Paris, le 18 décembre – La campagne de résistance civile Dernière Rénovation a annoncé sa conclusion, lors d’un rassemblement à la mi-journée devant le tribunal judiciaire de Paris. Lancé en avril 2022 au sein du réseau international A22 (Just Stop Oil, Letzte Generation...), le mouvement citoyen a lutté pendant près de deux ans pour faire progresser les politiques publiques de rénovation énergétique des bâtiments. Avec des résultats tangibles.
Aux côtés des acteurs de plaidoyer, la stratégie complémentaire de résistance civile de Dernière Rénovation est parvenue à imposer dans le débat public la rénovation thermique des bâtiments comme l’un des leviers essentiels de l’action sociale et de la planification écologique. Les mensonges du gouvernement, qui assurait au début du quinquennat respecter ses objectifs de rénovation, ont été révélés par l’action citoyenne dès les premiers mois de mobilisation.
S’en est suivi une série d’avancées réglementaires et législatives qui attestent de la victoire politique de la campagne et de ses partenaires :
A l’automne 2022, face à l’urgence sociale et climatique, l’Assemblée nationale vote un budget de 12 milliards d’euros pour la rénovation thermique des bâtiments. Le gouvernement bloque la plus grande avancée climatique de l’Histoire politique française avec un 49.3, mais la représentation nationale a parlé : la rénovation massive des bâtiments ne peut plus attendre.
En décembre 2022, le Sénat ouvre une commission d’enquête sur les politiques publiques en matière de rénovation thermique. Ses conclusions, présentées en juillet 2023, reprennent les recommandations de la société civile auditionnée lors des travaux : augmentation drastique des crédits publics, planification, priorité aux rénovations globales, lutte contre la fraude…
A la suite de ce rapport, la Première ministre, Elisabeth Borne, annonce une augmentation de 1,6 milliard d’euros de MaPrimeRénov’ dans le budget 2024, ainsi qu’une refonte du dispositif pour favoriser les travaux d’isolation globale. Un nouvel objectif de 200 000 rénovations performantes en 2024 est fixé.
Dans un contexte de gestion autoritaire du pays, ces progrès significatifs démontrent la viabilité de la résistance civile pour imposer à un pouvoir solitaire des mesures de justice sociale et climatique. Par l’action directe non-violente et le rapport de force, les citoyens peuvent contraindre leurs élus à prendre les mesures nécessaires pour sauvegarder leur vie et leur dignité.
« En quelques années, la société civile a obtenu des changements très importants pour soutenir la rénovation énergétique, notamment grâce à l’engagement de nouveaux activistes comme Dernière Rénovation qui ont fait de ce sujet très technique un enjeu citoyen prioritaire. L’annonce d’un reste-à-charge minime pour les rénovations performantes des ménages modestes, réclamée par Dernière Rénovation, est une réelle victoire écologique et sociale », a déclaré Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre.
« La transition écologique sera juste ou ne sera pas, la lutte contre la précarité et celle contre le changement climatique étant indissociables l’une de l’autre. La rénovation thermique des logements en est l’exemple le plus parlant : rénover de manière performante les logements, c’est la seule mesure qui permet de sortir durablement les ménages de la précarité énergétique tout en réduisant les émissions de CO2. Ces liens sont de plus en plus au cœur du débat public grâce à la mobilisation citoyenne d’acteurs tels que Dernière Rénovation, que l’on approuve ou non leurs modes d’actions », a déclaré un porte-parole du Réseau action climat.
La bataille pour la rénovation thermique massive des bâtiments n’est pas pour autant définitivement gagnée. L’action et les engagements du gouvernement doivent être approfondis et contrôlés. Dernière Rénovation s’en remet à ses partenaires pour poursuivre ce combat.
Le mouvement de résistance civile pour faire advenir un monde plus juste ne s’éteint pas avec la fin de cette campagne. Dès le début de l’année prochaine, les milliers de citoyens qui y ont pris part se rassembleront autour d’une nouvelle revendication ambitieuse.
D’ici là, nombre d’entre eux se présenteront devant les tribunaux pour tenter d’obtenir une victoire judiciaire, dans l’espoir que les actions de désobéissance civile donnent lieu à une relaxe sur le fondement de l’état de nécessité climatique. Une telle jurisprudence placerait la justice du bon côté de l’Histoire et protégerait les citoyens engagés de la dérive répressive du pouvoir exécutif à leur égard.