Demain Le Grand Soir
NI DIEU, NI MAITRE, NI CHARLIE !

Le Site de Demain le Grand Soir est issu de l’émission hebdomadaire sur "Radio Béton", qui fut par le passé d’informations et de débats libertaires. L’émission s’étant désormais autonomisée (inféodé à un attelage populiste UCL37 (tendance beaufs-misogynes-virilistes-alcooliques)/gilets jaunes/sociaux-démocrates ) et, malgré la demande des anciens adhérent-es de l’association, a conservé et usurpé le nom DLGS. Heureusement, le site continue son chemin libertaire...

Le site a été attaqué et détruit par des pirates les 29 et 30 septembre 2014 au lendemain de la publication de l’avis de dissolution du groupe fasciste "Vox Populi".

Il renaît ce mardi 27 octobre 2014 de ses cendres.

" En devenant anarchistes, nous déclarons la guerre à tout ce flot de tromperie, de ruse, d’exploitation, de dépravation, de vice, d’inégalité en un mot - qu’elles ont déversé dans les coeurs de nous tous. Nous déclarons la guerre à leur manière d’agir, à leur manière de penser. Le gouverné, le trompé, l’exploité, et ainsi de suite, blessent avant tout nos sentiments d’égalité.
(....)Une fois que tu auras vu une iniquité et que tu l’auras comprise - une iniquité dans la vie, un mensonge dans la science, ou une souffrance imposée par un autre -, révolte-toi contre l’iniquité, contre le mensonge et l’injustice. Lutte ! La lutte c’est la vie d’autant plus intense que la lutte sera plus vive. Et alors tu auras vécu, et pour quelques heures de cette vie tu ne donneras pas des années de végétation dans la pourriture du marais. "

Piotr Kropotkine -

Il est frappant de constater que ces nationalistes aux allures anarchistes utilisent constamment des arguments émotionnels. On décrit abondamment les souffrances de la population ukrainienne et les destins individuels tragiques de soldats (peut-être aussi de soldates, jusqu’à présent nous n’avons entendu ou lu que des rapports sur des soldats de sexe masculin) tombés au combat, qui auraient été anarchistes à un moment ou à un autre de leur vie, mais tout cela est difficile à vérifier et ne joue en fait aucun rôle. Le fait est plutôt que l’on décrit ici la terrible réalité de la guerre, de toutes les guerres. On pourrait certainement trouver des récits tragiques de soldats russes morts au combat, qui se sont engagés en raison de leur pauvreté, ou d’habitants d’Ukraine d’origine russe (qui, selon certaines personnes, n’existeraient pas, même si le gouvernement ukrainien comptait encore 17,2% de Russes dans la population totale en 20011 – soit il s’agit simplement d’une ignorance inquiétante ou d’une méconnaissance des faits, soit ces sources pourraient également être qualifiées de propagande et de désinformation russes ?), qui ont été massacrés, torturés et tués en tant que prétendus espions et collaborateurs. Leurs vies ont-elles moins de valeur ? Ou bien commençons-nous à compter les morts dans les guerres et quel camp en compte le plus, c’est-à-dire le camp des bons, celui qui mérite d’être soutenu ? Et veulent-ils sérieusement nous faire croire que l’armée ukrainienne est la seule armée au monde à n’être composée que d’hommes et de femmes irréprochables ? Au moins en ce qui concerne la brigade Azov, ils ne semblent pas nier son orientation fasciste, mais la relativiser, et leurs camps d’entraînement étaient les seuls auxquels on pouvait accéder facilement, ce qui fait d’eux des camarades tout à fait corrects avec lesquels on peut combattre côte à côte. Après tout, ils ont les mêmes objectifs nationalistes et, comme dans tout nationalisme, il faut bien sûr dénigrer l’autre nation, en l’occurrence l’agresseur « fasciste » qu’est la Russie, et donc, dans la foulée, tous les Russes. Voilà pour la solidarité que ces gens revendiquent haut et fort, mais qui s’arrête aux frontières nationales. Et le fait de passer sous silence voire de nier la présence des fascistes au sein du gouvernement ukrainien parle aussi de soit…

En outre, l’accent est mis sur la cruauté des soldats russes, qui ne sont que des assassins sans scrupules, des sadiques et des fascistes dont le seul objectif est de tuer tous les Ukrainiens. Ainsi, il n’y aurait pas d’enrôlement forcé en Russie, car ce n’est pas nécessaire, les soldats russes partant tous volontairement à la guerre parce qu’ils sont payés pour cela. Puisque ces « anarchistes » autoproclamés ne semblent pas encore en avoir pris conscience, et juste pour clarifier les choses : la plupart des gens exercent le métier répugnant de soldat parce qu’il y a du fric à la clé. Il n’est pas nécessaire d’être professeur de linguistique pour comprendre que le mot soldat est dérivé de solde (lui-même dérivé de solidus, une pièce de monnaie byzantine) et que solde est simplement un autre mot pour désigner le paiement ou la rémunération d’un service particulier. La désignation de la profession à elle seule signifie donc que quelqu’un fait quelque chose pour lequel il ou elle reçoit de l’argent. Et le fait que dans toutes les armées, ce sont surtout les couches sociales les plus pauvres qui, ne voyant pas d’autre possibilité de gagner de l’argent de manière légale, forment une grande partie des simples soldats, ceux qui sont les premiers à mourir, devrait nous faire remarquer que l’on ne peut parler ici de volontariat que dans une certaine mesure. Le fait que l’armée russe recrute également parmi les migrants qui espèrent améliorer leur statut de séjour ou obtenir la nationalité, et parmi les taulards, ce qui est également le cas dans l’armée ukrainienne, joue également un rôle non négligeable dans cette question.

