Le matin du mardi 19 mars 2024, la France se réveille avec l’annonce d’une utilisation d’une centrale nucléaire pour un usage militaire.
En effet, M. Lecornu, ministre des armées, s’est rendu le lundi 18 à la préfecture de Poitiers, pour annoncer que les réacteurs de Civaux allaient être utilisés pour produire du tritium, composant indispensable à la Bombe H de notre dissuasion nationale fabriquée à Valduc. Le tritium sera obtenu par irradiation de lithium dans le cœur des réacteurs.
Les antinucléaires que nous sommes ne peuvent que s’indigner d’une telle pratique. Mais nous
ne sommes pas naïfs non plus. Il y a longtemps que nous savons (contrairement à ce que croient ou font croire certaines personnes mal informées ou mal intentionnées) que le nucléaire civil et le nucléaire militaire sont étroitement liés. C’est ainsi que les scientifiques qui travaillaient sur la bombe atomique, ont découvert que la chaleur produite par la fission nucléaire pouvait servir à faire de la vapeur qui fait tourner les turbines et les alternateurs.
Car les réacteurs nucléaires ont initialement été inventés pour fabriquer du plutonium à partir de leur combustible uranium : la bombe de Nagasaki fut le premier prototype au plutonium alors que celle d’Hiroshima était simplement à l’uranium, beaucoup moins « énergétique ». Entre le nucléaire militaire et le civil, la boucle était bouclée : le plutonium présent dans le combustible usé des réacteurs civils peut servir à faire des bombes atomiques ! C’est ainsi que les pays nucléarisés, France en tête, se sont dotés de l’arme atomique. Ceci ne fera ... bomber le torse qu’à ceux pour qui « si vis pacem para bellum » est un mantra.
Des milliers de morts et de blessé.e.s, des déchets, des territoires et leurs habitants irradiés, voila le résultat de l’arme atomique, considérée par l’ONU comme un crime contre l’humanité. Mais l’État
français est sourd et refuse de signer le Traité d’Interdiction des Armes Nucléaires ... comme tous les pays détenteurs de la bombe.
Pour rendre acceptables les horreurs de Hiroshima et de Nagasaki et rendre acceptable socialement le lancement d’un programme nucléaire il y a un peu plus de 70 ans, les américains ont lancé le programme "atoms for peace"... Fin du cycle et bas les masques, la macronie redore et intensifie le rayonnement du nucléaire avec un programme "atoms for peace ... and war, en même temps".
Et c’est le même État français qui refuse de donner la parole aux opposants et se cache derrière
un pseudo gendarme du nucléaire, l’Autorité de Sûreté Nucléaire, pour arbitrer un pseudo débat.
Nul doute, nous pouvons l’affirmer, que l’ASN n’entravera pas la décision de continuer à produire,
améliorer et entretenir des armes atomiques, qui permettent déjà de réduire la planète en poussière, et plusieurs fois !
Les antinucléaires de France et d’autres pays ne sont pas farouchement opposé.e.s qu’au
nucléaire militaire mais bien sûr aussi au nucléaire civil, même si parmi les opposant.e.s à la bombe atomique se trouvent des pronucléaires civil.
Dans le bassin versant de la Loire, ce sont 14 réacteurs (pour cinq centrales nucléaires) qui polluent l’eau de la Loire et de la Vienne avec du tritium (sans oublier les produits chimiques). Cet isotope
radioactif de l’hydrogène peut se présenter sous forme de gaz , d’eau ou de produit organiquement lié.
Cette pollution, les préleveurs volontaires de Loire Vienne Zéro nucléaire ont eu du mal à la faire
admettre. Il a fallu que des prélèvements d’eau soient analysés par le laboratoire de l’Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l’Ouest, qui a mis en évidence un bruit de fond de 20 béquerels par litre en temps « normal » et une pointe à 310 en 2019 à Saumur, soit à plus de 20 kilomètres de la centrale de Chinon.
Ce droit à polluer, pour EDF et le lobby du nucléaire, c’est un rejet autorisé, et les 310 Bq restent un incident. Mais c’est le même tritium ou presque qui bientôt donnera ses « lettres de noblesse » à la centrale de Civaux, première centrale nucléaire civile à être enrôlée de force par l’armée !
On nous promet que les barres qui enferment lithium et tritium sont parfaitement étanches et qu’aucune émanation de tritium supplémentaire ne se produira à Civaux, le phénomène étant délocalisé à Valduc !
Tant mieux pour Civaux, tant pis pour Valduc où il faudra bien récupérer le tritium.
Nonobstant, on le voit dans la guerre que mène la Russie à sa voisine l’Ukraine, les centrales dites
civiles peuvent être outrageusement instrumentalisées dans un conflit dit conventionnel : elles
constituent des cibles stratégiques de choix, un simple petit missile pourrait provoquer un accident
majeur de type Tchernobyl.
Que des élus se satisfassent de cela, nous n’en doutons pas non plus.
Le nucléaire est une fuite en avant. Il faut toujours plus d’électricité, plus de plutonium, construire des soit disant nouveaux réacteurs EPR. Pour tout cela, l’argent ne manque jamais, ni les arguments fallacieux de la lutte contre le dérèglement climatique ou de la défense nationale.
Le collectif Loire Vienne Zéro nucléaire s’oppose à la décision du gouvernement français de faire produire du tritium à usage militaire par les réacteurs de Civaux. Il s’oppose au nucléaire militaire et au nucléaire civil.
Qui veut la Paix prépare la Paix !
Le soleil et le vent, pas l’atome radioactif !
Le tritium, la Loire en est pleine, n’en jetez plus !
Collectif Loire Vienne Zéro nucléaire, 15 groupes proches d’installations nucléaires civiles et militaires le long du bassin de la Loire et de ses affluents (14 réacteurs en activité et 5 à l’arrêt non encore
démantelés).