Il y a 60 ans, chronique d’une révolution manquée.
Quelles images font unanimement référence lorsque l’on évoque le Front populaire ?
Les congés payés sans doute. Les 40 heures hebdomadaires ou bien encore l’instauration des conventions collectives au sein des entreprises.
Nos représentants actuels de la gauche et certains médias se sont fait récemment un devoir de nous le rappeler : ces (réels) avantages sociaux sont les fruits d’un programme de gauche appliqué par le gouvernement de Léon Blum, répondant ainsi aux aspirations sociales de la classe ouvrière.
La réalité fut pourtant bien différente.
Le second tour des élections législatives du 3 mai 1936 porte au pouvoir en France une coalition de gauche autour d’un programme minimal dit de rassemblement populaire et de barrage au fascisme.
Tandis que les députés de la nouvelle chambre attendent sagement de prendre leurs fonctions le 1er juin prochain, il se déroule alors en France une période d’interrègne ; refusant de s’emparer immédiatement du pouvoir comme le souhaite la fraction la plus à gauche de la coalition de Front populaire, le gouvernement choisit de respecter les règles. Le pouvoir est il alors à prendre ?
Dès la seconde semaine de mai des grèves éclatent en province, vite étouffées par l’octroi de quelques avantages corporatifs. Mais le mouvement est lancé : le patronat effrayé est poussé par le futur gouvernement à lâcher du lest pour que la transition du pouvoir se fasse dans « l’ordre et le calme ». La nouvelle des succès obtenus se répand et fin mai c’est le pays tout entier qui débraye sans que le mot d’ordre de grève générale ait été lancé par les principaux syndicats.
12 000 grèves sur le tas dont 9 000 avec occupations des locaux, plus de deux millions de grévistes.
La C.G.T. est totalement débordée, les communistes se cherchent une ligne de conduite honorable tout en condamnant ce mouvement spontané. Le 4 juin le gouvernement Blum est intronisé, le pouvoir est pris : il s’agit d’étouffer maintenant le mouvement social. Le 8 juin l’accord dit de Matignon est signé avec les représentants du patronat français ; de grandes réformes sociales sont obtenues, les salaires augmentés dans certains secteurs de 7 à 15 %. L’Humanité triomphe : « La victoire est acquise ».
Et pourtant, rien à faire.
Les grèves ne cessent pas, elles s’amplifient. Paris n’a plus de carburant, l’administration publique, peu touchée jusqu’alors, débraye à son tour. Tout est il possible alors ?
On vote très vite à l’Assemblée pour que les accords passés soient effectifs. On y adjoint la nationalisation des industries d’armement, la création d’un Office du blé, une politique de grands travaux. A la faveur de ces réformes, étourdie par les promesses paternalistes des socialistes et les remontrances de la C.G.T. et du Parti Communiste, le mouvement s’essouffle, se disperse. « Il faut savoir arrêter une grève » déclare Thorez. La C.G.T. et le P.C. ont fait beaucoup de cartes, ils sortent affermis par un mouvement qu’ils ont tué.
Pourtant « l’explosion sociale » de juin 36 les avait superbement ignoré au début mais le mouvement n’a pas cru à ses propres forces et n’a pas su inventer ses propres règles du jeu : les machines n’ont pas été remises en route sans patron, les comités de grève n’ont pas appliqué l’autogestion, les revendications ont été laissées entre les mains de syndicats tout contents de retrouver leur rôle traditionnel d’intermédiaires.
60 ans ont passé mais l’expérience de tous les grands mouvements sociaux jusqu’à très récemment nous montre un même visage : la délégation des revendications aux seuls syndicats, l’acceptation de vagues promesses ou les accents de sincérité de leaders autoproclamés mènent à l’échec.
Reste un grand espoir, un enthousiasme que le temps n’a pas encore tout à fait fini d’estomper.
C’est cela le véritable héritage, non pas du Front populaire qui sera de toute manière renversé par la valse politicienne en ayant pris soin auparavant de laisser au passage crever l’Espagne, mais celui de Juin 36, notre occasion manquée.
Edouard
A Dalkia, une entreprise nationale ayant un site sur Tours (Elle s’occupe de la gestion des installations thermiques et autres services techniques liés au fonctionnement des bâtiments (logements collectifs, hôpitaux, écoles, bâtiments commerciaux, etc), l’argent du Comité d’Entreprises sert, entre autre, à des choses assez curieuses : Malgré l’octroi de subventions syndicales, de véhicules mis à disposition et autres remboursements de frais par l’employeur et par le CE, le remboursement des frais de certains élus syndicaux est révélateur de véritables dérives.
Ainsi, si la CGT avec 7 élus, ne réclame que 500 euros de remboursement pour l’année 2004 (soit 71,42 Euro par élu), la CFDT se sucre à hauteur de 5406 Euro pour 6 élus (soit 901 euro par tête de pipe), FO prend 3581 Euro pour 3 élus (soit 1193,66 Euro par gugus). La palme revient à l’UNSA qui réclame 1587 Euro pour son seul élu !
Ces chiffres sont mis a la disposition des salariés de l’entreprise par un nouveau syndicat, la CGT-E, qui vient de se créer autour d’ouvriers dégoûtés par ce genre de pratiques...
C’est vrai que, pour le coup, on ne peut que partager leur écoeurement….
E.S.
