
Voici ci joint une réponse du mouvement des Tourangeaux contre la loi Travail, suite à l’interview paru en ce jour dans le journal la Nouvelle République de M. Paris, directeur du MEDEF Touraine.
Les Tourangeaux contre la loi travail souhaitent répondre aux déclarations que Claude
Paris a faites à la Nouvelle République dans l'édition publiée ce lundi 30 mai.
M. Paris, vous déclarez déplorer les blocages et considérez la population tourangelle
comme « prise en otage » par ces mêmes blocages. Cet argument, déjà utilisé par Manuel Valls, et abondamment relayé par iTélé et BFM TV, revient à culpabiliser les grévistes et leur faire porter le poids du malaise social, dont vous parlez vous-même plus tard dans cette interview. Ne parlez pas de prise en otage pour un mouvement de grève étendu à plusieurs secteurs : faire grève est un droit et pas un acte terroriste, mais si vous tenez absolument à utiliser cette analogie, ne serait-ce pas le gouvernement qui prend en otage l’ensemble de sa population en utilisant le 49.3 pour couper court à tout débat démocratique ? Vous pourriez, de plus, demander l'avis de familles dont l'un des membres a réellement été pris en otage sur
la question afin de relativiser l’énormité de vos propos.
Vous dites ensuite, M. Paris, que nous vivons une situation extrême depuis le 13
novembre, que les Tourangeaux contre la loi Travail et la mobilisation en général
renforceraient l’extrémité de la situation. Vous ne pouvez pas nous imputer la responsabilité de l’État d’urgence, que nous condamnons, par ailleurs, fermement. Vous dites que les manifestations alourdissent la charge qui pèse déjà sur la police : nous devrions donc ne plus manifester et exprimer une compassion sans bornes pour les forces de police et le gouvernement sous prétexte de cet État d’urgence ?
Vous parlez de climat social délétère : les conditions de travail n’y seraient pas également pour quelque chose ? Les abus de notre gouvernement non plus ?
Vous déclarez ensuite, M. Paris, que « les opposants contre la loi Travail, en
l’occurrence le seul syndicat CGT qui ne représente qu’une infime partie des salariés en France, mènent un bras de fer politique contre le gouvernement et ne se soucient guère des salariés » La CGT n’est pas seule dans ce combat. La CGT ne se soucierait-elle guère des salariés ? Les militants de base de la CGT ne sont-ils pas eux-mêmes des salariés ? Peut-on dire que le gouvernement se soucie des salariés, quand on constate le dédain avec lequel certains de ses représentants s’adressent à la population ? Nous pensons particulièrement à M.Macron selon qui « pour se payer un costard, il faut travailler ».
Vous considérez que les militants contre la loi Travail « mettent en péril ce terreau
indispensable à notre territoire qu’est l’économie locale. » Cette même loi ne mettrait-elle pas en péril les conditions de travail des mêmes acteurs de cette économie locale ?
Pour finir, vous vous exprimez au sujet de la police en disant que c’est « aux forces de l’ordre d’intervenir pour garantir l’essentiel : la liberté d’agir et de penser. » Ne sommes-nous pas en train d’exercer notre liberté d’agir et de penser en bloquant et manifestant ? Avez-vous vu la tournure que prenaient les interventions policières ? Ces gens qui manifestent comptent parmi eux des salariés et futurs salariés : vous souciez-vous d’eux en demandant, finalement, à ce qu’ils soient matraqués, gazés, à ce qu'ils subissent le lancer abusif de grenades de désencerclement et soient interpellés ?
Les Tourangeaux contre la loi Travail condamnent fermement la déclaration
pestilentielle de Claude Paris, exigent le retrait du projet de loi Travail et expriment leur solidarité indéfectible avec les salariés grévistes stigmatisés comme preneurs d’otage ainsi qu’avec toutes les victimes de violences policières.
Le mouvement des Tourangeaux contre la loi Travail