Et dans tout cela, il semble qu’il ne s’agisse pas du tout de soulager la souffrance des personnes dans les zones de guerre, comme ils aiment habituellement à le prétendre. Si c’était le cas, ils devraient logiquement exiger des bataillons de soutien anarchistes pour toutes les zones de guerre dans le monde, car nous devrions être solidaires de toutes les personnes opprimées, notamment de celles qui souffrent directement des guerres barbares du capital. Mais non, pour eux, seule la souffrance du camp ukrainien compte. Cela devient particulièrement absurde lorsqu’on admet par ailleurs qu’entre-temps cette guerre ne peut probablement plus être gagnée par l’Ukraine et qu’il y a de plus en plus d’opposition au recrutement du côté ukrainien (car bien que les Ukrainiens partent tous, paraît-il, volontairement à la guerre pour la liberté, il y a malgré tout un recrutement forcé et une résistance en contrepartie à son encontre), mais que pour leur part tous les « anarchistes » en Ukraine sont fermement convaincus qu’il faut continuer à se battre maintenant, car si la Russie gagnait cette guerre, cela signifierait la mort du mouvement anarchiste dans la région. Nous rejetons cette logique qui consiste à dire que la destruction est imminente de toute façon et que c’est pour cela que l’on soutient maintenant une sorte d’action suicide qui ne fera que tuer des gens et leur faire perdre leurs enfants, leurs parents et leurs amis. Car la fin de mouvements anarchistes dans certaines régions s’est déjà produite plusieurs fois dans l’histoire et n’est ni un phénomène nouveau ni une disparition totale ; dans de tels cas, ces mouvements doivent alors être reconstruits, comme cela s’est toujours produit dans l’histoire. L’humanité à laquelle ils font appel et qu’ils exigent des anarchistes du monde entier, surtout sous forme de dons d’argent, ils ne la montrent que de manière très sélective, les soldats russes, transformés en assassins et meurtriers par le capitalisme, ne leur semblent pas dignes d’humanité, leur mort est insignifiante. Les Russes auraient toujours détesté les Ukrainiens depuis des siècles… Parfois, même nous, étonnés par tant d’indifférenciation dans la pensée, ne savons plus quoi écrire à ce sujet.

Le 1er mai 2023 à Dresde, on pouvait notamment entendre ce qui suit : « Nous devrions appeler la population ukrainienne à s’armer jusqu’aux dents pour que des milliers de balles soient tirées de chaque fenêtre ou de chaque porte contre les occupants et leurs collaborateurs. Si beaucoup en Occident ne sont pas prêts à se battre pour la liberté – qu’il en soit ainsi, mais soutenir au moins ceux qui sont prêts à le faire est un devoir qui repose sur les épaules de tous dans ce que l’on appelle le premier monde. »2 Et après ce cri de guerre martial, que nous avons déjà trop souvent entendu de cette manière et sous une forme similaire de la part des bellicistes en tout temps et en tous lieux dans ce monde, sont-ils vraiment encore étonnés que nous écrivions qu’ils soutiennent la guerre ? Et quelle utilisation vide de sens et à des fins purement agitatrices de la notion de liberté. Pour quelle liberté se battent-ils ? La liberté capitaliste ? La liberté de mourir pour l’oppresseur apparemment plus bienveillant, plus humain, voire plus « anarchiste », pour pousser à l’extrême l’appauvrissement des concepts ? Pour cela, ils veulent tuer, en admettant que les milliers de balles atteignent aussi, des « collaborateurs » et des « occupants ». Qui est considéré comme un collaborateur ? Les personnes qui désertent, qui se soustraient au recrutement ? Toutes les personnes qui ne soutiennent pas l’Ukraine ? La composante nationaliste suinte ici une fois de plus du mot « occupant ». Mais comme les actions n’ont pas d’importance, mais seulement les appellations, ils peuvent prétendre qu’ils ne sont pas nationalistes parce qu’ils ne se nomment pas ainsi. Et le tout est accompagné de bannières et de slogans qui sentent sacrément la gloire et l’honneur des morts et le culte des martyrs.

