Alors que des organisations politiques d’extrême-gauche (des trotskistes aux libertaires) et des syndicats (SOLIDAIRES) pataugent dans des débats abscons sur "l’intersectionnalité", des frappadingues s’en revendiquant multiplient les agressions depuis 2014, créant un climat délétère dans les milieux militants. Jusqu’à où iront-iles/elles ?
– 22 novembre 2014 : bousculades, coups, intimidations entraînent l’annulation d’un débat animé par Alexis Escudero au Salon du livre libertaire de Lyon, sur son livre La Reproduction artificielle de l’humain, un livre contre la fabrique, la marchandisation et la sélection génétique des humains (alias PMA-GPA).
– 28 novembre 2014 : après plusieurs manifestations, le Théâtre Gérard Philippe de Saint-Denis annule une série de performances-spectacles de l’artiste sud-africain Brett Bailey intitulées « Exhibit B ». Il s’agissait, pour les dénoncer, de reconstitutions de zoos humains du début XXe siècle.
– 9 décembre 2014 : le centre LGBT de Paris annule sous la menace une conférence de l’historienne Marie-Jo Bonnet, militante lesbienne et féministe, fondatrice du Front homosexuel d’action révolutionnaire en 1971, à cause de ses positions publiques contre la GPA. Son intervention avait pour thème « Résistance-Sexualité-Nationalité à Ravensbrück » (un camp de concentration nazi réservé aux femmes, sur qui les médecins pratiquaient diverses expériences).
– 28 octobre 2016 : la librairie marseillaise Mille Bâbords subit une « descente racialiste » (livres et revues piétinés, affiches arrachées, tables renversées, coups et menaces, utilisation de gazeuse, vitrine brisée) lors d’une discussion avec les auteurs du tract « Jusqu’ici tout va bien », une critique des thèmes racialistes, « décoloniaux » et anti-islamophobes développés notamment par le Parti des Indigènes de la République.
– 21 mars 2017 : l’Université Lille 2 annule, par crainte de « débordements », le spectacle du metteur en scène Gérald Dumont tiré du texte de Charb, Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes (2015).
– 25 mars 2019 : après intimidations et menaces de groupes « antiracistes », la Sorbonne annule la pièce Les Suppliantes d’Eschyle, mise en scène par l’enseignant de grec ancien Philippe Brunet, au motif que ce dernier fait porter des masques noirs à des personnages noirs, comme le réclame pourtant l’art de la mise en scène depuis la danse du cerf à l’époque préhistorique.
– 27 juillet 2019 : le site d’informations Rebellyon.info lance un appel public à user du « briquet », photo à l’appui, envers le journal La Décroissance, au motif que sa critique des technologies reproductrices véhicule des considérations « transphobes » et « sexistes ». Dix jours plus tard, après que l’ensemble des sites d’informations alternatifs du réseau « Mutu » (dont le défunt site tourangeau Cégétiste-autonome "La Rotative" ) a relayé cet appel, le stand du journal est effectivement attaqué lors d’une rencontre sur le futur site d’enfouissement de déchets nucléaires de Bure.
– 24 octobre 2019 : censure de la conférence de la philosophe féministe Sylviane Agacinski, sur le thème « L’être humain à l’époque de sa reproductibilité technique », par l’Université de Bordeaux, sous la menace d’associations et collectifs queers. Sylviane Agacinski est connue pour sa critique de la GPA.
– 3 juillet 2021 : le syndicat CNT du Finistère doit annuler sa Fête de l’autogestion sous la menace de groupes soi-disant « anarchistes », à cause d’une conférence de Pièces et main d’oeuvre sur le thème « Biopolitique et société de contrôle ».
– 29 avril 2022 : aux cris de « Assassins ! », des assaillants du Collectif radical d’Action Queer perturbent et annulent la conférence des psychanalystes Céline Masson et Caroline Eliacheff, auteures de La fabrique de l’enfant transgenre (2022), à l’Université de Genève. Les deux auteures défendent le principe de précaution, face à l’afflux de mineurs dirigés vers des parcours chirurgicaux et pharmaceutiques de transition sexuelle.
– 17 mai 2022 : l’Université de Genève (encore) annule la conférence du professeur de littérature, et pourtant très postmoderne, Eric Marty, venu présenter son livre Le Sexe des modernes : pensée du neutre et théorie du genre (2022), une mise en perspective critique de la conception américaine du genre.
– 5 juin 2022 : annulation par le cinéma L’Univers à Lille d’une conférence de Pièces et main d’oeuvre sur le thème « Technologie, Technocratie, Transhumanisme » après plusieurs menaces auprès du cinéma et un communiqué anonyme sur l’Internet.
– 17 novembre 2022 : perturbation et annulation d’une conférence de Caroline Eliacheff organisée à Lille dans le cadre du festival Cité Philo, pourtant versé lui-même dans le postmodernisme. La section lilloise d’EELV estime devoir lutter contre la « diffusion de la propagande transphobe ». Les organisateurs de la conférence relèvent que c’est la première fois en vingt-six ans qu’une conférence est ainsi annulée sous les intimidations.
– 19 novembre 2022 : la Maison de l’écologie de Lyon annule, sous la menace et les injures, une conférence organisée par les écoféministes de Floraisons et de Deep Green Resistance. La section LGBTQIA+ d’EELV, qui n’a pas conscience des mots, se félicite de l’annulation d’un événement « écofasciste ».
– 15 décembre 2022 : le collectif queer Ursula tente d’annuler une conférence de Céline Masson et Caroline Eliacheff au Café laïque de Bruxelles, par des cris et jets d’excréments.
– 4 avril 2023 : sous la menace de se faire « casser les genoux » et d’être passé à la lame, le Comité Laïcité République de Nantes (des socialistes) annule une conférence de Marguerite Stern, ancienne « femen », inventeuse des collages féministes, déjà menacée de mort pour ses propos sur la participation des hommes « en transition » aux mouvements féministes.
– 22 juin 2023 : lors d’un colloque organisé par la fac de Droit Paris-Panthéon-Assas sur le thème « La République universelle à l’épreuve de la transidentité », discutant notamment de la « volonté toute-puissante » du « transhumanisme » et de la « transidentité », des étudiants masqués jettent de la peinture sur les intervenants. Les débats s’annonçaient pourtant contradictoires, et la critique mezzo voce.
– 9 juillet 2023 : au Salon du livre anarchiste de Ljubljana en Slovénie, un groupe parisien tente de faire annuler une intervention de la bibliothèque anarchiste parisienne Les Fleurs Arctiques, usant des incontournables insultes en « phobe ». Les Fleurs arctiques avaient notamment fait circuler des idées contre les Identity Politics (les politiques identitaires), le racialisme et la religion, avec La race comme si vous y étiez (Les Amis de Juliette et du printemps, 2017).
– 19 au 23 juillet 2023 : destruction partielle du stand de la Fédération Anarchiste et agressions de ses militant-e-s, lors des rencontres anti-autoritaire de St Imier, en Suisse.