Comme pour le lancement, le secret était bien gardé mais la détonante équipée de « Siné Hebdo » s’achève, faute d’argent. Les 37.000 fidèles, abonnés et acheteurs en kiosque confondus, ne suffisent pas quand il en aurait fallu 43.000 pour parvenir à l’équilibre. De l’impression sur un papier moins cher à la réduction salariale et collective, tout ce qui pouvait l’être a été tenté.
« Le plus dur a été de prendre la décision, commente Catherine Sinet, rédactrice en chef, la femme de Bob Sinet alias Siné. On a tenu bon tant qu’on a pu, en faisant un journal qu’on aimait et qui nous paraissait digne et drôle. On préfère fermer dignement, comme on a commencé. » La sentence est tombée jeudi soir. Pour Siné et son équipe, il s’agit de prévenir une faillite qui aurait été inéluctable, et de s’épargner ainsi l’humiliation du bal des redresseurs judiciaires et autres mandataires de justice.
Un S.O.S. lancé par Siné dans les colonnes de l’hebdomadaire le 10 mars dernier a entraîné un afflux de nouveaux abonnements - plus de 300 mais il en aurait fallu 6.000 - et de multiples dons : 37.000 euros, lesquels vont permettre au journal de tenir encore un mois. Le dernier numéro est prévu pour le 28 avril. Ce numéro, annonce la rédaction, « fera l’objet d’un enterrement joyeux lors de la manif du 1er mai ou tout l’équipe de "Siné Hebdo" vendra ce collector en fanfare. » Lancé le 10 septembre 2008, peu après la polémique autour du licenciement de Siné par Philippe Val et accueilli de ce fait comme un « contre Charlie », l’hebdomadaire, aura vécu un an et demi - sauf rebondissement inespéré lui permettant de reprendre souffle et vie.
Anne Crignon