premier ministre socialiste monte sur scène pour un échange avec le député européen François-Xavier Bellamy, vice-président des Républicains. Un journaliste de Valeurs actuelles pose l’ambiance et cette première question : « Craignez-vous que notre civilisation ne soit en train de s’effondrer ? » M. Bellamy a bien peur que la réponse soit « oui ». « Tout ce à quoi nous tenons est en train de disparaître sous nos yeux », lance-t-il sous les vivats – il y a en tribunes tout ce que Paris compte de jeunes réactionnaires.
Manuel Valls est à peine plus rassuré : « Bien sûr, il y a un risque civilisationnel (…) Avant tout programme politique, avant toute candidature qui l’incarne, il faut penser à défendre cette civilisation, cette culture et cette identité. » Si on l’ignorait encore, le socialiste converti au macronisme « croit de plus en plus au dépassement des différences politiques telles qu’elles existaient avant ». Il décrochera quelques applaudissements pour avoir vilipendé « le wokisme » et fustigé « la gauche [qui] a sa responsabilité pour ce qui s’est passé à l’école ».