
Le symbole se voulait sans ambiguïté. Il a été pris comme tel par une assemblée de délégués Force ouvrière, qui a longuement applaudi, jeudi 9 janvier, Jean-Claude Gaudin, candidat UMP à sa propre succession à la mairie de Marseille.
Le symbole se voulait sans ambiguïté. Il a été pris comme tel par une assemblée de délégués Force ouvrière, qui a longuement applaudi, jeudi 9 janvier, Jean-Claude Gaudin, candidat UMP à sa propre succession à la mairie de Marseille.
En offrant, à la fin d’une cérémonie de vœux aux allures de déclaration d’amour, une « carte d’adhérent d’honneur » à M. Gaudin, la section des Territoriaux du syndicat a clairement fait allégeance au maire sortant, à trois mois des municipales, et onze des prochaines élections professionnelles. « Je sais que l’on va m’accuser de cela, assurait Patrick Rué, le secrétaire général FO à la ville de Marseille, mais j’assume… Jean-Claude Gaudin est un bon patron, tout comme l’est Eugène Caselli à la communauté urbaine. »
« NOUS AVONS TRAVAILLÉ MAIN DANS LA MAIN »
Même s’il promet « un discours identique », mercredi prochain, lors d’une seconde cérémonie en l’honneur de M. Caselli, président de MPM et candidat PS dans le 2e secteur de Marseille, le patron des Territoriaux FO a sidéré plus d’un observateur en présentant, au nom de son organisation, « des vœux de santé, de réussite… voire de consécration » à M. Gaudin. « Je vais m’asseoir… », s’amusait la conseillère municipale UMP Martine Vassal, feignant l’évanouissement devant la débauche d’éloges adressés à son administration, dans une salle d’honneur de la mairie bondée de représentants Force ouvrière.
La cérémonie des vœux au maire est une tradition locale pour FO, organisation majoritaire à la ville (6 500 adhérents et 61 % des voix lors du dernier scrutin) et à la communauté urbaine (MPM). Un rendez-vous qui lui permet de faire passer des messages publics à l’administration.
En 2013, alors que M. Gaudin s’interrogeait encore sur son envie de briguer, à 74 ans, un quatrième mandat, Patrick Rué, fraîchement élu, s’était montré particulièrement virulent à l’encontre du maire. « A l’époque, nous sortions de nombreux conflits, convenait hier M. Rué, mais, depuis, nous avons travaillé main dans la main, et le résultat est là. » « Aucune privatisation de service depuis 1995 », « titularisations des précaires », « Tickets restaurant en hausse », « deux jours de congés en plus pour le personnel des crèches »… Dans son discours, le responsable FO a aligné ce qu’il considère comme des « avancées significatives ».
« UNE CARICATURE DE LA COGESTION »
Mais il a aussi réfuté en bloc les accusations de « favoritisme » portées par un récent rapport de la chambre régionale des comptes, et de « cogestion » évoquée par le candidat socialiste Patrick Mennucci. « Il n’y a qu’un patron à la ville et c’est vous », a lancé Patrick Rué à un Jean-Claude Gaudin ravi, prenant soin, toutefois, de lui offrir un parchemin contenant « un cahier de revendications » pouvant, selon le délégué FO, être « intégrées à [son] programme électoral ».
« Cette cérémonie est une caricature de la cogestion par un pouvoir politique faible et un syndicat omnipotent », a immédiatement déploré le député PS Patrick Mennucci, qui a fait de la « fin du clientélisme » et de « la restauration d’un service public de qualité à la ville de Marseille », deux axes forts de sa campagne. « La remise d’une carte syndicale FO à Jean-Claude Gaudin est la négation des principes qui font le syndicalisme français », a insisté le député-maire du 1er secteur.
D’ici mars, le soutien de Force ouvrière au maire de Marseille pourrait toutefois prendre d’autres formes. Présent à la mairie jeudi, Marc Katramados, secrétaire du syndicat à l’Assistance publique de Marseille (AP-HM), est ainsi pressenti pour rejoindre une des listes Gaudin. « Rien n’est fait, assurait-il hier. Je suis demandeur mais il faut voir ce que l’on me propose. »
Gilles Rof Journaliste au Monde