Demain Le Grand Soir
NI DIEU, NI MAITRE, NI CHARLIE !

Le Site de Demain le Grand Soir est issu de l’émission hebdomadaire sur "Radio Béton", qui fut par le passé d’informations et de débats libertaires. L’émission s’étant désormais autonomisée (inféodé à un attelage populiste UCL37 (tendance beaufs-misogynes-virilistes-alcooliques)/gilets jaunes/sociaux-démocrates ) et, malgré la demande des anciens adhérent-es de l’association, a conservé et usurpé le nom DLGS. Heureusement, le site continue son chemin libertaire...

Le site a été attaqué et détruit par des pirates les 29 et 30 septembre 2014 au lendemain de la publication de l’avis de dissolution du groupe fasciste "Vox Populi".

Il renaît ce mardi 27 octobre 2014 de ses cendres.

" En devenant anarchistes, nous déclarons la guerre à tout ce flot de tromperie, de ruse, d’exploitation, de dépravation, de vice, d’inégalité en un mot - qu’elles ont déversé dans les coeurs de nous tous. Nous déclarons la guerre à leur manière d’agir, à leur manière de penser. Le gouverné, le trompé, l’exploité, et ainsi de suite, blessent avant tout nos sentiments d’égalité.
(....)Une fois que tu auras vu une iniquité et que tu l’auras comprise - une iniquité dans la vie, un mensonge dans la science, ou une souffrance imposée par un autre -, révolte-toi contre l’iniquité, contre le mensonge et l’injustice. Lutte ! La lutte c’est la vie d’autant plus intense que la lutte sera plus vive. Et alors tu auras vécu, et pour quelques heures de cette vie tu ne donneras pas des années de végétation dans la pourriture du marais. "

Piotr Kropotkine -

On a oublié une guerre ou quoi ?
Article mis en ligne le 9 novembre 2023
dernière modification le 7 novembre 2023

par siksatnam

L’horreur du massacre (largement unilatéral) de la guerre entre Israël et Gaza a capté l’attention de l’opinion mondiale, canalisée par les politiciens et une machine médiatique obscène.

A-t-on oublié l’autre guerre en Europe ? Se souvient-on même de la dizaine d’autres guerres qui font rage du Sahel au Soudan, de la RDC au Yémen, du Haut-Karabakh au Myanmar ?

Le monde est un gigantesque abattoir. L’endroit où nous portons notre attention est aussi politique que les conflits eux-mêmes. L’Ukraine est le nouveau bastion de l’Occident à la frontière orientale de l’Europe, Israël, son bastion historique au Moyen-Orient.

Que les djihadistes islamistes du Hamas aient commis des atrocités innommables ne peut être nié que par les fanatiques islamistes, les fascistes et les antisémites. La question la plus importante n’est pas de savoir comment ils sont sortis du siège de Gaza, mais comment ils ont fini par contrôler Gaza en premier lieu ? La réponse est paradoxalement Israël.

Pendant 30 ans, à partir des années 1970, la politique palestinienne d’Israël, soutenue par l’Occident, a consisté à éradiquer la résistance laïque à l’occupation. La libération nationale et le panarabisme étaient considérés, au plus fort de la guerre froide, comme un bras armé de la politique étrangère soviétique.

Leur guerre contre les fractions Fatah et Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) s’est traduite par des détentions massives sans procès, des assassinats dans le pays et à l’étranger et l’invasion sanglante du Liban en 1982. La campagne visant à expulser l’OLP hors du Liban a coûté la vie à 30.000 personnes, dont 3.000 civils massacrés par leurs alliés des milices chrétiennes dans les camps de réfugiés de Sabra et Chatila à Beyrouth.

Cette politique consistait à encourager l’opposition islamiste naissante afin de semer la division, d’affaiblir davantage l’OLP et de la contraindre à négocier. Les accords d’Oslo de 1993 ont transformé les combattants en administrateurs civils de ce qui est devenu l’Autorité palestinienne.

Il s’en est suivi 30 ans de paix, de promesses non tenues, d’expulsions continues et d’implantations illégales, soutenues par la force brute et la discrimination. Un système de facto à deux niveaux et un seul État plutôt que la « solution » à deux États.

