Ah ben ça fait plaisir, ça fait bien longtemps que j’étais pas venu dans les studios de Radio Béton... Oh, pour ainsi dire, ça a pas changé ! Tiens ! Même Eric Sionneau, il est toujours là, c’est vous dire... En bermuda, mais toujours là...
Alors par contre, gros problème de conscience, à l’heure d’écrire ma chronique... De quoi parler ? J’avais prévu initialement d’évoquer les résultats du référendum en Irlande, où le non a gagné, et que en théorie, pour que le traité de Lisbonne soit adopté, il faut l’unanimité entre les vingt-sept membres, mais que les résultats étaient même pas encore officiels, que déjà, l’axe Paris- Berlin avançait que l’on pourrait mettre un peu l’Eire sur le bord du terrain, et se faire la même à vingt- six, parce que, certes, les citoyens européens, ils en veulent pas d’une Europe ultra- libérale, admettons, mais bon, c’est p’tète pas eux qui vont décider non plus, quand même ! La démocratie représentative, c’est pas comme ça que ça se passe, mon bon monsieur ! Non mais oh, y a des règles !
Seulement, voilà, techniquement, pour trouver un peu d’info sur internet, il fallait pas rater le train... Vendredi soir, jour du référendum, grosse cuite pour moi... Impossible de rassembler mes esprits pour lire les articles en ligne sur, hein, libé.fr, le figaro, et autres le monde.fr... Et, figurez-vous, le lendemain, rien, nib, nada... Ben alors, ou qu’y sont passés, les articles sur le sujet ? A la trappe... Alors bien sûr, ne comptez pas sur moi pour dénoncer les médias collabos, mais, avouez, quand même, quels gros enculés, ces journaleux de merde à la botte du pouvoir en place ! Et puisqu’on en parle, est-ce que l’hypothèse d’un petit coup de fil de l’Elysée aux différentes rédactions a quelque chose d’incongru ?
Alors du coup, faute d’avoir la matière, et de pouvoir vous offrir une des analyses de fond dont j’ai le secret sur ce fameux référendum, je fais le choix de me replier sur un autre sujet qui me tient à coeur... J’ai envie de parler des logements réquisitionnés la semaine dernière Place de la Victoire, par le collectif Droit Au Logement... Un toit c’est un droit, réquisition des logements vides, qu’y disent ! Ah ouais, pas con ! Y suffisait d’y penser !
Donc, faut pas le dire trop fort, parce qu’il y aura toujours un de ces satanés RG pour tendre l’oreille en direction du poste, mais depuis environ une semaine, le collectif a envahi un petit immeuble de la place de la Victoire , et sept personnes ont posé leurs valises pour investir le lieu, propriété de la Tourangelle, entité gravitant dans les sphères de l’Opac, avec pour objectif, 1 de se trouver un toit, 2 d’attirer l’attention de la population sur le problème, sur le scandale, pardon, du logement en France... Alors,
tandis qu’ils attendent fébrilement l’arrivée des flics, qui ne manqueront sans doute pas de venir les déloger de leur petit paradis, on se compte... En effet, si l’on en croit les chiffres de la fondation Abbé Pierre, il y aurait environ 3 millions de personnes avec des problèmes de logement dans notre beau pays, dont 86.000 SDF... Ramenés à l’échelle du département, cela représenterait, selon des calculs très pointus que j’ai établis à l’aide de ma petite calculatrice, environ 700 personnes sans logis en Indre-et-Loire... Et il va de soit que sont exclus de ces calculs les mal-logés et autre précaires... Les différentes assos s’accordent à comptabiliser 4000 logements vacants à Tours, la mairie, qui entre parenthèses s’enorgueillit de 36 pour cent de logements sociaux, n’en n’annonce quant à elle QUE 2000... Ah, 2000 tout de même... Mais alors, quid de la loi de réquisition de ces fameux logements vacants ?
A contrario, rassurez-vous, si vous n’êtes pas dans la galère, si vous appartenez aux classes moyennes, vous ne serez probablement pas trop dans la peine pour trouver un logement à Tours... Un ami à moi, appelons-le Benoit, par exemple, vit dans un logement social dans l’agglomération tourangelle. Il bénéficie d’un salaire relativement confortable de 1500 euros nets, et souhaite déménager, pour des raisons qui lui sont propres... Il fait une demande de logement auprès de l’Opac, qui, dans les deux semaines qui suivent, lui propose de choisir entre pas moins de 4 appartements, tous situés en centre-ville... Un Rmiste bénéficierait-il de la même mansuétude ?
Heureusement, pour pas que les classes moyennes soient en reste, il existe tout de même une solution alternative, les logements privés, et leurs loyers exorbitants. Ou comment, encore une fois, engraisser les bourgeois !
D.G.