Dans un communiqué,paru dans la NR, le MPRC 37 (Mouvement Pour la Reprise des Cours alias Mouvement Pour la répression Conne) appelait « tous le étudiants »à la reprise des cours le 2 mai dernier. C’était déjà ridicule de faire ce type de proclamation. Mais plus loin, il s’enfonçait en réclamant aussi des sanctions disciplinaires « contre les meneurs de blocages qu’ils soient étudiants ou membres du corps professoral »…. Au Chili, il y a une trentaine d’années, ce « mouvement apolitique » aurait sans doute demandé aux militaires de liquider « la racaille anarcho-gauchiste »…
L’étudiant qui s’occupe un peu seul de ce cloaque de droite extrême est sans doute une autre victime de la lutte anti-CPE. Après plus de deux mois de conflits, il a perdu toute capacité de raisonnement… Si jeune et si con… C’est bête….
E.S
Avec environ 1 % des voix recueillies (sur l’ensemble des étudiant(e)(e)s inscrit(e)s) lors des élections à la faculté de Tours, l’UNEF vient de démonter son vrai poids chez les étudiant(e)s. Encensé par les médias et les confédérations syndicales dites « représentatives », ce syndicat n’arrive au final qu’à « engranger » un nombre de voix avoisinant le nombre supposé d’adhérent(e)s qu’il aurait encarté.
Encore une fois, les média ont voulu fabriquer sur le dos d’un mouvement social, une représentation fictive qui les arrangeait bien. Le problème, c’est qu’au final, les « leaders » désignés par les médias ne représentent rien (ou si peu)…
E.S
La nouvelle chaîne de télé Tourangelle a été un événement dans le « Landerneau » médiatique local. La jeune équipe a balbutié son journalisme un temps… On a donc joué, patiemment, la carte de l’indulgence.
Mais, maintenant, on commence à accumuler une véritable fatigue lorsque, courageusement, on se risque à suivre « leurs actualités » : Approximations, confusions, contre-vérités ; nos « nouveaux journalistes » enfilent les erreurs comme des perles…
Il y a quelques années, on avait subi, dans le même genre, le décrochage local de M6. On croyait avoir connu alors le pire…
Et bien non ! TV Tours la surpasse haut la main !
C’est réellement consternant…
E.S
Le 48éme congrès de la CGT a été l’occasion d’un nouveau triomphe de Bernard Thibault et de ses amis réformistes.
En coulisse, le « coût moyen » pour un délégué sur la semaine à Lille, a été de 700 Euro par jour. Bien sûr, les hôtels sont chers, et les repas idem ; Bien sûr, les transports sont chers aussi ; Bien sûr, le tirage des documents divers sont chers ; Bien sûr, il faut payer de multiples « prestations annexes »…. Mais, malgré tout, on se dit quand même, que ça fait bien cher le délégué à la CGT...
E.S
Mercredi 7 juin : « Demain le Grand Soir » (19H à 20H sur Radio Béton, 93,6 MG) invite l’association « l’Arbre » qui se bat contre les pollutions multiples engrangées par l’usine SYNTRON à Château Renault. Rencontres et échanges autour d’un verre : collectifs, individus isolés… Construire du réseau par le bas, comment, quels projet sur la ville ? 20H30, au Barrio de la Quinta Luna, 27 place Gaston Pailhou, 37000 Tours.
Dimanche 11 juin, rassemblement contre la venue de De Villers à la grange de Meslais. Départ en covoiturage à 9H30, place Jean Jaurès.
Mercredi 14 juin, « Demain le Grand Soir » invite des salariés victimes d’harcèlement au travail dans une entreprise de bricolage de Chambray les Tours. Chronique de la destruction par le stress...
Samedi 17 juin, Manifestation de soutien aux demandeurs d’asile et sans papiers, à 14H, place Jean Jaurès, à Tours. Salon du livre anarchiste, à Paris (La Vilette).
Mercredi 21 juin, « Demain le Grand Soir » invite le collectif contre la répression à Tours pour parler des procès en cours suite à la lutte contre CPE/LEG.
Mercredi 28 juin, procès de 4 étudiants dans le cadre de la lutte anti-CPE.
Mercredi 5 juillet, procès d’un lycéen dans le cadre de la lutte anti-CPE.
Dans les deux cas, rassemblement à 8H30, place Jean Jaurès, à Tours, pour les accompagner au palais justice.
Lundi 10 juillet, Procès d’un lycéen dans le cadre de la lutte anti-CPE. Mobilisation à suivre.
Rédaction : E. SILL, E. SIONNEAU ASSISTANCE TECHNIQUE : JMS Infographie : Céline GIL
Le canard est à votre disposition à Tours au Donald’s pub, Buck Mulligan’s, Serpent volant, Barrio de la Quinta Luna, Teenage Kicks, Le Bergerac , Les Studios ainsi qu’au Café des Arts à Amboise.
Vous pouvez nous écrire à « Demain Le Grand Soir » Radio Béton
90, Maginot 37100 Tours ou sur demainlegrandsoir@wanadoo.fr
Notre Blog :http://20six.fr/demainlegrandsoir
Si vous avez des infos à faire passer à l’antenne. Vous pouvez également recevoir le canard chez vous en nous envoyant une enveloppe timbrée libellée à vos nom et adresse, nous soutenir en envoyant des ramettes de papier.
Nous remercions : le groupe de Liaison des Anarcho-syndicalistes, le collectif contre la venue du Pape à Tours, SUD-PTT, le groupe Eugène Bizeau des Libres Penseurs de Touraine qui nous ont soutenus.