L’analogie avec le régime d’apartheid sud-africain est souvent évoquée. Le racisme est aussi répandu en Israël que partout ailleurs. Il existe également une hiérarchie entre les juifs européens, les juifs d’Europe de l’Est, les juifs d’Afrique de l’Est transportés par avion et les « autres » juifs. Les relations à l’intérieur du pays sont tiraillées par le racisme, même au sein des communautés juives. Le racisme est encore plus concentré sur les 20% d’Israéliens qui sont Arabes, contre lesquels l’extrême droite – avec des représentants au gouvernement – appelle à des attaques, quel que soit l’âge.

La diaspora palestinienne des « territoires occupés » n’est même pas assez importante pour faire l’objet d’un plan de « développement séparé » comme dans le cas de l’apartheid. L’analogie est moins efficace que la réalité de l’occupation, du racisme et de la discrimination. Quels que soient les mots que l’on cherche pour la décrire, ils sont moins pertinents que l’impact – douleur, dislocation et désespoir. Le désespoir défie toute analogie.

C’est dans ce contexte qu’ont émergé une administration palestinienne largement docile ainsi que les zélotes rebelles du Hamas et du Jihad islamique à Gaza et du Hezbollah au Liban. Depuis lors, l’occupation, les rébellions périodiques, le terrorisme et la répression règnent en maîtres.

La marche d’Israël vers la droite populiste, qui dure depuis une décennie, n’a fait que rajouter du carburant et le 7 octobre a été la date de la mise à feu. Le sentiment de supériorité arrogant que la droite israélienne tire de la provocation l’a rendue aveugle à cet assaut barbare.

« C’est la bataille de la civilisation », a annoncé M. Netanyahu à la veille d’une invasion qui alourdira considérablement le bilan actuel des 16.000 victimes, dont 4.000 morts à Gaza et 75 en Cisjordanie.

L’assaut est déjà implacable. Si la responsabilité d’Israël dans l’attaque contre l’hôpital Al-Ahli peut être contestée, le fait qu’Israël ait continué à bombarder le sud de la bande de Gaza, alors qu’un million de personnes ont été contraintes de s’y réfugier pour se mettre à l’abri, ne l’est pas.

Le Hamas a déclaré qu’il ne détenait pas d’otages, mais seulement des « prisonniers de guerre », notamment des enfants, des bébés, des personnes âgées et des handicapés. Les deux camps considèrent chaque personne comme un combattant. Les travailleurs de la « rue palestinienne » sont aussi vulnérables (voire plus nombreux) que les jeunes massacrés par le Hamas lors d’un festival de la paix, aux yeux des bellicistes de l’État israélien et du mini-État islamique du Hamas.

L’hypocrisie impitoyable du pouvoir capitaliste et de ses guerres est démontrée dans la réponse de l’Occident. Alors qu’ils sont restés étrangement silencieux sur leur guerre en Ukraine (peut-être sont-ils reconnaissants pour la diversion qui leur est offerte concernant l’échec de l’offensive ukrainienne), ils s’alignent sur Israël, au moment où Gaza est rasée, pour saluer précisément ce qu’ils ont dénoncé comme des crimes de guerre en Ukraine.

Le fait que deux États dotés d’armes nucléaires envahissent leurs voisins devrait tous nous terrifier. D’autant plus que ce conflit risque d’attirer l’Iran, principal allié de la Russie dans son invasion et aspirant lui-même à la puissance nucléaire. Une telle situation pourrait inciter les États-Unis, par l’intermédiaire de leur proxy Israël, à faire d’une pierre deux coups en protégeant le ciel israélien et en assagissant les forces russes en Syrie grâce à leurs porte-avions au large des côtes israéliennes.

Ils veulent que nous ne voyions qu’une seule guerre. Mais si l’on reliait l’ensemble des événements, nous pourrions commencer à mettre les pendules à l’heure. La course à la guerre qu’ils nous imposent est réelle et croissante, et dans les deux camps les victimes seront toujours les mêmes. Des gens comme nous, des travailleurs et des producteurs qui n’ont aucun intérêt dans le système et qui ont tout à y perdre.

Chez nous, nous payons l’austérité, notre volonté de lutter contre elle, c’est aussi la lutte contre leurs guerres, contre leur capacité à faire la guerre, c’est notre refus de la faire à leur place. Notre réponse doit être la guerre de classe !