Elle a osé, la royale Ségolène, tenter de s’approprier le bien commun, celui des universités populaires fondées à l’aube du XXe siècle et largement soutenues par les Bourses du travail et les anarchistes, entre autres militants du temps. Afin d’en devenir propriétaire, elle, la royale, a déposé à l’INPI (Institut national de la propriété industrielle) plusieurs termes, dont « Université populaire », « Université populaire participative », « Fête de la fraternité », mais aussi « Ordre juste » – on imagine déjà le programme ! Devant le tollé, elle aurait renoncé à privatiser « Université populaire » qui, de fait, relève du droit et du bien communs. Reste que la tentative dénote un état d’esprit des plus malsains et des plus mercantiles. « Université populaire participative » ne veut rien dire. Qui en effet peut imaginer une université populaire sans participation ? Si cela existe, ça s’appelle un sermon ou un meeting du Front national ! Si « Ordre juste » est digne de la fille d’un général, le sabre dans une main et le goupillon dans l’autre, il en va tout autrement des universités populaires et de la fête de la Fraternité. Il s’agit d’un rapt conceptuel qui ne vise qu’à vider les mots de leurs sens ou, pire encore, d’en interdire l’utilisation sous peine de procès. On pouvait s’attendre à tout des politicards, mais là, les bornes sont dépassées…
La royale et son association Désir d’avenir n’étaient plus à un coup de pub près, car tout est bon pour alimenter la patouille électorale. Alors qu’elle garde ses universités populaires participatives et son désordre juste. Elle peut même déposer à l’INPI les termes de « Parti socialiste » et de « Trahison social-démocrate », on s’en fout. Pour les universités populaires, on les défendra car elles sont une « propriété collective » inaliénable. J’ai d’ailleurs, à cette fin, déposé au Saint-Siège le mouvement « Touche pas à nos UP ! ».
Hugues Lenoir