
Voilà 150 ans, jour pour jour, la Loire déchaînée dévastait son bassin, du bec d’Allier à l’Anjou, pour la troisième fois en 20 ans (1846, 1856, 1866) et sans se reproduire depuis. Le val de Tours ne fut pas épargné, la rupture de la digue de Conneuil, à La Ville aux Dames, provoquait, le 28 septembre 1866, la mort du soldat Paul Duvelle, envoyé avec une centaine d’hommes de troupe sur cette levée pour contenir les flots. La ville de Tours échappa néanmoins au pire grâce à la présence salvatrice d’un ouvrage qui avait été considérablement renforcé au lendemain de la précédente catastrophe (1856). Cette digue du Canal, considérée depuis comme l’ultime protection du Val, a été arbitrairement déclassée début 2016 et n’est plus là pour protéger les populations et leurs biens. Cela vaut aussi bien pour les inondations venant d’amont, comme en 1866, que pour celles venant d’aval, protégeant alors Saint Pierre des Corps.
Alors que, depuis un siècle et demi, le Val de Tours se croyait à l’abri, et même « sanctuarisé », les inondations récentes de début juin dernier, quoique modestes, invitent à retrouver la mémoire des catastrophes passées.
L’AQUAVIT vient de publier sur son site une étude de son président, agrégé de Géographie et spécialiste d’hydrologie, tirant les leçons de cette alerte de juin. Elle permet de rappeler que les menaces restent bien présentes, malgré les moyens engagés depuis des siècles, et dernièrement encore. On découvre que les choix faits dans le cadre du Plan Loire Grandeur Nature permettent d’accroître la sécurité tout en contenant les fluctuations du fleuve dans des limites supportables, délaissant les barrages et renforçant digues et déversoirs.
Les inondations de juin montrent cependant des défaillances inquiétantes dans la gestion du système de protection du Val et dans la vision d’avenir. Il est inopportun de baisser la garde, d’opter pour des choix dangereux visant à « sortir d’une approche défensive du risque », « lever les obstacles en milieu urbain » afin de « faciliter le chemin de l’eau » et inonder nos habitations, comme le prône l’Atelier National « Territoires en Mutation exposés aux risques » à l’origine du déclassement de la digue du Canal et de la future création d’un déversoir à Conneuil. Comment peut-on prétendre organiser une « inondation apaisée de l’eau » pour des crues exceptionnelles ?
L’AQUAVIT sera présente au forum des Associations ce week-end des 1er et 2 octobre, à l’Hôtel de Ville de Tours, ce sera l’occasion d’échanger sur la question.
Liens sur le site AQUAVIT :
– Val de Luynes, Val de Tours, les leçons des inondations de juin 2016 :
http://aquavit37.fr/2015digue/juin2016.html
– Ce que dit la « feuille de route » de l’Atelier National :
http://aquavit37.fr/2015digue/route.html
– La digue du Canal : http://aquavit37.fr/2015digue