RÉFLEXION MILITANTE 10 ans après Seattle...
Beaucoup de choses se sont passées depuis que des milliers d’activistes ont sérieusement perturbé le sommet de l’OMC à l’automne 1999. Nous n’oublions pas la fusillade de Gotheborg, l’assassinat de Carlo Giuliani et les nombreuSESx blesséEs et emprisonnéEs, ainsi que les moments de solidarité, les processus politiques partagés et la résistance collective.
Dans le cadre des mobilisations de contre-sommets, des alliances et des réseaux ont réussis à rassembler plusieurs courants politiques, mais souvent, ils ont disparu aussi rapidement qu’ils étaient apparus. La participation à des contre-sommets semble être devenue une habitude, permettant principalement de se rencontrer et de solidifier nos réseaux. Mais au-delà de l’événement lui même, comment encrer les protestations contre les sommets dans les mouvement sociaux et les luttes quotidiennes ?
Nous constatons que la dynamique des contre-sommets semble s’essouffler, les critiques et les frustrations se multiplient. Qu’est ce que l’on veut/peut faire dans ce contexte ? Nous ressentons le besoin de faire le point sur ce qui nous fait poursuivre les contre-sommets.
Qui sommes nous ?
Nous sommes issuEs de la sphère des groupes Dissent existant ou ayant existé dans différents pays d’Europe. Nous nous sommes rencontréEs pour construire une structure commune, partager des pensées, des astuces, des expériences, pour développer des perspectives, proposer des stratégies politiques et être ainsi capables d’agir ensemble. C’est une tentative de créer un processus continu de discussion qui ne soit pas déterminé par un rythme extérieur imposé par l’agenda des sommets des dominantEs. Dans ce but, nous voulons démarrer une série de rencontres, de discussions.
Nous n’avons pas comme idée un bavardage stérile ou une réunion d’ancienNEs combattantEs mais une approche pratique dans le but de favoriser les résistances futures et la mise en réseau au niveau local et international. De telles rencontres se sont déjà tenues à Paris et à Fribourg.
Nous voulons prendre le temps d’analyser la situation, prendre du recul pour savoir ce que l’on veut faire ? Où en est-on avec les contre-sommets et la contestation globale ? Que veut-on garder des contre-sommets classiques ? Qu’a-t-on besoin de modifier, améliorer, changer ou supprimer… ?
« Réflexion militante »
Nous proposons des rencontres pour préciser et approfondir la réflexion politique autour des contre-sommets. Dans différentes villes et pays, des rencontres seront organisées. Après une courte introduction et une présentation de ce qui a été discuté lors des réunions précédentes, nous pourrons décider ensemble des sujets que nous voulons aborder. Quelques idées en vrac :
* Quels liens entre les contre-sommets et nos luttes ?
* Quelle préparation des contre-sommets ? Comment impliquer plus de monde à cette préparation ?
* Sous quelles conditions cela a-t-il du sens de coopérer avec des organisations réformistes, des ONGs, des syndicats, ainsi qu’avec des organisations de gauche ayant une structure hiérarchique ? Comment dans de telles « alliances », des prises de décision et une organisation non hiérarchique peuvent être initiées ou renforcées ?
* Quelles attentes nous avons par rapport aux contre-sommets ? Quels résultats réels ? Comment éviter l’instrumentalisation de nos protestations par les gouvernements et par l’extrême droite ?
* Comment voulons-nous gérer les questions de genre dans nos « alliances », villages et actions ? Comment combattre le sexisme à l’intérieur et à l’extérieur de nos structures ?
* Villages : à continuer ? La mise en pratique de l’autogestion est-elle un but ? Quel est notre impact politique sur ce point ? Un espace d’échanges et de pratiques d’autogestion ou une base de départ vers les actions ? Comment éviter l’encerclement et le contrôle des militantEs ?
* Actions : Quels liens entre les différents types d’actions ? Comment se renouveler, surprendre ? Comment mettre en pratique la complémentarité des tactiques ? Peut-on/veut-on bloquer ou perturber le sommet ? Doit-on se soumettre à leurs contraintes géographiques et temporelles ou choisir nos propres terrains et moments d’action ?
* Diffusion de nos idées : comment nos critiques et perspectives radicales peuvent être diffusées sans être altérées ? Comment porter une parole commune ? Comment se positionner par rapport aux médias, entre la conférence de presse à tout va et ne pas parler aux médias ? Quels types de médias pour quelle communication ?
Cette énumération n’est pas un ordre du jour, mais juste quelques exemples. Nous espérons publier sur internet des comptes-rendus de ces rencontres (pour le moment sur www.dissent.fr et www.gipfelsoli.org et en différentes langues). Sur ces sites web, peuvent également être envoyés des bilans et propositions.
Nous souhaitons organiser en mars / avril 2010 une réunion internationale où ces discussions seront reprises afin de discuter d’actions futures.
Dissent ! Paris