Nous ne savons toujours pas pourquoi ils pensent que soutenir un camp dans une guerre entre deux États capitalistes ou défendre sa patrie, quelle qu’elle soit, a quelque chose à voir avec l’anarchisme. Le prolétariat n’a pas de patrie, et encore moins une patrie qu’il devrait défendre contre un autre État-nation. Dans l’article susmentionné, nous ne trouvons pas non plus de réponse à la question qu’ils ont eux-mêmes formulée : « ABC-Belarus soutient-elle la guerre en Ukraine ? », il n’est question que de l’ignorance avec laquelle ils sont traités et du fait que la situation particulière, l’histoire régionale et les conditions ne sont soi-disant pas suffisamment prises en compte dans les analyses. Mais quelles sont ces particularités qui les amènent à penser que c’est une sorte de « devoir anarchiste » de soutenir l’Ukraine dans cette guerre, ils n’en parlent pas. Et comment se fait-il que tous ces « anarchistes » soient devenus si soudainement des patriotes épanouis, du jour au lendemain ? Nous ne le savons pas et nous n’avons pas de réponse à cette question, mais peu importe comment ou pourquoi cela a pu se produire. Ce qui est beaucoup plus important et inquiétant, c’est que cela se soit produit et que cela se produise maintenant. Car on ne pourrait plus faire confiance à tous les autres groupes anarchistes et révolutionnaires en Ukraine et en Europe de l’Est qui ont un autre point de vue et une autre attitude que ces partisans de la guerre qui brandissent le sabre. C’est difficile à vérifier, mais dans certains cas au moins, tout cela nous semble plus relever de la diffamation et de la dénonciation (doivent-ils tous être abattus ?) que d’indications et de conseils sérieux. D’autant plus qu’entre-temps, certaines choses publiées par ces groupes ont été reprises ou confirmées par les militaristes « anarchistes »… Nous ne voulons même pas nous attarder sur l’argument selon lequel on mise désormais sur le fait qu’un potentiel révolutionnaire sommeille dans l’armée, comme l’a montré l’histoire avec la formation de conseils de soldats. Il nous semble illusoire de penser qu’une poignée d’anarchistes puisse réveiller ce potentiel, pour autant qu’il existe, et cette illusion est même dangereuse si nous considérons le prix à payer. Nous voulons juste rappeler brièvement quels étaient les objectifs de ces conseils de soldats historiques, à savoir mettre fin à la guerre et à la paix capitalistes de manière révolutionnaire et non pas faire la guerre de manière autoorganisée du côté d’un État-nation et y laisser sa peau.

Pour nous, anarchistes, toutes les guerres sont des guerres capitalistes et des guerres du capital. La seule chose que les guerres produisent, ce sont des perdants, des morts, de la misère et un tas de profits dans les poches des capitalistes. Il faut combattre à la fois la guerre capitaliste et la paix capitaliste, car les deux ne sont que les deux faces d’une même médaille. Car pour quoi ces guerriers « anarchistes » veulent-ils se battre en Ukraine ? Défendre l’état normal capitaliste parce qu’il est tellement mieux d’être exploité et opprimé par des Ukrainiens que par des personnes qui se considèrent comme des Russes ? Nous disons clairement non, ce n’est pas pour cela que nous nous battons, et si d’autres veulent le faire parce qu’ils pensent que c’est juste, qu’ils le fassent, mais nous ne les soutiendrons pas ou ne leur offrirons pas de plateforme, car ils agissent à l’encontre des principes anarchistes fondamentaux. Car le conflit n’est pas entre la droite et la gauche, mais entre « pour l’Etat » et « contre l’Etat » et, en tant qu’anarchistes, nous savons très bien de quel côté nous sommes. Cela ne fait pas de nous des idéologues ou des sectaires, comme on nous le reproche si volontiers, mais des défenseurs d’un anarchisme clair et cohérent, qui ne doit pas être dilué par l’appauvrissement des concepts et l’arbitraire, sinon l’anarchisme finira fatalement par perdre toute sa signification et ne disparaîtra pas seulement définitivement dans l’insignifiance, mais prendra justement des formes perverties et des excès tels que nous pouvons les observer dans des groupes comme ABC-Belarus, ABC-Dresde, etc.

Vive la trahison de la patrie !

Pour l’anarchie

Traduction française : Les Amis de la Guerre de Classe

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Sources
Bonjour, Pourriez-vous indiquer vos sources svp, notamment pour les entretiens de Paul Watson (...)

Shinobi
Jadore François Bégaudeau, il est vraiment un hérault de la gauche !

Merci pour la publication...
Voici le lien complet avec tous les textes traduits : https://www.autistici.org/tridnivalka/anarcom-

mais...
mais comment s’en est arrivé là ?! la réputation de l’animateur n’est plus à faire mais tout de même. (...)

CHANGEZ LE GENERIQUE !
Ca fait maintenant des mois que je n’écoute plus l’émission. Entre un animateur en boucle sur ses (...)