Demain Le Grand Soir
NI DIEU, NI MAITRE !

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Il renaît ce mardi 27 octobre 2014 de ses cendres.

" En devenant anarchistes, nous déclarons la guerre à tout ce flot de tromperie, de ruse, d’exploitation, de dépravation, de vice, d’inégalité en un mot - qu’elles ont déversé dans les cœurs de nous tous. Nous déclarons la guerre à leur manière d’agir, à leur manière de penser. Le gouverné, le trompé, l’exploité, et ainsi de suite, blessent avant tout nos sentiments d’égalité.
(....)Une fois que tu auras vu une iniquité et que tu l’auras comprise - une iniquité dans la vie, un mensonge dans la science, ou une souffrance imposée par un autre -, révolte-toi contre l’iniquité, contre le mensonge et l’injustice. Lutte ! La lutte c’est la vie d’autant plus intense que la lutte sera plus vive. Et alors tu auras vécu, et pour quelques heures de cette vie tu ne donneras pas des années de végétation dans la pourriture du marais. "

Piotr Kropotkine -

Reinhard Höhn, le général nazi devenu théoricien du management
Article mis en ligne le 15 décembre 2020
dernière modification le 13 décembre 2020

par siksatnam

Ancien juriste, devenu général SS, Reinhard Höhn, est l’un des penseurs les plus influents du management moderne. Son modèle a inspiré des milliers d’entreprises.

“Le modèle de management de Reinhard Höhn a été adopté par des milliers d’entreprises allemandes et encore aujourd’hui sa trace et son héritage demeurent.” Johann Chapoutot, historien spécialiste du nazisme, aborde dans un essai historique paru en janvier 2020 chez Gallimard, Libres d’obéir, le parcours du juriste nazi Reinhard Höhn, devenu l’un des penseurs les plus influents du management moderne. Voici son histoire.

Une "carrière allemande"

Reinhard Höhn a formé l’élite du “miracle économique” allemand d’après-guerre et a influencé de grandes entreprises comme Aldi qui se réclamait de sa méthode jusqu’en 2012. Johann Chapoutot : “Reinhard Höhn est tout à fait emblématique d’une ’carrière allemande’. C’est-à-dire ces gens qui ont prospéré sous la nazisme et qui après quelque temps de discrétion après 1945 on su se recaser grâce à des réseaux de solidarité qui étaient présents partout dans le public comme dans le privé.”

La double carrière de Reinhard Höhn débute à la fin des années 1920. Le mouvement nazi monte en puissance, et recrute une cohorte de jeunes universitaires. Parmi eux, se trouve Reinhard Höhn. Le jeune professeur en droit public intègre ainsi la SD, le service de renseignement de la SS. Johann Chapoutot : “Hitler lui-même qui disait qu’il était content de voir des échelons administratifs s’entretuer parce que de cette lutte entre des agences, des administrations, des directions allait émaner la solution la plus rapide et la plus radicale. Et ça a été théorisé par des gens comme Reinhard Höhn. C’est quelqu’un qui très rapidement estime que l’Etat n’a plus sa place dans le monde nouveau dont accouchent les nazis. Parce que l’Etat est inefficace, trop attaché à la norme, à la règle. Il faut au contraire remplacer cet État par des agences, donc lui il théorise ça, mais c’est ce que font les nazis dès 1933.” Cadre prometteur de la SD et protégé d’Himmler, Reinhard Höhn est nommé général SS en 1944.

Le mythe de la dénazification

Après la défaite allemande, Höhn ne fuit pas comme beaucoup de cadres SS. Il se fait discret avant de bénéficier de la grande loi d’“impunité” d’Adenauer en 1949 qui amnistie 800 000 anciens officiers nazis. Johann Chapoutot : “On a vécu pendant très longtemps sur un mythe : celui de la dénazification. Ce qui est faux et ce qui au fond n’était pas vraiment possible dans la mesure où la pénétration nazie était telle qu’il était difficile de s’en débarrasser totalement.”

Dans la toute nouvelle RFA (République fédérale allemande), l’objectif est désormais la lutte contre le communisme. Les anciens nazis sont mis à contribution grâce au soutien du réseau de solidarité qui lie les 6 500 anciens de la SD. Höhn donne des conférences sur l’histoire militaire, sa passion, et se retrouve à travailler pour un think tank patronal. En 1956, il crée une école de commerce sur le modèle américain de la Harvard Business School à Bad Harzburg, en Basse-Saxe.

Libres d’obéir

Reinhard Höhn enseigne dans son école sa théorie du management par “délégation de responsabilité”, également appelée “la méthode de Bad Harzburg”. Il pense l’organisation de l’entreprise sur le modèle de l’armée prussienne du XIXe siècle avec sa “tactique par la mission”. Johann Chapoutot : “Une fois la fin définie, l’objectif défini, le calcul des moyens était laissé à l’appréciation du subordonné. Donc le subordonné était libre d’obéir parce qu’il devait obéir, certes, mais dans la liberté du choix des moyens. Ce qui avait une conséquence : s’il échouait, comme il avait la liberté, il avait la responsabilité, donc ça fait peser sur les échelons inférieurs la responsabilité totale de la réussite et aussi de l’échec de la mission.” L’école de Bad Harzburg forme 700 000 cadres de 2 500 entreprises, comme BMW, Bayer, Opel, Colgate ou Ford, ainsi que l’élite politique de la jeune RFA qui s’appuie sur les écrits de Reinhard Höhn pour créer la Bundeswehr, la nouvelle armée citoyenne allemande, en 1955.

Le passé nazi de Höhn le rattrape dans les années 1970 sous la pression des mouvements étudiants antifascistes et avec l’arrivée au pouvoir des socialistes. En 1972, l’armée allemande rompt son contrat avec l’école de Bad Harzburg.

Entre 1956 et 1995, Reinhard Höhn aura publié une quarantaine d’ouvrages. Certains se sont vendus à des centaines de milliers d’exemplaires comme son best-seller, Le Pain quotidien du management. “Manager de génie”, “enseignant de talent”, “infatigable scientifique”. En 2000, à sa mort, la presse allemande salue la mémoire de Reinhard Höhn : l’ancien général SS devenu l’un des grands cerveaux du management moderne.