Les récits dominants de la transition politique qui a traversé l’Espagne après la mort de Franco et la fin formelle de la dictature, en 1976, mettent toujours en avant le rôle des partis politiques et des syndicats « réformistes ». Ceux-ci ont masqué, pendant longtemps, le rôle important qu’ont eu les luttes sociales, en général, et, en particulier, à restreindre celui joué par le mouvement libertaire, en le cantonnant à un phénomène marginal et anecdotique. L’un des objectifs de ce travail est de montrer au contraire l’importance de la présence de l’anarchosyndicalisme et des anarchistes pendant cette période, malgré la répression sciemment organisée et orchestrée par les institutions contre les idées et les pratiques révolutionnaires revendiquées par ces mouvements. En même temps, l’auteur s’efforce de montrer les difficultés internes et les contradictions présentes au sein des organisations et groupes héritiers de l’anarchisme classique et relativement figé, et aussi au sein de ceux promouvant un processus qui tiendrait compte de l’évolution des sociétés démocratiques. Cette recherche pointue et empathique de l’auteur nous renvoie à plus d’un titre aux débats actuels au sein des mouvements sociaux et syndicaux.