Demain Le Grand Soir
NI DIEU, NI MAITRE, NI CHARLIE !

Le Site de Demain le Grand Soir est issu de l’émission hebdomadaire sur "Radio Béton", qui fut par le passé d’informations et de débats libertaires. L’émission s’étant désormais autonomisée (inféodé à un attelage populiste UCL37 (tendance beaufs-misogynes-virilistes-alcooliques)/gilets jaunes/sociaux-démocrates ) et, malgré la demande des anciens adhérent-es de l’association, a conservé et usurpé le nom DLGS. Heureusement, le site continue son chemin libertaire...

Le site a été attaqué et détruit par des pirates les 29 et 30 septembre 2014 au lendemain de la publication de l’avis de dissolution du groupe fasciste "Vox Populi".

Il renaît ce mardi 27 octobre 2014 de ses cendres.

" En devenant anarchistes, nous déclarons la guerre à tout ce flot de tromperie, de ruse, d’exploitation, de dépravation, de vice, d’inégalité en un mot - qu’elles ont déversé dans les coeurs de nous tous. Nous déclarons la guerre à leur manière d’agir, à leur manière de penser. Le gouverné, le trompé, l’exploité, et ainsi de suite, blessent avant tout nos sentiments d’égalité.
(....)Une fois que tu auras vu une iniquité et que tu l’auras comprise - une iniquité dans la vie, un mensonge dans la science, ou une souffrance imposée par un autre -, révolte-toi contre l’iniquité, contre le mensonge et l’injustice. Lutte ! La lutte c’est la vie d’autant plus intense que la lutte sera plus vive. Et alors tu auras vécu, et pour quelques heures de cette vie tu ne donneras pas des années de végétation dans la pourriture du marais. "

Piotr Kropotkine -

Le nazi Heidegger promettait des chemins qui ne mènent nulle part.
Article mis en ligne le 9 mars 2024
dernière modification le 20 janvier 2024

par siksatnam

Son œuvre revient à un super-essentialisme : l’Être c’est la patrie, les seuls vivants sont ceux qui se sont fondus dans le Vaterland, c’est à dire dans l’essence-même de l’Être. Pour les autres, il ne s’agit que d’"étants", des entités sans réelle consistance ontologique, dont Heidegger était allé jusqu’à dire que n’ayant pas d’(accès au "sol", ils n’avaient pas d’existence, ils n’avaient pas pu mourir dans les camps. Il s’étonne (1949) : "meurent-ils ?".

Et de drainer à sa suite une cohorte interminable et prestigieuse, dont beaucoup de ces émules ou admirateurs-trices ne le remettent jamais en question (Arendt, Agamben, Derrida, Zizek, Nancy, Badiou...) mais au contraire aggravent la destruction, la soi-disant déconstruction qui est surtout une fuite en avant vers la fin des temps. Même Levinas parfois succombe à l’essentialisation.

Il pose un super-essentialisme. Et cet essentialisme fait deux choses. D’abord il pose que sans ancrage territorial, animé d’une mythologie-idéologie, on n’est pas vivant, on ne mérite pas de vivre. On ne fait que passer, et passant, le fait qu’on meure est indiffèrent.

Ensuite, il défait, décroche, détruit la pensée, la philosophie, la raison, l’éthique, la relation de Je à Tu, pour tout fondre dans le Vaterland-Être. Il n’est plus besoin de penser, Heidegger s’en est chargé. Il est question maintenant de défaire et d’obéir à la race.

Les chemins ne mènent nulle part parce qu’il n’ont plus besoin "d’aller". Le temps et l’histoire sont terminés. Ils se résolvent dans l’essence : sol, sang, mythe, idéologie, obéissance.

Plus besoin "d’aller", il suffit d’être. Si les conditions sont réunies.

Alors, qualifier les palestiniens d’animaux, taire la souffrance de l’autre pour ne mettre en pointe que la sienne, seule digne, seule réelle, seule vraie, n’est-ce pas strictement de l’essentialisme ?

Parer le bourreau de grands tropes romantiques - solitude, souffrance, coeur, arrachement, nuages noirs et bibliques, hugoliens en fond de tableau - c’est le faire exister, épais, beau, tragique, scintillant. C’est lui concéder à lui seul la réalité, celle d’être doté d’une essence, visible par les signes de la passion, du tragique.

L’autre est un animal. Qu’il meure, oui bien sûr, c’est comme dans les abattoirs industriels, c’est moche, mais bon, c’est ainsi. D’ailleurs sont-ce bien des humains ? Et d’ailleurs "meurent-ils" ?

L’unique discours entendu est celui de l’essentialisation, les israéliens sont, les français sont, les italiens sont, les palestiniens sont, les américains, ukrainiens, russes... sont.

Henri Meschonnic qualifiait la pensée de Heidegger de national-essentialisme. Et il épinglait ceux qui s’y compromettaient ou lui concédaient trop complaisamment leur travail, et leur cécité bienveillante. Ce sont eux qui ont formé notre pensée en grande partie.

Il est temps de se remettre à penser vraiment et reprendre : le sujet, la création, la singularité, le nuancé, le précis, le flou aussi et au même titre que le précis, le poétique, l’éthique, la lisière, le tissé, l’indicible, le tendre.

Pour cela : s’ancrer oui, mais de partout, petitement, quitter, refuser, repousser la nation, l’État, les raisons supérieures... leurs frontières et leurs flics, leurs moulinets de bras et leurs adjectifs imbéciles. Ou non. Ne pas s’ancrer, partir, ou faire du départ continu son ancrage, manière d’être. Peu importe d’ailleurs. Quitter les menues séparations dont on se drape comme dans des plis bibliques, et redire "Je", "Tu", se plaire à l’indécis, cesser de théoriser grand, et pratiquer fin, complexe, intriqué, continu.

Provence, Leica M